Quarante-quatre manifestants violemment dispersés au ministère des Finances. Et le gouvernement a l'intention de conclure un partenariat avec la CGEM afin d'insérer les docteurs-chômeurs dans le secteur privé. Les diplômés-chômeurs ont eu, encore une fois, un rendez-vous avec la bastonnade. Ce fut le jeudi 4 novembre au siège du ministère des Finances à Rabat. Des dizaines de docteurs à la recherche d'un poste budgétaire ont été violemment dispersés par les Forces de l'ordre à l'issue d'une réunion qu'ils ont tenue au département de Fathallah Oualalou. Pas moins de 44 manifestants, dont plusieurs femmes, ont été blessés. En fait, à quelques semaines de l'entrée en vigueur de la loi de finances 2005 qui prévoit la création de 7.000 nouveaux postes budgétaires, les diplômés chômeurs ont estimé que le gouvernement n'a pas l'intention de leur donner la priorité en matière de recrutement dans la fonction publique. Dans un communiqué rendu public le même jour, l'union des cadres supérieurs au chômage (UCSC), a estimé que lors de la réunion au ministère des Finances, "à laquelle a également participé le responsable des affaires générales à la wilaya de Rabat, les méthodes de militantisme de l'USCS ont été sévèrement critiquées et incriminées". Les discussions entre les deux parties n'ayant abouti à rien de concret, les diplômés chômeurs ont décidé de surenchérir afin que leur voix soit entendue. L'un des manifestants a tenté de s'immoler par le feu à l'intérieur du ministère des Finances. Le drame a été évité de justesse. Cependant, immédiatement après cet incident, les forces de l'ordre ont procédé à un vaste déploiement dans la capitale surtout devant les sièges des ministères où des diplômés chômeurs observent des sit-in. Aujourd'hui, les autorités restent très vigilantes, surtout que les docteurs au chômage ont promis de ne pas baisser les bras. Contacté par ALM, Driss Guerraoui, conseiller de Driss Jettou, et premier interlocuteur des diplômés-chômeurs, assure que "le gouvernement a un engagement écrit avec cinq groupes de diplômés-chômeurs". Et d'ajouter que 99% de ce programme d'insertion a été réalisé. Il ne reste que quelques diplômés qui seront insérés dans les semaines qui viennent". Par la suite, Driss Guerraoui, assure que la Primature entamera des discussions avec d'autres diplômés-chômeurs "sur la base des postes consacrés à cette opération". En clair, le gouvernement n'a nullement l'intention de fonctionnariser tous les diplômés chômeurs du pays. Le message est clair et c'est qui semble déranger certains jeunes chômeurs qui tiennent absolument à bénéficier d'un poste à la fonction publique. Guerraoui rappelle, à ce titre, que les docteurs au chômage sont aujourd'hui au nombre de 5.600. Les contraintes budgétaires du gouvernement ne permettent pas leur insertion en totalité. "Nous leur proposons souvent des emplois dans le secteur privé, mais ils refusent systématiquement", confie Guerraoui. Par ailleurs, les chefs de file de l'UCSC disent ne plus faire confiance à M. Guerraoui qu'ils accusent de mensonge et de gestion opaque de leur dossier. Le gouvernement est en plein négociation avec la CGEM pour la conclusion d'un partenariat dont le but sera, justement, d'insérer les docteurs au chômage dans la vie active. Ce partenariat d'envergure impliquera également l'ANAPEC et l'OFPPT, car le gouvernement a aussi l'intention de former certains de ces diplômés pour faciliter leur insertion dans les sociétés privées dont l'unique contrainte est la rentabilité.