Fouzia, 41 ans, se faisait passer pour un procureur du Roi près le tribunal de Settat. Bien qu'ayant déjà purgé une peine de 8 mois de prison, elle a continué à faire des victimes. Ce qui lui a valu 8 nouveaux mois de prison. Casablanca. Préfecture de Hay Hassani-Aïn Chok. Boulevard Abdellah Chefchaouni. Bouchaïb tient une boutique. Il y vend des tissus pour couvre-lits. C'est un commerce qu'il connaît bien et qu'il pratique depuis belle lurette. Il est élégant, galant, courtois et affable. Il a l'air d'un homme qui aime sa clientèle et qui ne pense jamais la perdre, notamment qu'elle se compose des femmes. Dernière semaine d'avril : Bouchaïb est dans sa boutique, attendant un éventuel client. Une femme gare sa voiture de l'autre côté du boulevard, en descend lentement et se dirige vers la boutique. Très élégante, elle a une allure digne et grave. Quand elle arrive devant la boutique de Bouchaïb, celui-ci se lève et l'accueille avec un grand sourire. Elle commence à chercher parmi les couvre-lits. «ça, c'est un bon tissu que les femmes achètent le plus souvent» tente-t-il de l'encourager et de l'inciter à acheter une marque de haute qualité. «Non, non…je veux celui-là. Je crois qu'il est meilleur…», lui répond-elle. «Comme vous voudrez madame, faites votre choix…», lui dit-il avec courtoisie. «Je veux seulement un bon couvre-lits pour le salon de mon appartement parce que je reçois des magistrats et des avocats…», lui affirme-t-elle. Bouchaïb lui demande ce qu'elle fait dans la vie. «Je suis procureur du Roi au tribunal de première instance de Settat…Allez, coupez quarante-cinq mètres de ce tissu», lui répond-elle. Bouchaïb prend sa paire de ciseaux, commence à lui préparer la marchandise. La femme ouvre son sac et lui verse la somme de 1.000 dirhams. Puis elle s'en va pour revenir le lendemain. «Je veux changer 20 mètres du tissu que tu m'as vendu hier» lui demande-t-elle. Bouchaïb accepte et il saisit l'occasion pour lui demander : «ma fille a une affaire qui traîne depuis des mois devant le tribunal de première instance de Berrechid et je vous supplie d'intervenir pour lui faciliter la tâche…». La femme ne manifeste aucun refus, lui donne son numéro de téléphone et lui demande de lui couper 40 mètres d'un tissu de haute qualité. Il emballe la marchandise. Mais au moment de payer elle lui dit : «je n'ai apporté ni l'argent ni mon carnet de chèques…Je vais te payer demain Incha Allah…». Elle part. Le lendemain, le surlendemain…, la femme ne donne aucun signe de vie. Bouchaïb prend son téléphone et compose le numéro qu'elle lui avait donné. «Non, non je suis de Kénitra…», lui répond son interlocuteur. Bouchaïb a vite fait de comprendre qu'il était tombé dans les filets de cette femme. Celle-ci réapparaît à Berrechid. Elle se rend chez Hicham. C'est un jeune aide-marchand de produits alimentaires. Elle l'a séduit avec ses paroles, sa conversation, ses airs. Mais il a ressenti un blocage quand elle lui a dit qu'elle était «procureur du Roi au tribunal de Settat». Elle commence à collecter les produits. Lorsqu'il fait l'addition, la machine à calculer a enregistré 700 dirhams. La femme ouvre son sac, prend son carnet de chèques. Mais Hicham refuse : «Non, madame vous pouvez me payer demain…». Le lendemain, elle revient, lui demande de la marchandise. Et l'argent ? «demain Incha Allah…» le rassure-t-elle. Il lui dresse une facture de 1600 DH. «Tu peux me prêter 700 dirhams ?, je vais te remettre la somme totale -3.000 dirhams - demain…» lui ajoute-elle. «Avec grand plaisir…», répond-t-il. La femme rebrousse chemin. Et les jours passent, elle ne donne aucune signe de vie à Hicham. Celui-ci n'hésite pas à déposer plainte contre elle, à chercher son domicile. Il le trouve et il avise la police. La femme a été arrêtée, conduite au commissariat de police. «je m'appelle Fouzia, mère d'une fille…» déclare-t-elle aux policiers. Elle semble sûre d'elle-même. Elle précise aux enquêteurs: «…C'est vrai, j'ai acheté chez eux des marchandises afin de les payer par la suite, pas plus…C'est une simple transaction commerciale…». Seulement son casier judiciaire a mis la puce à l'oreille des policiers. Elle a déjà purgé, à Casablanca, une peine de huit mois d'emprisonnement ferme pour escroquerie. Fouzia a été présentée devant le tribunal de première instance de Berrechid. Elle a tenté de se disculper. Mais en vain. Le tribunal l'a condamnée à une peine de huit mois de prison ferme assortie d'une amende de 5.000 dirhams. Mais elle a interjeté appel. Car elle clame toujours son innocence…