Israël, qui multiplie ses incursions meurtrières en territoires palestiniens, s'interrogeait mercredi sur la stratégie à employer pour mettre fin à l'Intifada. Parallèlement, la diplomatie s'active. De nombreux Israéliens souhaitent une riposte claire et définitive aux attaques, mais les capacités d'action du cabinet d'Ariel Sharon demeurent limitées. L'importante opération-agression «Rempart» et les incursions quotidiennes de l'armée d'occupation en territoires palestiniens n'ont pas réussi à empêcher les actes de résistance. Mardi soir, un tireur palestinien a abattu trois Israéliens dans la colonie d'Itamar, près de Naplouse, en Cisjordanie avant d'être lui-même abattu. L'attentat n'a pas été revendiqué, mais le gouvernement israélien a accusé les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, milice liée au Fatah. Ce même groupe armé avait revendiqué l'attentat-suicide qui a coûté la vie lundi soir à deux Israéliennes. Le groupe avait aussi organisé l'embuscade qui a fait un mort mardi. Le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, avait sévèrement condamné les attentats-suicide, décrits comme «contraire aux intérêts du peuple palestinien». M. Arafat doit, par ailleurs, rencontrer jeudi à Ramallah (Cisjordanie) le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé du Proche-Orient William Burns et le chef de la diplomatie allemande Joschka Fischer. Pendant ce temps, l'armée israélienne intensifie ses incursions dans les villes palestiniennes de Cisjordanie. Les troupes d'occupation sont entrées mardi soir à Beitunia, une banlieue de Ramallah. Des habitants ont raconté que les soldats avaient encerclé le domicile de Hassan Youssef, chef local du Hamas, qui était absent. L'armée a refusé de commenter ces informations. Les forces d'occupation ont également maintenu le couvre-feu à Beit Lahm. Des soldats ont même barricadé la basilique de la Nativité mardi pour éviter que des militants s'y réfugient à nouveau. De retour d'Europe, le président américain George Bush devait rencontrer mercredi à Washington George Tenet, le directeur de la CIA, ainsi que d'autres conseillers pour ébaucher une politique pour le Proche-Orient. M. Tenet est attendu en Israël ce week-end pour travailler à la fusion des services de sécurité palestiniens. En outre, William Burns, le secrétaire d'Etat adjoint, a entamé une tournée afin de tenter d'obtenir le soutien du monde arabe pour la refonte de l'Autorité palestinienne. D'autre part, les Israéliens ont lancé mardi leur nouveau satellite espion Ofek-5, capable de détecter des objets d'une taille d'un mètre. Toujours sur le plan diplomatique, SM le Roi Mohammed VI, président du Comité Al-Qods et le Roi Abdallah II de Jordanie ont dénoncé à Amman les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens et appelé à l'arrêt de la violence en vue de reprendre le processus de paix, lors de leurs entretiens. Selon une source officielle jordanienne, les deux souverains ont affirmé que « la poursuite des pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens, notamment les incursions dans les villes et les villages aggravera et compliquera la situation». «Ils ont également mis l'accent sur la nécessité de rétablir le calme et d'arrêter la violence en vue de reprendre le processus de paix», a-t-on ajouté de même source. Les deux chefs d'Etat ont aussi examiné «les efforts arabes et internationaux visant à mettre un terme au cycle de la violence et à la politique d'escalade militaire israélienne contre le peuple palestinien», selon la source officielle. Les deux souverains ont d'autre part exprimé leur appui au plan de paix arabe adopté lors du sommet arabe fin mars à Beyrouth et qui prévoit le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés en échange des relations de paix normales entre les pays arabes et Israël. Cette initiative « constitue une position arabe courageuse pour instaurer la paix globale, juste et permanente et pour assurer la paix et la stabilité dans la région », ont-ils souligné. Ils ont insisté sur le fait que «toute vision pour la paix doit être basée sur les résolutions du Conseil de sécurité», a-t-on ajouté de même source.