Alors que les populations du monde occidental manifestent contre la guerre en Irak, dans le monde arabe, le mouvement de protestation reste timide et diffus. Une carence de la démocratie. Après une réunion informelle qui a lieu samedi dernier, les travaux de la réunion extraordinaire des ministres arabes des Affaires étrangères, se sont ouverts hier au siège de la Ligue arabe au Caire. Vingt ministres arabes des Affaires étrangères sur un total de 22 participent à cet événement dont Mohamed Benaissa, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, outre les délégués permanents auprès de la Ligue du Sultanat d'Oman et de la Somalie. Cette réunion, convoquée à la demande du Liban, président en exercice du sommet arabe, est consacrée à la crise irakienne et aux moyens d'éviter une éventuelle guerre en Irak. Selon des sources proches de la ligue arabe, les discussions porteront également sur les développements de la question palestinienne et la situation dans les territoires occupés ainsi que sur l'éventuelle relance du processus de paix à la lumière de la nouvelle donne politique en Israël après la réélection d'Ariel Sharon à la tête d'un gouvernement d'extrême droite. Les ministres arabes des Affaires étrangères examineront également les préparatifs et l'ordre du jour du sommet arabe extraordinaire, convoqué par l'Egypte . Selon le ministre palestinien de la Coopération internationale Nabil Chaath, le sommet pourrait se tenir le 22 ou le 28 février. Mais le quotidien gouvernemental égyptien «Al-Ahram» a indiqué dimanche qu'il aurait lieu le 27 février dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh. Lors de cette réunion, qui s'est tenue en présence de représentants de l'Union européenne (UE), les ministres arabes des Affaires étrangères ont proclamé leur refus d'une guerre unilatérale contre l'Irak. «Nous proclamons notre refus clair d'une guerre contre l'Irak et soulignons, la nécessité de favoriser un règlement pacifique», a déclaré le ministre libanais des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, président de la réunion, dans une allocution d'ouverture. Pour la première fois, l'UE, représentée par le ministre grec des Affaires étrangères, Georges Papandréou, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, ainsi que le commissaire européen aux Relations extérieures, Chris Patten, assistent en observateur à une partie de la réunion. La présence des délégués européens reflète le souci des régimes arabes de se concerter avec l'UE et de coordonner leurs efforts avec elle afin de favoriser un règlement pacifique de la crise irakienne et d'éviter une guerre », et explique l'état d'esprit de plusieurs dirigeants arabes qui se trouvent confrontés au dilemme classique entre l'application des exigences américaines et la satisfaction des demandes grandissantes des populations de leur pays. Le soutien de l'Europe s'avère d'une nécessité impérieuse pour l'équilibre politique dans la région. En effet, pour plusieurs observateurs et politologues, seul le monde arabe est resté immuable depuis l'effondrement du mur de Berlin. Les rares manifestations de rue, observées à l'occasion de la solidarité avec l'Irak ou la Palestine n'occultent en rien le fait que l'action politique dans plusieurs pays arabes reste tributaire du bon vouloir des dirigeants particulièrement dans les pays du Golfe où la modernisation se limite à la consommation de certains produits ménagers ou autres biens de luxe. Ainsi, outre l'aspect mercantiliste relatif à la mainmise sur les gisements du pétrole irakien en particulier, et arabe, en général, la donne portant sur l'absence de la démocratie au Moyen-orient justifie, aux yeux de l'administration américaine, les scénarios de guerre contre l'Irak.