Dans plusieurs pays de l'Océan indien, l'heure est à l'enterrement des morts et à l'acheminement des secours et des aides aux survivants des terribles tsunamis. Le bilan ne cesse de s'alourdir au fil des jours. On commence déjà à parler d'un bilan global qui dépasserait les 55 000 morts. Un peu plus de 48 heures après la catastrophe, dont l'étendue reste toujours à préciser, les cadavres gonflés, mutilés et méconnaissables, jonchent les rues et les plages de la région dans un spectacle qui en dit long sur l'impact du séisme le plus dévastateur depuis près d'un demi-siècle. Plus encore, Le tsunami géant est considéré comme le premier à se produire dans l'Océan indien depuis 1883, expliquant peut-être pourquoi les habitants des zones côtières étaient si peu préparés au désastre. Un malheur qui n'est pas près d'être oublié même avec l'aide internationale qui se met en place. Une centaine d'avions chargés de secours d'urgence seraient sur le point de gagner la région comme l'a fait savoir les Nations unies dont un responsable a qualifié le séisme, lundi, de « catastrophe sans précédent». Les institutions internationales, les gouvernements occidentaux et les associations humanitaires ont commencé, dans l'urgence, à se mobiliser eux aussi pour venir en aide aux victimes. Une opération rendue extrêmement complexe par le nombre de pays touchés simultanément par cette catastrophe. Inutile de rappeler que le coût des destructions se chiffrera en milliards de dollars. Du coup, les pressions montent pour la création d'un centre d'alerte aux tsunamis dans l'Océan indien, où les scientifiques avaient repéré les raz-de-marée avant qu'ils ne s'abattent dimanche sur une partie de l'Asie, mais sans pouvoir sonner l'alarme. Le Centre d'alerte des tsunamis du Pacifique et le Centre international d'information sur les tsunamis, tous deux basés à Hawaï, avaient détecté le séisme au large de l'île indonésienne de Sumatra, qui a déclenché les raz-de-marée géants dans l'Océan indien. Ces deux centres ont été mis en place pour fournir des alertes aux pays du Pacifique et ne disposent pas de contacts dans les pays qui se trouvaient sur la route des gigantesques vagues qui ont déferlé en Asie du Sud et du Sud-Est à une vitesse allant jusqu'à 800 km/h. Les scientifiques se sont ainsi retrouvés incapables d'avertir certains pays, qui se sont retrouvés parmi les plus touchés par ces raz-de-marée, qui ont fait des dizaines de milliers de morts de l'Indonésie à la Somalie. Par ailleurs, l'Australie a proposé de contribuer à la mise en place d'un système de surveillance des tsunamis dans l'Océan indien, sur le modèle des centres existant à Hawaï pour le Pacifique. Outre le bilan catastrophique, le séisme a semé la peur même dans les pays qui n'ont pas été atteints comme le Japon par exemple. Il faut dire qu'il y a de quoi. Des centaines de touristes occidentaux ont trouvé la mort sur les plages du Sri Lanka et de la Thaïlande, des villages de pêcheurs ont été pulvérisés, des maisons détruites, l'eau et l'électricité coupées. Ce n'est pas étonnant puisque la secousse sous-marine du dimanche matin accusait 9 degrés de magnitude sur l'échelle ouverte de Richter. Provisoirement, il semblerait que le Sri Lanka est le pays qui a payé le plus lourd tribut (plus de 10.500 morts), avec l'Inde (environ 9.400 morts) et l'Indonésie qui en a signalé environ 5.000 mais on prévoit beaucoup plus. Un millier de personnes ont été tuées en Thaïlande dont 800 touristes étrangers. Mais les tsunamis ont fait des victimes jusqu'en Somalie, à plus de 6.000 kilomètres de l'épicentre. Le Japon, qui dispose d'un des systèmes d'alerte aux raz-de-marée, les plus sophistiqués du monde, a par ailleurs annoncé mardi l'installation en mars à Tokyo d'un centre destiné à mieux alerter ses voisins d'un danger imminent. Ce centre observera l'impact des tremblements de terre de la région Pacifique, de la Sibérie à l'Indonésie, mais il ne couvrira néanmoins pas l'Océan indien. Par ailleurs, il convient de signaler que dans l'ensemble de la région, des sans-abri redoutant une autre vague meurtrière se sont réfugiés dans des édifices publics, des écoles ou des temples sur des terrains surélevés. On signalait un cruel manque d'eau et de fournitures. Et une nouvelle crainte s'est installée dans les lieux : les risques sanitaires. Les grandes agences de secours ont mis en garde contre les risques d'infections liés à la contamination de l'eau par des cadavres. Face aux équipements détruits, aux coupures de courant et aux routes inondées ou bloquées, les secouristes sont choqués par l'ampleur de la catastrophe. Il faut dire que si les organismes de secours ont l'habitude de gérer des sinistres dans un pays, il n'en reste pas moins qu'un tel phénomène, étendu sur autant de pays et d'îles, est sans précédent.