Dans son rapport annuel publié mardi, Human Rights Watch dresse un sombre bilan de la situation des droits humains dans le monde. Les cas de la Tchétchénie, du Moyen-Orient et des Etats-Unis restent les plus alarmants. Les civils, encore et toujours, continuent de faire les frais de politiques répressives motivées par des conflits mais aussi par des régimes en infraction avec les conventions internationales sur les droits de l'Homme. Ce constat dressé par Human Rights Watch, dans son rapport annuel pour l'année 2002, n'épargne aucune région du monde, même si l'organisme basé à New York souligne quelques situations d'urgence comme le cas du conflit israélo-palestinien. « L'armée israélienne et les groupes armés palestiniens portent tous deux la responsabilité de l'augmentation des pertes en vies humaines en 2002 », estime HWR. Son rapport accuse Israël de tuer des civils palestiniens « sciemment et illégalement » et de les utiliser comme «boucliers humains». Il affirme aussi que parmi les quelque 4.500 détenus palestiniens, adultes et adolescents, nombreux sont ceux qui ont fait état de « mauvais traitements durant leur arrestation et leur interrogatoire ». «L'usage excessif de la force » par Israël et l'interdiction faite aux ONG et aux médias de pénétrer en Cisjordanie durant l'opération « rempart » (mars-avril) illustrent « l'impunité dont jouissent les militaires israéliens », poursuit le rapport. HRW n'en reste pas moins critique devant « l'incapacité » de l'Autorité palestinienne « à stopper les attaques palestiniennes contre les civils israéliens ». Egalement en guerre, la Tchétchénie reste une des régions où les droits de l'Homme sont les plus bafoués, selon l'ONG qui note que « peu de choses ont changé dans la dynamique du conflit tchétchène », depuis 1999. « Les forces russes ont arrêté de nombreux hommes, souvent de manière arbitraire, et pillé les maisons de civils. Les détenus ont été fréquemment torturés, et beaucoup ont par la suite disparu », ajoute HRW. L'organisation, qui dénonce également la détérioration de la situation des déplacés, évoque enfin « un apparent manque de volonté politique » de l'Union européenne sur la question tchétchène, ainsi que la « tendance croissante » des Etats-Unis à soutenir ce que Moscou présente comme une « lutte antiterroriste ». Depuis qu'ils ont lancé leur propre campagne au lendemain des attentats du 11 septembre, les Etats-Unis ont eux aussi « négligé » les droits de l'Homme, ce qui, selon HRW, explique la baisse du soutien international à leur endroit. « Les Etats-Unis sont loin d'être le pays violant le plus les droits de l'Homme mais, dans leur rôle de seule superpuissance, ils affaiblissent cette cause partout dans le monde quand ils prennent à la légère ce sujet », écrit Kenneth Roth, le directeur de l'ONG. Cette dernière appelle par ailleurs à ce que les civils irakiens soient épargnés en cas d'intervention militaire américaine. «Le régime irakien a recours aux détentions arbitraires, à la torture et aux exécutions pour se maintenir au pouvoir», note HRW tout en s'inquiétant «de la tournure que prendra la guerre». Qu'il y ait conflit ou pas, la situation des droits de l'Homme est, de toute façon, en net recul dans le monde, selon le rapport. Une étude qui dénonce notamment une «démocratie toujours étouffée en Syrie» et une « intensification de la répression en Egypte ».