L'espace Chellah à Rabat a abrité lundi soir un spectacle d'une grande valeur. Cette soirée était différente des autres spectacles de Mawazine. Le cadre agréable de Chellah a été le temps d'une soirée le havre d'une triple prestation. En effet, la soirée du lundi a réuni simultanément trois grands noms de la musique d'Orient. Ces artistes ne sont autre que Nassim Maalouf, maître Bayati et Salah Cherki. Ces trois grands noms se réunissent autour du même répertoire. Tous ces musiciens jouent de la musique orientale chacun de son instrument. Nassim Maalouf à la trompette, maître Bayati au oud et Salah Cherki au Kanoun. Ils ont pour dénominateur commun, leur maîtrise de la musique classique arabe avec toutes ses exigences. C'est pour cette principale raison que les organisateurs de Mawazine ont choisi de les réunir et de les mettre dans une sorte de compétition amicale pour le Prix Zeriab. Ce concours a été inauguré par la prestation du musicien libanais Nassim Maalouf. Ce musicien est né au Liban au cœur des montagnes. Son oreille a été bercée par les chants liturgiques byzantino-arabes et par la musique classique orientale. A un certain moment, il y aura un virement décisif dans sa carrière musicale. Quand il intègre le Conservatoire de Beyrouth, Nassim Maalouf décide de se consacrer à la trompette. A partir de ce moment, cet instrument ne va plus le quitter. Il va s'en servir à ses goûts musicaux et qui sont puisés bien entendus dans le répertoire des classiques arabes. Après ses cours au Conservatoire de Beyouth, Nassim Maalouf se rendra à Paris. Suite aux tonalités occidentales qu'il apprend à l'Académie de Paris, Nassim Malouf sera à l'origine d'un nouveau concept. Il est le premier soliste qui joue des rythmes de 14 et 34 tons avec la trompette. Ce sera une grande découverte qui fera de Nassim Maalouf un créateur d'un nouveau style de musique. La trompette sert d'habitude la musique jazz, mais Nassim Maalouf a démontré que même l'Orient peut en profiter. C'est ce qui a été découvert par le public marocain qui pour la première fois a assisté à un concert de ce musicien. Il a, pendant un laps de temps, présenté un plateau d'improvisations orientales dont les rythmes renseignent sur ses multiples influences. Nassim Maalouf a par la suite cédé sa place au musicien et poète Maître Bayati. Ce dernier bénéficie de l'estime et de la reconnaissance des mélomanes. Sa cécité ne l'a pas empêché pour autant de faire ses preuves dans le domaine de la recherche-action. De son oud, il offre un répertoire enrichissant où, encore une fois, les classiques arabes trouvent leurs comptes. Il a réussi par la qualité de ses créations et de ses performances à gagner le respect d'un public universel. Sa musique plonge les auditeurs dans un monde poétique et onirique à la fois. Enfin, c'est au tour du virtuose du Kanoun Salah Cherki de faire ses preuves devant un auditoire venu au Chellah spécialement pour le Prix Zeriab. Il surprendra le public par la force de sa maîtrise toujours puissante du Kanoun. Un instrument que les spécialistes définissent comme étant le plus difficile. C'est un instrument à cordes appelé aussi «cithare» qui nécessite un grand exercice. Salah Cherki s'est distingué en travaillant avec de grands noms. Il a en outre accompagné les chants de la diva Oum Keltoum, le professeur Jacques Bugard et le célèbre instrumentaliste Mohamed Zniber. Salah Cherki, jouant avec aise, a su séduire le public de l'espace Chellah. Il a été consacré et récompensé. Le jury présidé par le musicien Younès Migri lui a descerné le Pris Zeriab. Un prix qu'il a reçu avec noblesse. Un signe de sa dignité et de sa modestie qui ont fait de lui un maître.