* La CMR pourrait ne pas survivre au-delà de 2019. * Les principales réformes prévues reposent sur laugmentation de lâge de départ à la retraite et la hausse des cotisations à payer. La transition démographique menace, entre autres, léquilibre financier des établissements de retraite. Selon les prévisions des analystes, la Caisse mutuelle des retraites (CMR) pourrait ne pas survivre au-delà de 2019. Pis encore, en labsence de solutions, léquilibre entre les entrées et les sorties de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale sera dans le rouge à partir de 2015. Les syndicats tirent la sonnette dalarme et considèrent que le système de protection sociale nest plus à labri dune réelle crise et quil nécessite une réforme profonde. À cet égard, la restructuration des organismes sociaux est urgente, en faisant intervenir lensemble des partenaires sociaux. Et si les principales solutions reposent sur laugmentation de lâge de départ à la retraite ou la hausse des cotisations à payer, les syndicats contestent ces réformes à cause des impacts directs sur leurs faibles revenus et la vie professionnelle de plusieurs couches sociales. En cela, le gouvernement est appelé à jouer un rôle de premier ordre dans lobjectif de garantir la paix sociale. Des difficultés structurelles La chute du rapport entre actifs et retraités augmente le risque dinsolvabilité, à long terme, pour lensemble des caisses de retraite. Outre les impacts de la hausse de lespérance de vie, ce déséquilibre est dû par ailleurs au grand nombre douvriers agricoles, travailleurs informels et indépendants, qui ne sont pas déclarés. En effet, seulement 30% de la population active adhèrent à un système de retraite. Le reste ne bénéficie daucune protection sociale. De plus, en analysant les statistiques du Haut Commissariat au Plan, la première chose qui saute aux yeux est le faible taux de couverture sociale pour les personnes âgées de 60 ans et plus, soit à peine 13%. Ainsi, après des années dexploitation, la majeure partie des retraités se trouve sans revenu. Vu la rigidité réglementaire et les méthodes techniques et organisationnelles caractérisant la plupart des établissements de retraite, les analystes les considèrent comme de vieilles machines rouillées nécessitant une restructuration profonde. En fait, la gestion de ces établissements sest limitée à la vérification de la régularité des opérations comptables et au respect de la rigueur des opérations comptables et budgétaires, sans assurer le développement de la viabilité du régime à long terme. Force est de constater quil nexiste aucune coordination entre les différents organismes de retraite. À lheure actuelle, le Royaume chérifien compte quatre établissements de retraite. À titre indicatif, la CNSS offre ses services aux personnes du privé et la CMR cible les fonctionnaires de l'Etat. Dautre part, le Régime collectif d'allocation de retraite est géré par la Caisse nationale de retraite et d'assurance CNRA pour les agents de la fonction publique non titulaires. La Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) joue, par ailleurs, un rôle facultatif en assurant un régime complémentaire aux salariés. En fait, les prestations garanties, les mécanismes de fonctionnement, le taux de cotisation et le mode de calcul de la pension de vieillesse varient dun établissement à lautre. Les scenarios des réformes possibles Le regroupement des Caisses de retraite dans une seule caisse unique est lun des principaux scénarios possibles pour garantir la stabilité du système à long terme. Soit un fonds national unique pour tous, caractérisé par la normalisation des méthodes de calcul. Dautre part, le relèvement de lâge de retraite à 65 ans demeure la principale solution permettant daméliorer la situation financière des caisses de retraite. Ce choix repose principalement sur le fait que la population vieillit. Ainsi, le nombre des cotisants continuera de diminuer chaque année. Cependant, les syndicats refusent en bloc cette solution, en soulignant que lespérance de vie au Maroc se situe encore à 70 ans. Il est a noter quoutre les impacts liés au vieillissement de la population, la Caisse de retraite ciblant les fonctionnaires (CMR) fait face à la baisse du volume de recrutement des employés par les services publics. Mais il sest avéré que laugmentation de lâge de départ à la retraite était inévitable, à long terme, suite aux prévisions de lévolution de lespérance de vie au Maroc. Certains pays, notamment ceux de lEurope de lEst, ont augmenté partiellement lâge de départ à la retraite. Actuellement, les employés accèdent à la retraite, dans les deux tiers des pays du vieux continent, après lâge de 65 ans. Et dans la moitié des pays de lEurope, les femmes bénéficient de la retraite avant les hommes. Pour assurer la pérennité des caisses de retraite à travers laugmentation du taux de cotisation, il faudrait que certaines caisses opèrent un doublement du taux actuel. Chose que contestent les syndicats à cause du faible niveau des revenus des simples employés. La capitalisation du système des retraites ou des comptes constitue une solution additionnelle. Des analystes prévoient la segmentation du système entre un volet de cotisation obligatoire assurant une couverture minimale aux affiliés et un volet fonctionnant par capitalisation, tout en créant un volet facultatif représentant un régime complémentaire. En conclusion, la mise en place dun plan général de réforme du système de retraite doit constituer une priorité dans lagenda de lactuel gouvernement. Cela doit passer dans le cadre dun compromis entre lensemble des partenaires sociaux pour éviter le fait accompli.