L'ex-président-directeur général de la Banque nationale de développement économique (BNDE), Farid Dellero, a été auditionné, lundi 27 décembre, par le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat. L'accusé ne veut pas tomber seul. Le juge d'instruction près la Cour d'appel de Rabat a auditionné, lundi 27 décembre, Farid Dellero, ex-président-directeur général de la Banque nationale de développement économique (BNDE) dans le cadre de l'instruction préparatoire. Farid Dellero a été mis en cause et poursuivi pour "détournement et dilapidation de deniers publics, abus de pouvoir et complicité". Le mis en cause a été auditionné, dans le cadre de l'enquête préliminaire, lors de sa comparution devant la Cour le 3 juin dernier. Selon une source proche du dossier, relayée par l'agence de presse MAP, un présumé complice du prévenu, (A.B), entrepreneur poursuivi dans le cadre de la même affaire, est toujours en fuite. Cependant, les révélations continuent de tomber. La Banque européenne d'investissement (BEI) a exigé du staff actuel de la banque la reconstitution de ses fonds placés par la BNDE. Afin de répondre à cette exigence, la BNDE a dû faire appel à deux collaborateurs aujourd'hui à la retraite. Une démarche rendue nécessaire et qui tranche avec les pratiques du passé. Un temps où il suffisait d'une intervention directe de l'ex-P-dg, Farid Dellero, pour débloquer un financement donné, sans que le dossier ne soit instruit. Toutefois, le gros des révélations est porté par le rapport de l'Inspection générale des Finances (IGF). Ce rapport a mis à jour les différentes malversations et dilapidations des deniers publics, derrière la faillite, non avouée, de la banque publique. Les inspecteurs des Finances ont défait le système ayant mené la banque droit vers sa faillite. Son ex P-dg, Farid Dellero, est soupçonné d'avoir encouragé ce système de malversations qui favorise, le plus souvent, la spéculation foncière. Le rapport de l'IGF fait ressortir les implications derrière les fausses sociétés immobilières, plus connues sous le label Sociétés civiles immobilières, impliquant notamment l'entrepreneur (A.B) toujours en fuite. Concrètement, un réseau bien structuré, à caractère plutôt familial selon certaines sources internes à la BNDE, autour de la présidence, procédait à l'acquisition de nouvelles entités. Ensuite, une autre transaction portait sur la vente du bien acquis, le plus fréquemment de nouvelles agences, grâce à la précieuse aide des notaires membres du réseau…à la BNDE. Entre le prix de l'acquisition et celui de la rétrocession, les intermédiaires se servaient généreusement…Au détriment de la banque publique ! De l'aveu même d'un ex-haut cadre, les pratiques étaient bien connues, mais les degrés d'implications et de complicités étaient tels qu'aucun membre ne pouvait parler de ces agissements. Pis, les dossiers de crédits accordés sans aucune garantie, sont légion. « J'ai même dû opposer mon veto à la signature de la dernière note d'information au sujet d'une émission obligataire non garantie par l'Etat. Le faire me rendait complice des faux bilans, convenablement validés par l'ensemble de la chaîne: ministère de tutelle, commissaires aux comptes et autorité de contrôle, le CDVM », affirmait un ex-resposnable sous couvert d'anonymat. Les dilapidations et les malversations ont aussi été relevées au niveau des filiales de la BNDE. Banque d'investissement pour le moyen et long termes par excellence, dont la vocation première était de concourir au développement économique du Maroc, notamment par le biais du financement du secteur industriel, la BNDE est à l'origine d'un parc industriel des plus nobles au Maroc. Celluloses, les Ciments du Maroc, Air Liquide Maroc, Carnaud, Péchiney… et autres entreprises florissantes sont toujours utiles pour se trouver des liquidités. Là aussi, le rapport de l'IGF a relevé un nombre important de détournements. La justice est appelée à statuer. Il est cependant, bon de rappeler que le Conseil d'administration de la BNDE, tenu le 6 mars 2003, a confirmé la décision prise par l'Etat et la Caisse de Dépôt et de Gestion, actionnaires majoritaires de cette banque, de " l'éclater " en transférant l'activité de réseau de la BNDE à la Caisse nationale du Crédit Agricole, CNCA, et en adossant le siège de la banque publique à la CDG qui en fera sa banque d'affaires. À cette époque, la BNDE se trouvait en état de faillite et il fallait bien lui élaborer un plan de sauvetage qui ne ruine pas le système bancaire. Ses fonds propres sont passés de 1,25 milliard de dirhams en 2000 à seulement 63,7 millions de dirhams en 2001, suite à un déficit de 1,187 milliard de dirhams et à des provisions passées pour pertes sur créances irrécupérables. Par contre, en si peu de temps, les institutions reprennent vie. Le cas de la filiale BNDE, BMAO, vendue au dirham symbolique et qui dégage, six mois après, des bénéficies, est assurément à méditer!