Prenant pour prétexte l'attentat suicide d'Al-Qods, l'armée d'occupation israélienne a commencé ses représailles en menant de nouvelles incursions dans plusieurs villes de Cisjordanie. Et en envisageant de nouveaux bannissements. Israël a annoncé un durcissement de sa politique, qui va se traduire par la réoccupation de territoires autonomes palestiniens. Tel-Aviv envisage aussi d'expulser vers l'étranger des responsables palestiniens en guise de représailles aux attentats suicides. Mais, selon un responsable israélien, cette politique ne concernera pas le président Yasser Arafat. Le bureau du Premier ministre Ariel Sharon a annoncé dans un communiqué qu'Israël «répondra à de nouveaux actes de terrorisme en s'emparant de territoires de l'Autorité palestinienne». Cette menace a été lancé quelques heures après un attentat contre un autobus revendiqué par le Hamas, qui a coûté la vie à 19 Israéliens, en plus de son auteur. Et cela s'est traduit sur le terrain, par le recours, dans le nord de la Cisjordanie, à de nouvelles incursions de l'armée israélienne qui a réoccupé mardi soir Jénine et le camp de réfugiés de cette ville, ainsi que Kalkiliya et Naplouse, ville qui a toutefois été évacuée au bout de quelques heures. A Jénine, les soldats ont mené des perquisitions et arrêté une dizaine de membres du Fatah, le mouvement de Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne. Au sud de la ville de Ghaza, huit Palestiniens ont été blessés mercredi par des tirs de chars israéliens qui ont ouvert le feu à la mitrailleuse et tiré des obus en direction du hameau palestinien de Zaara, proche de la colonie de Netzarim. D'autre part, pour la première fois depuis le début, dimanche, de la construction d'une clôture de sécurité le long de la Cisjordanie, des Palestiniens ont fait exploser mercredi matin une bombe et tiré en direction de policiers israéliens qui surveillaient les travaux dans le secteur de Kfar Salem, village arabe israélien, sans faire de blessé, selon la radio militaire. Pour Saëb Erekat, le principal négociateur palestinien, l'agression israélienne fait partie d'un plan de réoccupation des territoires palestiniens autonomes dont l'objectif est de détruire l'Autorité palestinienne et de la remplacer par une administration civile israélienne. Jusqu'à présent, l'armée israélienne procédait à des incursions limitées dans le temps en guise de représailles et le porte-parole de l'armée insistait systématiquement dans ses communiqués sur le fait que «Tsahal» se retirerait des territoires et villes autonomes réoccupés «dès que sa mission» serait «achevée». La décision de réoccuper pour une période beaucoup plus longue des zones autonomes constitue un «changement stratégique», estime la radio militaire. Un changement immédiatement condamné par la direction palestinienne, qui, dans un communiqué condamne «l'agression et l'escalade israéliennes contre nos villes, l'Autorité palestinienne et le peuple palestinien, qui font partie d'un plan visant à détruire nos institutions». «L'escalade israélienne intervient alors que le président George Bush s'apprête à évoquer un Etat palestinien» et «vise à anéantir les efforts diplomatiques internationaux», ajoute le communiqué. Le département d'Etat avait indiqué que George Bush pourrait faire mention d'un Etat palestinien «provisoire», idée qu'Ariel Sharon rejette avec force. La date exacte du discours de Bush n'a jamais été annoncée et selon un responsable israélien, il pourrait même être annulé.