Un nouveau feuilleton judiciaire qui promet d'être long démarre devant la Cour spéciale de Justice (CSJ) avec la comparution hier devant le juge d'instruction de Farid Dellero. L'ex-président de la non ex- Banque nationale de développement économique (BNDE) de 1994 à 2001 est au centre d'une sombre affaire de détournements et de dilapidation de deniers publics, d'abus de pouvoir et de complicité. Un nouveau feuilleton judiciaire qui promet d'être long démarre devant la Cour spéciale de Justice (CSJ) avec la comparution hier devant le juge d'instruction de Farid Dellero. L'ex-président de la non ex- Banque nationale de développement économique (BNDE) de 1994 à 2001 est au centre d'une sombre affaire de détournements et de dilapidation de deniers publics, d'abus de pouvoir et de complicité. L'intéressé réunit sur lui assez de chefs d'accusation pour qu'il fasse un long séjour à l'ombre. Les mêmes charges que celles qui ont pesé sur les cadres et hauts cadres de certaines banques d'État comme le Crédit immobilier et hôtelier (CIH). On découvre aujourd'hui que cet originaire de Tétouan, 66 ans, gérait moins une banque au sens vrai du terme qu'une caisse noire où se servaient à volonté de manière directe ou indirecte les pontes et les obligés d'un certain système fait de népotisme et de passe-droits. Dans ce Maroc-là, les Dellero et leurs semblables n'étaient en fait que des hommes-lige bombardés patrons d'établissements publics pour servir leurs bienfaiteurs et se servir au passage. Dans cette façon de faire, la compétence est rarement reconnue comme un critère pour accéder aux responsabilités. À la valeur de la compétence, on préférait plutôt celle de l'obéissance. C'est ainsi que des hommes furent placés à des postes-clés non pas pour participer au développement économique du pays mais pour organiser le pillage des deniers publics. M. Dellero n'a pas dérogé à la règle. Il n'est certainement pas le seul responsable de la gabegie financière de l'ex-BNDE. Il n'est pas le seul à avoir profité de sa manne inépuisable. D'autres, plus puissants que lui, ont dû bénéficier de ses largesses. Qui sont-ils ? M. Dellero se résignera-t-il à se glisser dans le personnage docile du lampiste qui portera seul le chapeau des turpitudes de l'institution ou au contraire s'enhardira-t-il à lever un coin de voile sur la chaîne des complicités et des bénéficiaires indus ? En tout cas, ce serait faire preuve d'une démarche sélective que de s'en tenir à la seule responsabilité de M. Dellero. Une chose est sûre : le procès de cette banque remet sérieusement en cause la méthode Jettou : l'élaboration d'un plan de sauvetage de la BNDE en vertu duquel la CNCA a récupéré récemment le réseau d'agences et la CDG la banque d'affaires. Une manière comme une autre de pétrifier les cadavres de la BNDE dans le souci, quitte à faire l'économie d'une reddition des comptes salutaire, d'éviter un nouveau scandale politico-financier. C'est la même recette qui, a été appliquée à la Sodea et Sogeta, deux sociétés agricoles d'État qui sont un modèle de dilapidation des fonds publics. Mais là aussi, sous couvert de restructuration,on passe l'éponge en attendant peut-être l'interpellation des responsables de la gabegie qui a sévi pendant au moins deux décennies dans ces entités. Avec la comparution de Farid Dellero, c'est le procès d'une banque dissoute qui s'ouvre. Un scandale quand même où les stars, pourvu que l'accusé principal se livre au grand déballage, seraient nombreuses.