Selon Baghdad, Abou Nidal s'est suicidé en se tirant une balle dans la bouche au moment où il devait être emmené pour interrogatoire par les autorités irakiennes. Le chef du service des renseignements irakiens, Taher Jalil Habbouche, a affirmé mercredi qu'Abou Nidal, 65 ans, s'est suicidé quand des membres des services de sécurité se sont présentés à son domicile afin de l'emmener pour interrogatoire après avoir découvert sa présence en Irak. «Il est entré dans une pièce pour se changer et un coup de feu a été entendu. les membres des services de sécurité ont découvert qu'il s'était tiré une balle dans la bouche, qui est sortie de l'arrière du crâne», a affirmé M. Habbouche, sans préciser la date du suicide. «Il est décédé huit heures après à l'hôpital où il a été transporté», a ajouté M. Habbouche, soulignant qu'il s'était servi d'un «Smith et Wesson» pour mettre fin à ses jours. Abou Nidal, de son vrai nom Sabri Al-Banna, était entré « illégalement» en Irak en 1999 en provenance d'Iran avec un faux passeport yéménite, a ajouté le responsable irakien lors d'une conférence de presse. La mort du chef du Fatah-Conseil Révolutionnaire avait été annoncée lundi de source palestinienne à Ramallah et confirmée mardi par le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz qui a aussi affirmé qu'il s'était suicidé. Selon M. Habbouche, les autorités irakiennes avaient été alertées «par un pays arabe frère » dès 1999 de l'entrée d'Abou Nidal sur le territoire irakien. «Il a pu entrer sans être repéré grâce au passeport yéménite car les ressortissants yéménites n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Irak», a-t-il expliqué. «Nous avons enquêté très longtemps avant de découvrir son lieu de résidence, où il s'était installé sous un nom différent de celui figurant sur son passeport», a-t-il poursuivi. M. Habbouche a montré aux journalistes des photos montrant, selon lui, Abou Nidal le visage recouvert de sang après qu'il se fut tiré la balle, ainsi que dans l'unité des soins intensifs. «Nous avons des preuves sur la partie qui le finançait mais pour certaines considérations et en raison de la situation que nous traversons face aux forces du mal, nous nous gardons de dévoiler le nom de ce pays pour le moment», a-t-il ajouté. Selon lui, Abou Nidal était interdit de séjour en Irak depuis 1983, date à laquelle les autorités avaient découvert son implication «dans des activités portant atteinte à la sécurité de l'Irak et à la sécurité nationale arabe». Par ailleurs un ancien membre du groupe Abou Nidal a déclaré que ce dernier avait tenté d'assassiner le président égyptien Hosni Moubarak en 1989, et ce avec l'aide d'un Etat arabe. Cité mercredi par le quotidien Al-Hayat, Atef Abou Bakr qui se présente comme l'ancien porte-parole du Fatah-CR, a précisé que paradoxalement, le même Abou Nidal avait ordonné, alors qu'il se trouvait en résidence surveillée en Egypte, en 1998, l'assassinat d'un islamiste égyptien se trouvant au Yémen. Selon lui, le groupe terroriste avait prévu d'assassiner M. Moubarak alors qu'il assistait à un sommet africain à Addis-Abeba, en 1989. Des membres du groupe devaient entrer dans le centre de conférences en bénéficiant d'indications fournies par un pays arabe, qui n'est pas nommé. Le projet avait été abandonné à la dernière minute, ce pays redoutant les représailles égyptiennes. En 1995, M. Moubarak avait survécu, dans la même capitale éthiopienne, à une embuscade tendue par des islamistes, dans laquelle le Soudan avait été mis en cause.