Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle a ordonné à la chaîne 2M de permettre au Parti de la justice et de développement (PJD) d'exercer son droit de réponse à propos de son implication dans un reportage sur un article du quotidien Attajdid au sujet du Tsunami. Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) vient de rendre publique sa décision sur les plaintes déposées par le Parti de la justice et du développement (PJD) et du quotidien arabophone Attajdid contre la deuxième de télévision publique 2M. La décision a été notifiée aux parties le mardi 1er février après deux semaines d'études des deux plaintes et de la réponse de la direction de la deuxième chaîne, de réflexion et de délibérations. Dans son acte de notification de la décision, le CSCA a d'abord souligné que cette instance a retenu la plainte déposée par le PJD et a rejeté celle émanant du journal Attajdid. Ce rejet est dû à un empêchement juridique étant donné que le dahir portant création de ce Conseil limite la qualité des organismes dont la plainte est recevable par ses instances. En effet, l'article 4 de ce dahir stipule que "le Conseil supérieur de la communication peut recevoir des plaintes émanant des organisations politiques, syndicales ou des associations reconnues d'utilité publique, relatives à des violations, par les organes de communication audiovisuelle, des lois ou règlements applicables au secteur de la communication audiovisuelle". Se basant sur cet article, le CSCA a rejeté la plainte d'Attajdid et a retenu celle du PJD étant donné que le premier ne fait pas partie des organismes ayant la possibilité de solliciter son arbitrage. Sur le fond de la question, le CSCA a été clair et précis dans sa décision en ordonnant à la chaîne 2M de permettre au PJD "d'exercer, par le biais de son représentant légal, son droit de réponse à propos de son implication" dans un reportage de la chaîne sur un article du quotidien Attajdid au sujet du Tsunami. Pour justifier sa décision, cette instance a estimé que "le reportage objet de la plainte comporte, à travers la déclaration de l'une des personnes interviewées, une mise en cause explicite du parti plaignant sans que celui-ci n'ait été sollicité pour exprimer son point de vue au cas où il l'aurait jugé utile". L'interviewé en question, dont la décision du CSCA a omis de citer le nom, n'est autre que Jamal Berraoui, le président de l'Organisation marocaine de lutte contre la haine et le racisme. Ce dernier avait accordé à la chaîne une déclaration dans le cadre du reportage diffusé le 11 janvier 2005 dans laquelle il a été très critique en ce qui concerne la publication par Attajdid d'un article faisant une lecture religieuse de la catastrophe du Tsunami qui a frappé le Sud-Est asiatique. Toutefois, le CSCA a précisé que le PJD a été lésé par la confusion qui a été créée chez le téléspectateur en ce qui concerne les relations entre le PJD et le quotidien Attajdid. Certes, nul n'ignore les relations existant entre ce support médiatique et le parti de Saâd Eddine Othmani, mais, juridiquement, il n'existe aucun lien officiel entre les deux. "En considérant que la mise en relation des propos formulés par le présentateur du programme (NDLR : Tawfiq Debbab) selon lesquels le journal Attajdid serait proche du PJD – abstraction faite de la véracité ou non d'une telle affirmation – avec la déclaration de l'interviewé précité (NDLR : Jamal Berraoui) était de nature à provoquer une confusion préjudiciable au plaignant (PJD) dans la perception du téléspectateur", souligne la décision du CSCA. Il s'agit donc d'une situation de confusion créée à la fois par la présentation faite par le journaliste de 2M et la déclaration du président de l'OMLHR. Or, dans sa lecture de la décision du conseil lors du journal télévisé du mardi 1er février, la chaîne 2M a rejeté toute la responsabilité de la "confusion" sur Jamal Berraoui. Ce qui n'est pas vrai étant donné que le texte du CSCA est clair sur cette question.Par ailleurs, le Parti de la justice et du développement a salué la décision prononcée par le CSCA et a annoncé son intention d'utiliser le droit de réponse que le conseil lui a accordé. Dans un communiqué rendu public mercredi, le PJD considère qu'il s'agit d'une décision juste. "Le PJD, qui salue le courage, la responsabilité et le professionnalisme avec lesquels le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle a géré ce dossier…estime que la décision en question est une victoire du pluralisme, de la démocratie et de la liberté d'expression qui doit régner au sein des médias ce qui ferait du service public dans le domaine de l'audiovisuel un espace impartial au service de la liberté, du pluralisme et de l'intérêt national", indique le communiqué du secrétariat général du PJD. De son côté, la chaîne de télévision 2M a salué, dans un communiqué rendu pubic mercredi, la décision du CSCA. Ainsi, le CSCA vient de passer avec succès sa première épreuve en tant qu'instance nationale d'arbitrage et de réglementation de l'espace audiovisuel national.