Le journaliste Jeffrey Goldberg a été inclus par inadvertance dans une conversation entre, notamment, le vice-président J. D. Vance, le chef de la diplomatie Marco Rubio ou encore le ministre de la défense Pete Hegseth sur la messagerie Signal. Détails. La Maison Blanche a confirmé, lundi 24 mars, que le rédacteur en chef du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, avait été ajouté par inadvertance dans un groupe de discussion ultraconfidentiel de hauts responsables américains sur l'application de messagerie Signal, consacré à ses plans d'attaque au Yémen. Selon The Atlantic, le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz a organisé début mars une conversation textuelle avec dix-huit hauts responsables américains, dont le vice-président J.D. Vance, le ministre de la défense Pete Hegseth, le secrétaire d'Etat Marco Rubio, et le patron de la CIA, John Ratcliffe, afin de discuter des frappes contre les Houthis au Yémen. Dans un long article titré ''Le gouvernement Trump m'a envoyé par erreur ses plans de guerre'', Jeffrey Goldberg relate avoir été invité par inadvertance par Mike Waltz dans ce groupe de discussion "de responsables de la sécurité nationale des Etats-Unis", dans lequel étaient détaillées, le 15 mars, les frappes militaires imminentes contre le groupe rebelle yéménite, "deux heures avant l'explosion des premières bombes". L'information est venue du ministre de la défense en personne, Pete Hegseth, qui a "envoyé par message le plan de guerre à 11 h 44", détaille-t-il. Un plan contenant "des informations précises sur les [...] armes, les cibles et le calendrier". Après les frappes, les responsables se sont félicités du succès de l'opération lors d'une brève discussion, avant que Jeffrey Goldberg ne se retire du canal de discussion, indique la chaîne CNN. La Maison Blanche a admis la fuite, un peu plus tard, reconnaissant que de hauts responsables de l'administration Trump avaient discuté de plans militaires très sensibles en utilisant une application de chat non classifiée qui incluait par erreur un journaliste, rapporte Courrier international. Il s'agit d'"une faille de sécurité extraordinaire", commente le New York Times. Le site d'information Axios rappelle que le Gouvernement américain n'autorise pas l'utilisation de Signal pour transmettre des informations classifiées telles que les détails opérationnels des frappes du 15 mars contre les Houthis. Selon Axios, "certains avocats spécialisés ont suggéré que Mike Waltz avait peut-être violé la loi sur l'espionnage en coordonnant des plans de sécurité nationale d'une manière aussi négligente." Le Washington Post indique de son côté que l'article de The Atlantic, "a rapidement suscité des critiques de la part de l'establishment de la sécurité nationale de Washington". Selon des propos reproduits dans The Atlantic, le numéro deux de la Maison Blanche, J. D. Vance, a estimé que conduire les frappes serait une ''erreur'', car l'opération, en renforçant la sécurité du transport de marchandises en mer Rouge, bénéficierait surtout aux Européens. ''Si tu penses qu'il faut le faire, allons-y. C'est juste que je déteste venir au secours des Européens encore une fois'', écrit ainsi J. D. Vance à l'adresse de Pete Hegseth. Le ministre de la défense répond : ''Je suis complètement d'accord, je déteste le comportement de profiteurs des Européens. C'est PATHETIQUE'', mais il justifie l'opération pour rouvrir les liaisons maritimes. L'opposition démocrate au Congrès a réagi à cette divulgation accidentelle de plans militaires confidentiels à un journaliste par l'administration de Donald Trump. Le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, l'a qualifiée de ''débâcle'', et a appelé à ''une enquête complète'' sur cette fuite. ''C'est l'une des fuites de renseignement militaire les plus stupéfiantes que j'ai lues depuis très, très longtemps'', a tonné Chuck Schumer, cité par Le Monde. ''C'est manifestement illégal et extrêmement dangereux'', a fustigé la sénatrice Elizabeth Warren, dénonçant ''des débutants complets''. ''Ces idiots vont réussir à nous faire tous tuer'', a lancé de son côté Robert Garcia, élu démocrate à la Chambre. ''Dites-moi que c'est une blague'' a écrit, sur X, Hillary Clinton, candidate malheureuse face à Donald Trump à la présidentielle de 2016. Le président des Etats-Unis, de son côté, a déclaré ne ''rien savoir'' de cette divulgation. ''Vous m'en parlez pour la première fois'', a assuré Donald Trump à la presse qui l'interrogeait à la Maison Blanche. ''Je ne suis pas un grand fan de The Atlantic, a ajouté le républicain. C'est un magazine qui va faire faillite'', a-t-il dit.