La Fondation Salah Cherki pour la création musicale prévoit de commémorer le 21 novembre le premier anniversaire du décès du virtuose du qanoun, Salah Cherki. Placée sous le thème «Rendez-vous de la mémoire: la continuité», cette manifestation sera organise en collaboration avec l'Association Bouregreg, avec la participation d'une pléiade d'artistes qui présenteront des morceaux du répertoire du défunt musicien, dont la célèbre «Ya rassoulallah khoud Byadi», chantée par la diva arabe Oum Kaltoum. De même l'excellent guitariste Marocain Belaid Akkaf et le virtuose du saxophone Chrif, présenteront des morceaux musicaux composés par Feu Salah Cherki. Par ailleurs, l'artiste peintre Ahmed MOUITI, réalisera en direct un portrait de Salah Cherki, accompagné de musique composée par le défunt. La Fondation Salah Cherkii va profiter de cette occasion pour annoncer notamment son programme d'activités pour 2012-2013. La Fondation compte ainsi organiser le prix national Salah Cherki du Qanoun et la rencontre internationale des musiciens du quanoun et d'instruments similaires, en coopération avec l'Union européenne et les ambassades de pays arabes et asiatiques au Maroc. Compositeur et chercheur dans le domaine musical, feu Cherki a contribué l'enrichissement de la documentation artistique marocaine par de nombreux ouvrages consacrés la musique et son instrument de prédilection, qanoun. Le parcours de Salah Cherki, natif de Sal en 1923, a été dédié à la promotion de la musique arabe. Plusieurs d'entre nous, d'entre vous, associent le nom de Salah Cherki à cet artiste virtuose du kanoun, qui se distingue par ses solos mélodieux de kanoun lors de soirées andalouses. Certains le connaissent comme étant le seul artiste marocain pour lequel la DIVA, kaoukab Cherk OUM Kaltoum a chanté une chanson de sa composition, devant feu le Roi Hassan II, «Ya Rassoul Allah Khoud Bi Yadi». L'homme, Si Salah, Sidi Salah pour ses amis intimes, voire haj Salh et surtout Ba sidi pour ses petits enfants. Les œuvres de Salah Cherki, sont multiples et variées, ses compositions musicales, la réécriture des partitions musicales, ses innovations dans le domaine musical par la création du trio Al MAOUCELLI où il marie kanoun, guitare et luth, ou cette exceptionnelle expérience du Kanoun avec saxophone, voire le quartet musical, assimilé à une musique de chambre en occident. Salah Cherki, c'est également l'auteur de livres qu'il écrit, fruit de plus d'un demi-siècle de pratique musicale, où il a côtoyé les plus grands de la musique Arabe et internationale. 1965 : Al Kanoun Fi Al moussika Al Maghrebia. 1972 : Al moustadraf fi Raoued Al fan wa almoussek. 1973 : Lumières sur la musique Marocaine. 1983 : La Musique Marocaine. 1993 : Al ikaa wa Al makammaat. 1997 : Joul tara almaaani. 2011 : La musique Marocaine : un patrimoine riche et diversifié. Par ailleurs, il ne faut pas oublier sa participation et ses improvisations avec des Jazzman mondiaux lors du festival de Jazz des Oudayas. Salah Cherki, très très jeune, l'enfant Salah est épris de musique, vers 14-15 ans, il est pris en main par un des grands MAALEM de la musique Andalouse «LAMAALAM ZNIBER». Et c'est avec des grands noms de la musique Andalouse, qu'il a affiné son ouïe et apprivoisé de plus en plus son instrument le kanoun, qu'il s'agisse des grands maîtres comme Temsamani, Loukili, Fkihi Lamtéri, Fkih Brihi, Houssein Belmekki ou sidi Omar Jaidi. Il est important de signaler que pour l'artiste Salah Cherki, la musique Andalouse constitue sa première grande école. C'est, d'ailleurs, un des grands chapitres de son dernier ouvrage intitulé «La musique marocaine, patrimoine riche et diversifié», qu'il vient de publier en juillet 2011 grâce au soutien de la Fondation CDG. En parallèle de cette carrière musicale, avec ses hommes en djellaba blanche et tarbouche rouge, il entame une autre carrière musicale. Avec une bande de copains, à la manière de salut les copains, tous épris de la musique orientale, ils montent l'orchestre de la Radio marocaine. Ils n'étaient pas plus de 4 ou 5 membres (AFRADS) et, depuis, la bande a grandi ce qui a donné naissance à ce grandiose orchestre national de la radio télévision nationale, qui nous a légué des chansons merveilleuses, il yen tellement, et on n'en citera que quelques unes: «Kamar al ahmarn» (Abdehladi Belkhayat, Abdessalm Amer et Abdarrfih Jawhari, «Dar Li Hnak» (Abedouhab Doukkali), «INAHA MOULHIMATI» ( Feu Gharboui) ou Hti Tbila (Fouitah). Cette deuxième famille est la deuxième GRANDE école musicale de Salah Cherki, pour laquelle il consacre un important chapitre dans son dernier livre «Musique Marocaine, patrimoine riche et diversifié». Là, il faut d'emblée attirer l'attention sur un point important dans la vie artistique de Salah Cherki, car en parallèle de l'instrumentiste, le soliste, le musicien émérite, il a tenu à transcrire toutes ses expériences musicales. Il a fait le travail de l'historien, du journaliste, du documentaliste, le poussant parfois à aller dénicher des photos et des documents dans de lointaines contrées. Et ce goût de la recherche musicale a été étendu à un autre genre musical marocain, le folklore où, appareil photo à la bandoulière, dictaphone à la main, il a parcouru plusieurs régions du Maroc, pour enregistrer des chants populaires et discuter avec des Rais, aussi bien du folkore bérbère, sahraoui ou autre, avec leurs danses très typiques qu'il s'agisse des Houara, des Ahédouss, des Ait Bougamaz ou des Haha. Et tout ce travail de recherche sur la musique folklorique marocaine constitue un des grands chapitres de son livre «La musique marocaine, patrimoine et diversifié », qui comporte de très belles photos et illustrations de ses troupes folkloriques. Ensuite, avec tout ce background musical, regroupant musiques andalouse, folklorique ou orientale, associé à un souci de vouloir le transmettre aux générations futures, a poussé Salah Cherki à créer, au milieu des années 60, un musée- conservatoire à la ville de Salé. Dans ce Musée, et sur ses fonds propres, on pouvait voir exposés côte à côte, une guitare, un rebab et un saxophone. Une belle expérience, mais qui hélas était venue peut être, avant son temps. Ce musée-conservatoire portait le nom d'AL MOUSTADRAF qui constitue d'ailleurs un quatrième grand chapitre consacré à l'enseignement de la musique au Maroc, dans son dernier livre «Musique Marocaine: un patrimoine riche et diversifié». Toute cette odyssée musicale, cette vie pleine et riche, n'aurait pas eu lieu s'il n'y avait pas cette amitié, cette symbiose, voir cette fusion entre un homme et un instrument, Salah Cherki et le Kamoun. Avec cet ami fidèle, ce compagnon de toujours, il a parcouru des milliers de kilomètres, visité les cinq continents, côtoyé de grands noms de la musique mondiale.