Un père de famille, repris de justice, demeurant à Marrakech, se faisait passer pour le procureur du Roi près le tribunal de première instance d'Inzegane. Il a été arrêté à Casablanca et a été traduit devant la justice. Une Mercedes 190 de couleur bleue vient de stationner, ce jour de juillet, devant un garage situé au boulevard Al Khalil, à Casablanca-Anfa. Un inspecteur de police du 10ème section judiciaire du district Casablanca-Anfa a lancé un regard vers le conducteur, de taille sportive et très élégant. Il a mis la puce à l'oreille de cet inspecteur de police qui était en mission sur place. À pas lent, il a avancé vers l'automobiliste et lui a demandé ses papiers. L'automobiliste s'est abstenu. Pourquoi ? «Parce que je suis procureur du Roi près le tribunal de première instance d'Inzegane», lui a-t-il répondu. Il lui a remis sa carte d'identité nationale qui porte sa photo d'identité et le nom de Moulay Adil Alaoui Barhil. Mais la loi est la loi. Il ne faut que personne ne la bafoue. « Mais je suis là pour que je veille sur le respect de la loi, tu dois me livrer les papiers de la voiture », lui a expliqué le policier. L'automobiliste s'est énervé et a commencé à le menacer de le mettre en taule. Calmement, l'inspecteur de police lui a expliqué qu'il doit se soumettre à la loi. Et l'automobiliste a continué à insulter et injurier le policier tentant même de le violenter. Informant ses supérieurs, d'autres éléments du 10ème section l'ont rejoint pour conduire l'automobiliste à la préfecture de police du boulevard Zerktouni. Après une simple opération en utilisant le numéro d'immatriculation de la Mercedes 190, à savoir 4998-B-8, il s'est avéré qu'il n'est pas le propriétaire du véhicule. La voiture est déclarée volée à Inzegane depuis octobre 2005. Elle appartient à un certain Saleh demeurant à Agadir. Ce dernier l'a donnée à son fils, qui l'a empruntée pour quelques jours à son ami, Larbi, chauffeur de taxi. Convoqué, ce dernier s'est présenté devant les enquêteurs, accompagné du propriétaire de la voiture et de son fils. Comment le chauffeur de taxi a-t-il perdu la Mercedes 190 de son ami ? «J'étais à bord de mon petit taxi en quête d'un client à travers les boulevards d'Agadir», a-t-il affirmé. Un instant plus tard, il a été hélé par un client qui lui a demandé de l'emmener au tribunal de première instance d'Inzegane. «Je suis procureur du Roi… J'étais au tribunal de première instance de Tétouan…et je viens d'être muté à Inzegane pour remplacer Me Al Baz», lui a expliqué le client qui était très bien habillé. Le chauffeur de taxi l'a conduit à la destination indiqué. Cependant, le client ne lui a pas versé la contrepartie de la course. Mais il lui a demandé de l'attendre pour quelques minutes. Seulement, il n'est sorti qu'une demie-heure plus tard. Le chauffeur du petit taxi n'a pas bougé de sa place d'un iota avant de pousser un soupir de soulagement quand il l'a remarqué sortir du tribunal. En montant dans le taxi, le client a demandé au chauffeur de lui chercher un fkih. Pourquoi ? Il lui a expliqué qu'il est ensorcelé depuis belle lurette par une jeune fille. «Je connais un fkih efficace installé à Tiznit», lui a répondu le chauffeur de taxi. Le client lui demande de l'emmener chez le charlatan en lui proposant une somme de 1500 dirhams. Heureux, le chauffeur de taxi a lancé son véhicule jusqu'à Aït Melloul pour la stationner avant d'emprunter la Mercedes 190 de son ami pour aller à Tiznit. Après avoir rencontré le charlatan, ils ont rebroussé chemin. À mi-chemin, le client a demandé au chauffeur de s'arrêter et d'aller lui chercher une bouteille d'eau minérale. Le chauffeur est descendu de la voiture, pour faire la course. Quand il est retourné c'était le choc. La voiture n'était pas à sa place. Où a-t-elle disparu ? Il a tourné sa tête à gauche et à droite. Le client a disparu avec la Mercedes 190. Une plainte a été déposée. Quand le chauffeur a regardé son client disparu depuis octobre 2005 à bord de la Mercedes, au commissariat de police, il l'a reconnu sur le champ. «C'est lui, c'est lui », a-t-il crié. Et Moulay Adil Alaoui Berhil s'est écroulé. «Je ne suis ni Moulay Adil Alaoui, ni procureur du Roi, ni rien d'autre», a-t-il affirmé. Qui est-il ? Il s'appelle Adil Abghili, né en 1977 à Marrakech, marié et père de deux filles. Ce repris de justice a des antécédents judiciaires pour vol, escroquerie et abus de confiance. Il a déjà purgé quatre peines d'emprisonnement allant de deux à dix-huit mois de prison ferme et une autre à deux mois de prison avec sursis. C'est un escroc qui plumé plusieurs personnes en se faisant passer pour un rocureur du Roi. Fin de l'esbrouffe.