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Fruits et légumes
Les raisons de la flambée des prix Les professionnels s'attendent à une perturbation du marché de la tomate dans les mois à venir
Publié dans L'opinion le 22 - 03 - 2010

La spéculation, la rareté, fausse ou vraie, les intempéries, les dégâts occasionnés par les récentes inondations des principales régions agricoles dont le Gharb et le Souss et autres, les difficultés d'accès aux champs…. Ce ne sont pas les raisons qui manquent pour expliquer la flambée, ô combien coûteuse en termes du panier de la ménagère, des prix des de fruits et légumes. Et pourtant, la qualité de ces mêmes produits laisse souvent à désirer.
Ce qui n'empêche pas pour autant les producteurs, les négociants, les intermédiaires et l'ensemble des intervenants au niveau de ce segment de s'empresser pour inonder le marché de toutes sortes de produits disponibles. Quitte à faire fi des procédures habituelles en matière de présentation, de lavage et de propreté.
Si pour certains cette course à l'approvisionnement du marché consiste à minimiser, à temps, les dégâts occasionnés par les toutes dernières inondations et gelées ; pour d'autres, il s'agit surtout de tirer profit de l'aubaine. Le marché est « porteur » et jusqu'ici rien, ni personne n'empêcherait le négociant et/ou intermédiaire d'entretenir la « fièvre » des prix.
Si ce n'est le simple consommateur qui, pouvoir d'achat oblige, n'a pour autres alternatives que de minimiser la consommation de certains produits, à l'image de la tomate, des oignons, de l'haricot vert, des petits pois… dont les prix atteignent des proportions qualifiées de déraisonnables. Ceci sans oublier bien entendu que la tomate et l'oignon rentrent dans les principales recettes et mets marocains.
Le commun des mortels s'amuse à répéter, à qui veut l'entendre, que si les choses continuent ainsi, c'est tout le mode de consommation des Marocains qui sera bouleversé. D'autant plus que cette flambée des prix se généralise davantage et couvre l'ensemble du territoire national.
Ce qui prévaut à Rabat ou Casablanca, prévaut aussi à Fès, Agadir, Marrakech ou Béni Mellal…
Déjà pour le mois de février, l'indice des prix à la consommation, tel que relaté par le HCP, affiche une hausse de 0,9 % par rapport au mois précédent. Laquelle hausse est largement attribuable à l'évolution de 2% de l'indice des produits alimentaires dont les légumes et les fruits qui ont progressé respectivement de 17,5 % et 0,5 %.
Au mois de mars, le marché local d'Inezgane consacre la même tendance. Au terme des deux dernières semaines, la caisse de 29 à 30 kg de tomate est cédée à un prix allant de 150 à 300 dh. L'haricot vert filet affiche 8 à 14 dh le kg, l' haricot vert helda entre 7 et 12 dh le kg, le poivron entre 60 et 80 dh la caisse de 12 à 13 kg, le piment fort entre 4 et 7 dh le kg, la courgette entre 100 et 150 dh la caisse de 20 à 24 kg et la concombre de 40 à 60 dh la caisse de 25 à 26 kg.
Samedi dernier, au marché du gros de Témara, la caisse de tomate est cédée à 350 dhs.
Au détail, le prix affiché aux quartiers populaires de Témara se situe à 15 dhs le Kg. Idem pour l'oignon dont le prix au Kg au marché du gros se situe à 8 dhs à condition de se procurer une grande quantité.
Ceci étant, les commentaires vont bon train. Et presque tout le monde s'accorde à dire que s'il pleuve ou non, c'est toujours la même histoire. « A un moment ou à un autre de l'année, il faut bien que les prix montent au ciel et que le simple consommateur s'arrange, chacun à sa manière, pour boucler ses fins de mois.
Et pourtant, il ne s'agit pas de la même histoire.
Cette année, la campagne agricole en particulier et le monde agricole de maniere générale évoluent dans un contexte très particulier. Suites aux intempéries conjuguées aux excédents pluviométriques, dans plusieurs régions agricoles, qualifiées de sinistrées, des champs ont été inondés et des pertes humaines et dégâts matériels ont été enregistrés.
Du coup, de nombreux hectares agricoles travaillés ont été définitivement perdus provoquant ainsi un retard tant au niveau des exportations qu'au niveau de l'approvisionnement normal du marché local.
Il est vrai qu'au niveau de la région du Gharb-Chrarda-Beni-Hssen, le gouvernement avait retenu un plan d'action de 200 millions de dh pour atténuer les effets des inondations causées par les dernières précipitations dont presque la moitié servirait à la reconversion des cultures perdues et au rattrapage au niveau des cultures de printemps. Et ce, à travers la prise en charge de 90 % du prix d'acquisition des semences hybrides de maïs, des semences hybrides et populations certifiées de tournesol et des semences certifiées de riz et 60 % du prix des engrais destinés à ces cultures.
Au niveau du Souss, les agriculteurs et notamment les producteurs et exportateurs de fruits et légumes qui évoquent de gros dégâts dans les fermes d'agrumes et l'apparition de maladies suite à la stagnation des eaux dans les serres, attendent à leur tour un petit geste du gouvernement.
En attendant, ces mêmes producteurs ne se sentent en aucun cas responsables de la flambée actuelle des prix.
Interrogé par L'OPINION sur le niveau des prix des légumes, notamment ceux de la tomate, M. Adberrazak Mouisset, président de l'APEFEL (Association marocaine des producteurs et exportateurs des fruits et légumes) est on ne peut plus clair: suite à ce qui s'est passé au niveau du Gharb, Tadla et Béni Mellal, régions réputées pour leur production de masse de produits dits traditionnels, et suite à aux problèmes des cultures sous serre au niveau du Souss (degré d'humidité élevé, maladies, chute de productivité) , c'est sûr que le marché local enregistrerait un déséquilibre entre l'offre et la demande et générerait, suite au phénomène de rareté, une flambée des prix, et ce, pour deux raisons.
Telles qu'énumérées par M. Mouisset, la première réside dans le fait que le marché à l'export qui, quelque part, servait de caisse de compensation pour le marché local, ne joue plus ce rôle. Les cours étant ce qu'ils sont, le reste est à deviner.
La seconde réside dans le fait que cette flambée est aussi le produit de manœuvres de spéculations de la part de négociants dans la mesure où le prix de cession aux intermédiaires du Kg de la tomate ne dépasse guère les deux dirhams.
Pire, au point où évoluent les choses, le président de l'APEFEL tire la sonnette d'alarme: dans les prochains mois, avril, mai, voire juin, juillet, il est fort probable que le marché local court le risque d'une certaine pénurie dans la mesure où il faut bien beaucoup plus de temps avant que les producteurs traditionnels de la tomate et autres fruits et légumes ne prennent la relève.
Le temps que les terres se débarrassent de l'excédent de l'eau qui les submerge et soient en mesure d'être retravaillées. Aussi faut-il que les conditions climatiques soient favorables et celles de réinstallation des agriculteurs et fellahs soient optimales.
Ceci pour dire que le monde rural, principal pourvoyeur en produits de terroir, a besoin, en ces temps difficiles, d'un minimum de solidarité qui aurait le mérite de le réhabiliter dans son rôle de pourvoyeur d'opportunités d'emploi et de générateur de valeur ajoutée.


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