Le groupe britannique de médias et de services financiers, Reuters, a annoncé 3.000 nouvelles suppressions d'emplois sur trois ans, après avoir fait état de la plus lourde perte annuelle de son histoire et la première depuis son introduction en Bourse en 1984. Reuters a subi en 2002 une perte avant impôts de 493 millions de livres sterling (747 millions d'euros), contre un bénéfice imposable de 158 millions de livres en 2001. Reuters a également annoncé une réduction de près de 20% de ses effectifs, qui passeront de 16.000 personnes actuellement à 13.000 fin 2005, dans le cadre d'une nouvelle stratégie sur trois ans, intitulée "Fast forward" (avance rapide). Le groupe ne précise pas la proportion de journalistes concernés par les réductions d'effectifs prévues. Entre l'éclatement de la "bulle technologique" et l'issue de cette restructuration sévère en 2005, Reuters aura ainsi réduit de 38% ses effectifs, qui atteignaient 21.000 personnes en 2000. Son titre, qui s'échangeait en milieu de journée à 135,75 pence (en baisse de 11,6% par rapport à la veille), a également fondu de 92% depuis son plus haut de 1.620 pence atteint le 6 mars 2000. "En nous concentrant sur ce qui fait la force de Reuters, ses activités de fournisseur d'informations, nous pouvons protéger et accroître nos parts de marché, nous différencier de nos concurrents et revenir aux bénéfices", a commenté le directeur général du groupe, Tom Glocer. Le groupe fondé en 1849 traverse l'une des périodes les plus difficiles de son histoire en raison de la crise du secteur financier, d'où il tire 90% de ses revenus. Reuters fait face à la concurrence accrue de l'américain Bloomberg et du canadien Thomson Financial, alors que les groupes financiers taillent dans le nombre des écrans de leurs salles de marchés pour réduire leurs coûts. Sur l'ensemble de l'année, le chiffre d'affaires du groupe est en baisse de 8% à 3,575 milliards de livres. C'est la filiale américaine de courtage électronique Instinet, dont Reuters détient 63%, qui a le plus pesé sur les revenus, avec une baisse de 31% du chiffre d'affaires sur un an, à 854 ML. Le bénéfice avant impôts et exceptionnels s'établit à 89 ML, en baisse de 71% par rapport à l'année précédente, un chiffre conforme aux attentes des analystes qui tablaient sur un résultat situé entre 65 et 125 ML. Mais le groupe a prévenu que sa situation n'allait pas s'améliorer de sitôt, car le marché s'est encore détérioré en fin d'année. Reuters, qui tablait jusque là sur un chiffre d'affaires en repli de 7 à 9% au 1er semestre 2003, s'attend désormais à une baisse "légèrement supérieure à 9%" de ses revenus au 1er trimestre, et un repli encore supérieur au deuxième trimestre. C'est cette déterioration de ses perspecties pour 2003 qui a le plus inquiété le marché, selon Jonathan Helliwell, analyste à la banque WestLB Panmure. "La baisse du nombre des abonnés est certainement le meilleur indicateur de la pression sur le groupe en 2003", a ajouté cet analyste. Le nombre des abonnements a baissé de 17%, passant de 592.000 fin 2001 à 493.000 un an plus tard. La stratégie "Fast Forward", un plan d'action triennal en cinq points, est destinée à "améliorer la compétitivité dans l'activité centrale d'information financière". Le plan prévoit notamment le recentrage de la distribution de ses produits sur une plateforme technologique unique, la simplification de sa gamme de produits, l'abandon de ses activités de sous-traitance et de conseil technologiques et la réduction des effectifs dans l'administration et les services techniques.