La vague de froid sévit et ravage les récoltes. Qui oserait le nier ? Ce ne sont surtout pas les producteurs des fruits et légumes qui vivent ce phénomène comme un drame. D'aucuns évoquent même le risque d'une pénurie de certains produits agricoles. De l'avis de bon nombre d'agriculteurs, nous sommes bien loin des prévisions optimistes des récoltes agricoles pour cette année. En effet, les dégâts sur plusieurs types de culture sont patents. C'est notamment le cas de la production des fruits et légumes et précisément la banane. Les importateurs agricoles peuvent déjà se frotter les mains devant les bonnes affaires à contracter en matière de tomates, de courgette, d'aubergine, de pomme de terre et de petits pois dont certaines d'entre elles sont les légumes vedettes des plats marocains. Les préparatifs à la pénurie mijotent tranquillement du côté des importateurs pour éviter une éventuelle pénalisation du consommateur marocain. Du côté du ministère de l'Agriculture par contre, aucun chiffre n'est avancé pour l'estimation des dégâts. Toutefois, le sort des agriculteurs quant à lui, continue à baigner dans une grande incertitude. Certaines associations de producteurs à Agadir n'hésitent pas à qualifier leur région de sinistrée. D'autres exhortent au Ministère de tutelle de procéder à l'estimation des dommages. C'est le cas de l'Association des producteurs de bananes du Maroc (APROBA) et l'Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFEL) qui ont appelé à l'évaluation des dégâts que le secteur de la production des fruits et légumes a subis suite à la vague de froid qui sévit actuellement dans le pays. Selon l'APEFEL : «Le Maroc, qui a souscrit depuis le début aux accords du GATT devenu OMC, se doit d'assister ses producteurs à l'instar des pays concurrents d'autant plus que l'agriculture reste pour le Royaume l'épine dorsale de son économie et le soutien social pour plus de 50% de la population du pays». La question insistante qui se pose d'elle-même est la suivante : qui paiera les pots cassés ? Et des pots cassés, tout augure qu'il y en aura et des gros s'il vous plaît ! Si nos agriculteurs ont développé des techniques pour mieux s'adapter à la sécheresse qui est devenue, un fait structurelle, le criquet et le froid demeurent des hôtes de «mauvais» choix. Rares sont ceux qui ont contracté des assurances contre la gelée et le froid excessif. «Au niveau du Crédit Agricole, nous ne commercialisons pas de produit-assurance contre le froid. C'est la Mamda qui met au service de ses clients une assurance contre la gelée. Ce produit est peu diffusé et concerne dans des mesures restreintes les régions montagneuses telles que la région de Khénifra», explique Zouheir Fassi Fihri, directeur général du Crédit Agricole. Ceci étant, nul n'est sans savoir que l'activité agricole au Maroc est surendettée. Les agriculteurs marocains sont donc devant un double défit à relever : des dégâts imprévus qu'ils ont à assumer seuls et des remboursements de crédits sur campagnes agricoles … creuses ! «Pour le moment rien ne présage que les récoltes agricoles pour cette année seront touchées ou détruites à cause du froid», indique le directeur général du Crédit Agricole. Et d'ajouter : «Pour le moment le ministère de tutelle n'a fait aucune déclaration relative aux dommages qu'auraient causé cette vague de froid, encore moins concernant les régions pénalisées. Il est toutefois certain que nous mettrons en place des mesures d'accompagnement dès que le ministère confirmera et évaluera les dégâts». Le ministère est donc appelé plus que jamais à réagir. La situation est trop grave pour attendre..