ALM : Préférez-vous l'écriture du scénario ou la réalisation ? Latif Lahlou : Pour moi, il n'y a pas une grande différence entre les deux, mais pour ce qui m'intéresse, c'est l'évocation du thème, soit pour le cinéma ou pour le petit écran. Pour mieux m'expliquer, je dirais que la télévision est regardée d'une manière différente que le cinéma. Lorsque vous y allez, vous êtes déjà préparé à recevoir un message, alors qu'en regardant la télévision, vous n'êtes pas certain que toute votre attention sera focalisée sur le petit écran. Du point de vue écriture, lorsqu'on écrit pour le cinéma, c'est beaucoup plus spectaculaire que pour la télévision, vous entrez un peu plus dans la psychologie des personnages, alors que pour le deuxième, on est un peu moins profonds, parce qu'on m'a pas le temps de s'approfondir sur un thème précis, mais pour moi travailler pour la télévision ou le cinéma, est une chose que j'aime et cela constitue l'essence de mon métier.
Après ce parcours, êtes-vous satisfait de votre carrière ? Oui, je le suis. Je vis par et pour le cinéma, et tout ce qui le touche de près ou de loin me concerne, et il y a des oeuvres que j ai faites et que j'aime beaucoup, et qui m'ont permis de parler de certaines choses d'une manière différente. Dans «Les jardins de Samira », je me suis revenu en force, car j'ai pu m'y exprimer librement. Aujourd'hui, il faut admettre que l'on m'a plus les moyens d'aller au fond des choses. Aussi, le travail avec les acteurs est différent de ce qu'il était, sans oublier que les technologies ont évolué et permettent plus de liberté de travail par rapport à la télé. Vous pensez rééditer l'expérience des «Jardins de Samira», avec un autre film plus osé? Je ne sais pas ce que vous entendez par ce qualificatif. En tout cas, dans «Les jardins de Samira», je n'ai fait qu'évoquer certaines questions qui restent quelque peu taboues. On n'est pas faits pour garder les choses pour nous, c'est pourquoi mes films sont le reflet de la vie des autres. Via ce film, j'ai traité le problème des couples. Pour moi il faut évoquer toutes les relations conflictuelles et agréables vécues au sein du couple. Dans ce contexte je compte aborder aussi l'histoire de couples où les conjoints sont issus de milieux culturels différents. Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ? Il y a un ancien scénario que je suis en train de rénover, et il sera prêt d'ici fin juillet. Je suis, aussi, en phase de finir un autre projet qui me tient à cœur depuis plusieurs années, dans le cadre de mon travail et porte toujours sur la relation entre hommes et femmes. Aussi il y a un feuilleton que je suis en train d'écrire en collaboration avec une jeune scénariste, et dont nous sommes en train de mettre an point les modalités de production.