Le mouvement d'Al Adl Wal Ihssane tente de se ménager une place sur la scène politique nationale pour ne pas se faire doubler par le PJD. Pour cela, deux options sont retenues : la société civile et l'action syndicale. Décidément, tout semble indiquer que le mouvement islamiste Al Adl Wal Ihssane est en train de chercher à se frayer un chemin vers le retour au premier plan de la scène politique nationale. Des tentatives qui démontrent que le mouvement dirigé par Cheikh Abdessalam Yassine s'est rendu compte que la politique d'isolement que sa direction a adopté depuis plusieurs années ne sert aucunement ses intérêts puisqu'il n'a cessé, ces dernières années, de perdre de son supposé poids sur la scène politique marocaine. Cela serait dû, affirment les observateurs, à la cadence d'évolution du Parti de la Justice et du Développement (PJD) qui commence à monopoliser l'action islamiste au Maroc. En effet, le PJD, qui a préféré mener ses activités politiques dans le cadre de la légalité et de la transparence en intégrant la vie politique nationale, a réussi à éclipser Al Adl Wal Ihssane et à s'ériger tant sur la scène internationale que vis-à-vis de l'opinion publique nationale comme étant la première force islamiste marocaine. D'ailleurs, les résultats obtenus par ce parti lors des élections législatives du 27 septembre dernier en témoignent. Ainsi, la direction politique du mouvement d'Al Adl Wal Ihssane serait en train de copier le mode d'action du PJD sans toutefois passer par la légitimité en s'érigeant en parti politique et accepter de participer à la vie démocratique marocaine. Pour ce faire, deux passages semblent être priviligiés par Al Adl Wal Ihssane, à savoir la société civile et l'action syndicale. Rappelons qu'il y a quelques semaines, la fille du dirigeant spirituel du mouvement et son porte-parole, Nadia Yassine, avait tenté de réunir l'ensemble des acteurs de la société civile marocaine dans le domaine de l'action féministe. Elle avait alors invité plusieurs représentants d'associations de défense des droits de la femme à une rencontre et à un débat rassemblant toutes les tendances y compris celles de la gauche radicale. Une rencontre qui a été marquée par un échec total étant donné que la plupart des invités avaient compris l'objectif réel de ce mouvement islamiste et n'avaient pas répondu à l'appel. Ayant subi un revers du côté de la société civile, les adeptes de Cheikh Yassine ont décidé de mener la bataille sur un autre front : celui du syndicalisme, d'où le rapprochement de plus en plus fort avec la Confédération Démocratique du Travail (CDT). Lors d'une rencontre sur l'action syndicale au Maroc, il était clair que le sceptre syndical du mouvement avait réussi à convaincre les dirigeants de la centrale syndicale de les accueillir et de les parrainer. Il s'agirait en fait d'un intérêt mutuel puisque les deux semblent avoir besoin de soutien. Reste à savoir si cette alliance pourrait durer dans le temps. Une question sur laquelle les dirigeants de ce mouvement ont refusé de faire un commentaire dans plusieurs appels téléphoniques de notre rédaction. Il est à noter que la nouvelle vision d'Al Adl Wal Ihssane ne pourrait réussir sans une véritable stratégie de communication, ce qui semble manquer aux dirigeants de ce mouvement.