Abou Nidal, le mythique chef du Fatah-Conseil révolutionnaire, a été retrouvé mort, criblé de balles, dans son appartement à Baghdad. La nouvelle a été confirmée lundi par des sources palestiniennes à Ramallah qui ont requis l'anonymat. De son vrai nom Sabri Al Banna, Abou nidal, 65 ans, a été « trouvé mort dans son appartement, criblé de balles ». Le journal palestinien Al Ayyam avait été le premier à annoncer la mort d'Abou Nidal dans son édition de lundi, en affirmant qu'il était mort il y a trois jours à son domicile, sans autre précisions. Le chargé d'affaires palestinien à Baghad a affirmé ne disposer d'aucune information à ce sujet. Ayant été donné pour mort en 1984, Abou Nidal serait réapparu en Egypte, en 1999, venant de Libye, et y aurait été hospitalisé pour des problèmes cardiaques. Les autorités égyptiennes avaient catégoriquement démenti ces informations. Abou Nidal se serait ensuite rendu en Irak, via l'Iran, mais les autorités irakiennes n'ont jamais confirmé sa présence sur leur territoire. Sabri Al-Banna est né en 1937 à Jaffa, d'où sa famille avait été chassée par la création de l'Etat hébreu en 1948 et s'était installée à Naplouse (Cisjordanie). Membre du Fatah, principale composante de l'OLP, il rompt avec Arafat dès l'amorce de projets de règlement négocié avec Israël et entre en dissidence en 1973. En octobre 1974, alors représentant de l'OLP à Baghdad, il est condamné à mort par contumace par le Fatah pour «détournement de fonds». Abou Nidal, qui s'affirme comme un des leaders du refus, crée le Fatah-CR, qu'il installe à Baghdad. Responsable de nombreux attentats particulièrement sanglants, notamment en Europe entre 1970 et 1985, le groupe d'Abou Nidal figure sur la liste des organisations terroristes dressée par le département d'Etat américain. Abou Nidal, dirigeant de la guérilla palestinienne et adversaire du président Yasser Arafat, était à la tête du Fatah-Conseil révolutionnaire, qui avait quitté l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1974, la jugeant trop modérée. Sa faction est considérée comme responsable de plusieurs attentats contre des cibles proche-orientales, européennes et américaines, qui ont fait plusieurs centaines de morts – dont des responsables de l'OLP. Il a été condamné à mort par contumace par un tribunal militaire du Fatah. Il était une figure légendaire du terrorisme international, responsable de nombreux attentats dans les années 80. Adversaire farouche de Yasser Arafat, et de sa ligne de «capitulation», Si les partisans d'Arafat ont longtemps constitué sa principale cible, Abou Nidal n'a pas limité ses attaques à ses anciens compagnons de lutte : Israéliens, Juifs d'Europe occidentale, Etats arabes modérés, seront également ses cibles en fonction de ses alliances régionales, qui ont balancé alternativement entre l'Irak, la Syrie et la Libye. Au fil des années, les opérations de son groupe ont fait au total quelques 900 victimes, tués et blessés. Les activités de son mouvement visent d'abord les régimes arabes, notamment la Jordanie et la Syrie : attentats contre les hôtels « Sémiramis » et « Intercontinental » à Damas et Amman, contre les ambassades syriennes en Italie et au Pakistan en 1976. Le groupe Abou Nidal revendique ensuite la responsabilité des meurtres de responsables modérés de l'OLP chargés des relations avec la gauche israélienne, notamment ceux d'Ezzedine Kalak à Paris et Saïd Hamami à Londres en 1978, ainsi que celui d'Issam Sartaoui en 1983 au Portugal. Abou Nidal est mis en cause par la France dans l'attentat anti-juif de la rue des Rosiers, qui fait 6 morts et 22 blessés en 1982 à paris. En 1983, après les restrictions imposées par l'Irak, Abou Nidal s'installe à Damas, puis deux ans plus tard dans la plaine de la Bekaa, au Liban. Sa mort est annoncée en 1984. Mais un an plus tard, il dresse, dans une interview à l'hebdomadaire allemand «Der Spiegel», sa propre liste des personnalités à abattre : Ronald Reagan (président américain à l'époque), Margaret Thatcher (ancien chef du gouvernement britannique), et le président égyptien Hosni Moubarak. Son groupe se manifeste à nouveau en revendiquant en décembre 1985 les sanglants attentats contre les comptoirs de la compagnie israélienne «El Al» aux aéroports de Vienne (3 morts) et Rome (15 morts et 100 blessés). En marge d'une réunion du Conseil national palestinien (parlement de l'OLP) en avril 1987 à Alger, à laquelle il ne participe pas, Abou Nidal reprend contact avec l'entourage d'Arafat et assure que désormais «aucun Palestinien ne sera touché» par son mouvement. Mais Abou Iyad, compagnon d'armes d'Arafat, est assassiné en janvier 1991. L'OLP arrête le meurtrier qui avoue avoir agi sur ordre d'Abou Nidal.