Webinaire initié par l'Institut CDG autour de la question Recyclage au maximum. Le procédé est unanimement partagé, mardi, par l'ensemble des intervenants au webinaire «Interroger le modèle national de gestion des déchets à l'aune de l'urgence et des opportunités économiques» initié par l'Institut CDG. Selon chaque expert, cette technique est également doublée d'autres. Le tout en s'appuyant tantôt sur des chiffres, tantôt sur des constats voire des expériences du terrain. Ce qui a fait l'intérêt du débat. La moitié des déchets provient des entreprises La moyenne ressort d'une étude de 2018 comme le précise Kenza Elazkem, Porte-parole de l'Association Zero Zbel, qui rappelle dans ce sens un audit des déchets sur les côtes marocaines. «Outre cette moyenne, 85% des déchets sont des plastiques», détaille-t-elle en rappelant que cette étude a porté sur 26 plages. L'intervenante évoque également une autre étude portant sur les rivières où 70% des déchets sont en plastique. «65% de nos déchets ménagers sont de matière organique», ajoute-t-elle en rappelant que 85% des déchets sont collectés et moins de 10% de décharges, parmi environ 300, sont contrôlées et que 18.000 tonnes de déchets y sont versées par jour. De son côté, Hassan Chouaouta, président de l'Association marocaine des experts en gestion de déchets et en environnement, continue sur une lancée de chiffres. «Au Maroc, les déchets ménagers s'estiment à 7 millions. La valorisation est actuellement de 20%. Quant au recyclage, il est fait à seulement 7%», avance-t-il. A son tour, il s'exprime sur une enquête de 2015 sur les récupérateurs qui sont au nombre de 3.400 à 5.000 à Casablanca et 15.000 au niveau national. Quelles solutions alors? «Augmenter le taux de recyclage», estime Badia Lyoussi – professeur (PhD ) Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès. Par l'occasion, elle évoque le problème des déchets dans la région de Fès qui ont fait l'objet de prélèvement. «Nous avons mobilisé des politiciens pour la construction d'une station d'épuration qui a minimisé les dégâts», indique-t-elle en évoquant un projet européen, dans la région, soldé par le développement d'un paradigme de bio-surveillance et de valorisation des déchets outre la plasticulture. Elle ne manque pas de se féliciter également de l'apport de l'agropole de Meknès pour l'olivier et des efforts du ministère de l'agriculture qui appuie fort les groupements d'intérêt économique. A propos des déchets de l'agriculture, elle favorise «la valorisation des grignons». «Il y a un manque de législation en valorisation», enchaîne-t-elle. Elle n'hésite également pas à établir un rapport entre ses activités et le contexte sanitaire. «Nous avons travaillé sur la phoeniciculture pour produire un Khôl bio à base de dattes», exalte-t-elle en appelant à valoriser le patrimoine pour faire profiter les agriculteurs d'une économie circulaire et à se convertir vers le bio et la durabilité. De son côté, Christian Ngô, directeur Edmonium Conseil et ex-membre du CEA, parle, lui, de «réduction des déchets». «Plus on est nombreux, plus on produit des déchets. Avant, les gens n'étaient pas nombreux mais polluaient beaucoup», tempère-t-il. Pour le responsable, qui favorise une «transition écologique» avec des matériaux hyper performants, il faut faire adhérer les individus à des objectifs concernant notamment «les emballages». «Il faut réduire la quantité des déchets en éduquant dès le plus jeune âge», ajoute-t-il en s'exprimant entre-temps sur sa crainte que la pandémie n'appauvrisse beaucoup de gens. A propos des emballages, Mme Elazkem estime qu'il faut «des législations incitant les industriels à les repenser». «Même si on fait le tri, tout est versé dans la même benne. Il faut réduite la production des emballages, faire un tri en bi-flux et décentraliser la gestion des déchets». Sur ce point, M. Chouaouta, qui abonde dans le sens de la production énorme des déchets corrélée au développement grandissant, se veut clair et ferme. «Aucune région n'a de plan de gestion des déchets», tranche-t-il. Quant à l'économie circulaire, il lui préfère celle verte. Certains produits ne pouvant être réutilisés. Concernant la récupération des déchets, il estime que cette activité est «organisée en amont». Dans ce sens, il conduit l'exemple du carton. Et ce n'est pas tout. «Il faut essayer de valoriser au maximum. Le citoyen marocain n'est pas préparé pour faire le tri et l'ère Covid l'a confirmé», martèle-t-il en donnant l'exemple des masques. «De plus, on ne peut pas autofinancer la gestion des déchets à travers le seul recyclage. Le Maroc ne fait pas de taxe sur les déchets», avance-t-il. En tout, il est difficile à son sens de parler de réduction des déchets. «Il faut plutôt éviter de produire des déchets et recycler le maximum. Il faut aussi une volonté politique pour instaurer des écotaxes avec une contribution des industriels outre une conscientisation collective et le contrôle», conclut-il.