Les crimes atroces et particulièrement répulsifs, par leur barbarie et leur sauvagerie, qui peuplent la chronique nationale des faits divers, ces derniers temps, suscitent de grandes interrogations et une sourde inquiétude dans l'opinion publique. Les crimes atroces et particulièrement répulsifs, par leur barbarie et leur sauvagerie, qui peuplent la chronique nationale des faits divers, ces derniers temps, suscitent de grandes interrogations et une sourde inquiétude dans l'opinion publique. Il faut dire que le massacre, extrêmement odieux, d'une famille entière dans la campagne de Chefchaouen, il y a quelques jours, a suscité une vague d'indignation et une grande perplexité dans la population. La sauvagerie qui n'a épargné ni enfants, ni personnes âgées, dans une campagne démunie, est un fait peu banal et ne pouvait aucunement laisser indifférent. Les images relayées par les télévisions de ces cadavres éparpillés dans la boue, de ces haillons ensanglantés, de ces familles hébétées resteront longtemps dans les mémoires. Elles rappellent les images, hélas toujours poignantes, des massacres de familles qui ensanglantent les campagnes de l'Algérie voisine, sous des prétextes qui resteront certainement fallacieux, mais qu'on n'imaginait jamais chez nous. Faut-il se consoler en se disant que le massacre de Chefchaouen est un cas isolé qui n'a rien à voir avec la chaîne de violences et de meurtres organisés qui secouent notre voisin de l'Est ? Que le Très-Haut arrête là le malheur ! comme on dit chez nous pour conjurer le sort. Doit-on, ici, faire un parallèle avec les crimes de plus en plus barbares perpétrés en milieu urbain et péri-urbain, dans lesquels les victimes sont sauvagement dépecées et jetées dans des décharges publiques quand elles ne sont pas, tout simplement laissés à l'abandon et en morceaux ? C'était, il y a quelques mois, l'histoire complètement irréelle de ce marginal de Méknès, Mjinina, qui a décapité son rival en banditisme, et s'en était allé, avec la tête de la victime dans un sac en plastique, pour boire un coup à sa mémoire et mieux consommer le crime. Comme c'est l'histoire qui s'est répétée à au moins quatre reprises, ces dernières semaines à Casablanca, avec la découverte de cadavres mutilés et victimes des sévices les plus sauvages et les plus cruels. Ainsi, on se retrouve à se demander si ces atrocités révèlent une « évolution des mœurs », y compris dans le domaine du crime. Passionnel ici, crapuleux là, motivé par les facteurs habituels dans ce genre de cas, le crime fait partie de la nature humaine et de la vie des sociétés. Leur aspect spectaculaire est davantage amplifié par l'effet grossissant de la couverture médiatique, engagée dans une surenchère racoleuse, scabreuse et exhibitionniste. De là à dire qu'il s'agit d'une recrudescence du crime dans l'absolu, dans les villes et agglomérations marocaines, il y a beaucoup de paramètres qui permettent de relativiser de telles affirmations. Les exemples de ce qui se passe dans des métropoles africaines ou latino-américaines minimiseront beaucoup les taux de criminalité et leur récurrence chez nous. Ceci dit, il y fort à craindre qu'avec la «normalisation» de l'éducation et des loisirs, avec les moyens de communication partagés par tout le monde, avec l'urbanisation débridée et sauvage qui charrie dans ses débordements mille dérives et tous les attributs de la misère humaine, qu'on ne soit pas capable de rattraper rapidement notre « retard » en la matière et d'opérer une certaine « mise à niveau » dans un domaine peu souhaitable !