Les caisses marocaines de retraite, publiques ou privées, éprouvent d'énormes difficultés à dégager une rentabilité leur permettant de faire face à leurs engagements à terme. La faillite du système est prévue dans douze ans. Au-delà des problèmes d'organisation et de contrôle, les quatre grandes caisses de retraite au Maroc connaissent de plus en plus de difficultés de rentabilité liées principalement aux rendements des liquidités gérées. Les caisses obligatoires que sont la CNSS, la CMR et la RCAR offrent des régimes de retraites fonctionnant suivant un système de répartition. La CIMR, elle, offre un régime de retraite complémentaire fonctionnant suivant un système mixte capitalisation et répartition. Dans les deux systèmes, les cotisations des contribuables sont placées sur les marchés de capitaux dans des produits financiers, principalement à long terme. Les caisses ont constitué des portefeuilles importants de participations stratégiques dans des entités industrielles, financières ou bancaires, cotées ou non cotées à la bourse de Casablanca. Parallèlement, elles acquéraient des obligations étatiques, essentiellement des bons de trésor. Une partie des liquidités est confiée à la caisse de dépôt et de gestion qui la place dans des fonds ; une autre partie, pour les besoins de trésorerie quotidienne, est placée dans des fonds monétaires ou obligataires gérés par des sociétés de gestion d'actifs de la place. Avec le tassement des rendements sur les marchés monétaire et obligataire ainsi que l'effondrement des cours des actions à la bourse de Casablanca, les caisses éprouvent de grandes difficultés pour réaliser une rentabilité leur permettant de faire face à leurs engagements. En effet, les pertes et les moins-values constatées jusqu'à présent sur les placements en actions sont énormes. De l'autre côté, les rendements des actifs obligataires qu'elles détiennent sont sanctionnés par les risques liées aux réinvestissements des tombés et des coupons. Pratiquant toujours une péréquation entre les différentes branches d'assurance sociale qu'elles assurent, les caisses ne sont pas au bout de leurs peines. Aussi, le système marocain des retraites est-il généreux. Suivant le niveau actuel des allocations et le rythme de distribution, la faillite sera au rendez-vous si aucune réforme n'est mise en place rapidement.