Les propos de Charafat Afilal, lundi à Rabat, démontrent sa conscience des risques engendrés par ce fléau et de l'importance de prise de mesures destinées à contrecarrer celui-ci. La ministre déléguée auprès du ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement chargée de l'eau, qui intervenait lors d'un atelier autour de la dépollution hydrique, n'a pas manqué de conduire des chiffres pour démontrer l'acuité du phénomène. «Les activités industrielles déversent un volume de près d'une centaine de millions de mètres cubes par an à l'intérieur des bassins hydrauliques. Ces eaux usées véhiculent une charge polluante de près de 300.000 tonnes/an de matière organique et 300 tonnes/an de métaux lourds dans l'eau», a-t-elle détaillé. Pour remédier à cette situation, le fonds de dépollution industrielle, lancé en 2008 avec l'appui du gouvernement allemand, a accordé des dons qui s'élèvent à 225 MDH pour la réalisation de stations d'épuration en faveur de 100 projets, dont 75 sont déjà réalisés et assurent le traitement de 40.000 m3/jour d'eaux usées. Le mécanisme volontaire de dépollution industrielle hydrique lancé, quant à lui, en 2011, met à la disposition des industriels une enveloppe de 110 MDH sur 4 ans. A ce jour, 52,5 MDH ont été accordés pour le financement de 21 projets de dépollution industrielle, dont 3 projets ont été réalisés. Mais ce n'est pas suffisant. Des efforts sont à déployer davantage pour la mise en place d'une dépollution industrielle hydrique qualifiée par Mme Afilal d'«efficace et pérenne». Pour ce faire, les entreprises sont concernées à leur tour. «La CGEM est consciente et partie prenante, voire volontariste», a avancé Saïd Mouline, président de la commission de l'économie verte auprès de la CGEM, qui était de la partie. «Les outils sont là, la réglementation est là, la CGEM et les fédérations sont prêtes pour accompagner la démarche. Il dépendra des industriels de les mettre en œuvre pour faire converger compétitivité et respect de l'environnement et construire ensemble le Maroc de demain», a précisé, pour sa part, Xavier Chauvot de Beauchêne. Pour le spécialiste sénior de l'eau et de l'assainissement au département développement durable du bureau de la Banque mondiale/MENA, «la prise en compte de la dépollution industrielle et son intégration dans le cadre d'une réflexion plus large sur l'optimisation des consommations et des processus industriels peut se traduire par des situations gagnant-gagnant du point de vue économique et financier».