Le référentiel islamique du PJD fait couler beaucoup d'encre. Si la loi sur les partis interdit la référence à l'Islam, le PJD est face à ce dilemme : changer son discours ou quitter la scène politique ? Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) a organisé, dimanche 19 septembre, un meeting électoral avec les habitants de la ville de Salé, et plus exactement dans le quartier populaire de Lâyayda. Des dizaines de militants du parti, des sympathisants et de simples curieux se sont amassés dans la salle du cinéma El Menzeh. L'objectif premier de cette rencontre a été de présenter les deux candidats du parti qui présideront les deux listes électorales, à Salé-ville et Sala Al Jadida dans le cadre des élections partielles. Il s'agit, respectivement, d'Abdelilah Bnkirane, président du Conseil national du PJD, et Abdelfetah Oukaya, avocat au barreau de Rabat. Rappelons que le Conseil constitutionnel a invalidé le résultat des élections à Salé-ville, obligeant ainsi les quatre députés à se lancer dans une nouvelle campagne électorale. En revanche, à Sala Al Jadida, seul le mandat du député de l'USFP, Seddik Zenibar, a été annulé. Lors de ce meeting, auquel a participé le secrétaire général du parti, Saâd Eddine El Othmani, il a été question, bien évidemment des problèmes propres aux deux villes de Salé, mais ce fut également l'occasion pour les différents intervenants de rappeler les principes et les valeurs politiques du parti, à quelques semaines du grand débat parlementaire sur la loi sur les partis. Sur ce dernier point, Abdelilah Benkirane et Al Moqri Abou Zayd Al Idrissi, député de Casablanca, se sont chargés d'annoncer la couleur. En effet, il serait question dans le cadre de la loi sur les partis politiques d'interdire l'usage de la religion pour tout parti politique. "Ils veulent soit nous dévier de notre voie, soit nous pousser dans l'illégalité", a affirmé Benkirane. Pour sa part, et avec beaucoup plus de ferveur, Abou Zayd a expliqué que "le PJD n'utilise pas la religion à des fins politiques". C'est une référence de l'Etat marocain. "Ceux qui attaquent cette référence islamique veulent nuire à Imarat Al Mouminine", renchérit Abou Zayd. En tout cas, si la loi sur les partis interdit l'usage de la religion dans le discours politique, le PJD risque de sombrer dans l'illégalité. "A ce moment-là, nous reviendrons à l'action associative", menace Benkirane. En d'autres termes, le PJD quittera la scène politique "si toutes les voies sont fermées". Habituellement beaucoup plus diplomate, le secrétaire général, Saâd Eddine El Othmani, n'a pas du tout remis en question l'idée de quitter la politique. Il a même estimé que "les attaques contre le PJD sont toujours d'actualité, car ses adversaires craignent un raz de marée du PJD lors des élections de 2007". Ceci-dit, "nous sommes prêts à faire tous les sacrifices possibles pour notre pays", poursuit Othmani. Le PJD est en train de jouer le tout pour le tout. Ses responsables affirment aujourd'hui que leur parti a été "interdit" de se présenter dans toutes les circonscriptions lors des législatives de septembre 2002. Le PJD ne semble plus revendiquer une place de choix au sein du gouvernement. Ce qui préoccupe le parti, c'est sa survie. "Nous sommes conscients que notre expérience est limitée et que nous sommes incapables de former un gouvernement", assure Benkirane. Mais ce dont il semble être sûr, c'est que le discours royal sur les dangers de l'utilisation de la religion en politique ne les vise absolument pas. "Le PJD insiste certes sur les références islamiques de la société marocaine, mais il n'achète pas les imams des mosquées, à la veille de chaque élection, pour faire bonne figure. En matière de proximité, les responsables du PJD ont souligné qu'ils ont été les premiers à attirer l'attention du ministre de l'Intérieur, par écrit, sur le réseau de Fatiha Jablia qui opérait à Salé. En vain.