Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, demandera cette semaine au Conseil de sécurité la prolongation de dix mois supplémentaires du mandat de la Minurso. Un statu quo qui durera jusqu'au 28 février 2005. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, a souligné que le Maroc n'a pas rejeté, en bloc, le plan Baker II. En fait, Rabat réitère de nouveau sa position, celle d'une solution politique qui exclut toute option d'autodétermination. Cette semaine, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, devrait remettre au conseil de sécurité son rapport concernant l'affaire du Sahara. Selon l'agence espagnole EFE, qui a eu possession d'une copie de ce fameux rapport, Kofi Annan demandera la prolongation de dix mois supplémentaires du mandat de la Mission des Nations unies au Sahara (MINURSO), soit jusqu'au 28 févier 2005. Le mandat, en cours, expirera, officiellement, le 30 avril courant. Annan devrait présenter, officiellement, son rapport au Conseil de sécurité, demain mardi 27 avril. Trois jours plus tard, le Conseil prendra une résolution à ce sujet. Selon l'agence EFE, Kofi Annan estime qu'il n'y a plus que deux options possibles. La première serait de retirer la Minurso du Sahara, en signe d'échec. Après 13 ans de présence sur le terrain, la Minurso a englouti plus de 600 millions de dollars. La deuxième option, celle défendue par Annan, consiste à donner du temps aux parties pour accepter et mettre en œuvre le dernier plan préparé par l'envoyé d'Annan au Sahara, James Baker. A ce titre, il faut rappeler les propos de Mohamed Benaïssa, ministre des Affaires étrangères. Dans une déclaration diffusée par la première chaîne de la télévision nationale (TVM) dans son journal de la mi-journée de vendredi, Benaïssa a souligné que "le Maroc ne rejette pas en bloc le plan onusien, mais insiste sur les lignes rouges à ne pas franchir". Un retournement de situation? Alors que le Maroc rejetait ce plan Baker II, sur le fond comme sur la forme, il n'est plus question que de "réserves importantes" au plan Baker II. Ce n'est pas un signe de faiblesse, au contraire. Désormais, il n'est plus question ni d'autodétermination, ni de période transitoire de cinq ans. Le Maroc a toujours insisté pour que la solution au conflit du Sahara soit le fruit d'une négociation politique entre les différentes parties. Si le plan Baker II est inacceptable, c'est parce qu'il bafoue la souveraineté du Maroc. Il s'agit des attributions relatives, notamment à la Justice, aux affaires étrangères, à la monnaie, à la défense nationale et de la sécurité publique. Hormis cette souveraineté, le Maroc reste ouvert à toute autre proposition. Qu'elle émane des Nations unies, d'un pays ami, de l'Algérie ou même du Polisario. Lors des dix prochains mois, les rencontres vont se multiplier. Les propositions et contre-propositions également. Le Maroc est conscient que, pour l'intérêt des populations sahraouies marocaines, la souveraineté nationale doit rester totale. L'image de marque du Maroc et son avancée dans la démocratisation vont l'aider à ramasser un maximum de soutien à l'échelle internationale. Mohamed Benyahia, député USFP et membre de la Commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants, a souligné lors de la réunion de ladite commission avec Benaïssa, mercredi et jeudi derniers, que "la régionalisation doit être considérée non seulement comme un vecteur de développement économique et social, mais également comme un moyen de renforcement de la démocratisation". Le militant associatif Mohamed Ahmed Bahi avait souligné, il y a quelques semaines, dans un entretien accordé à ALM que le Maroc avait proposé en septembre 2003 la révision de la Constitution, afin de l'adapter au plan Baker II. Lors de la réunion de la commission des affaires étrangères, "Mohamed Banaïssa n'a pas abordé ce sujet", assure Mohamed Benyahia. A noter également que le contexte international est également en faveur de la cause marocaine. L'avènement de Zapatero à la tête de l'Exécutif espagnol a été accompagné par un regain d'espoir pour une solution politique, acceptée par toutes les parties et définitive de la question du Sahara. Au grand dam des adversaires de notre intégrité territoriale, le Maroc compte l'Espagne parmi ses pays amis et alliés. Au même titre que la France et dans une moindre mesure les Etats-Unis. Ce conflit qui n'a que trop duré a également empêché la construction maghrébine. Il est grand temps que l'Algérie, qui manipule le Polisario, comprenne que son intérêt réside dans une stabilité marocaine et dans une solution au conflit qu'elle a elle-même créé.