Ariel Sharon s'est attiré le courroux de ses ministres. La raison en est le plan de séparation unilatérale qu'il a concocté. Certains membres du gouvernement le qualifient de « problématique et compliqué » et réclament des contre-parties. Le plan de séparation unilatérale avec les Palestiniens, élaboré par le chef du gouvernement israélien, Ariel Sharon, est au centre d'une controverse qui s'amplifie de jour en jour. Démantèlement de dix-sept des vingt-et-une colonies israéliennes de la bande de Gaza, retrait militaire de la zone sans en définir les contours et construction d'une ligne de séparation, dont le tracé demeure imprécis, telles sont les grandes lignes du plan Sharon suscitant la colère au sein de son gouvernement. À ce propos, le Premier ministre israélien devra s'expliquer, aujourd'hui devant le Parlement, sur les tenants et aboutissants de ce plan dont les détails restent vagues. En effet, à la demande d'une quarantaine de députés de l'opposition, le plan de séparation unilatérale fera l'objet d'un débat à la Knesset. Les propos les plus impétueux que le plan Sharon a suscité émanent, notamment, du chef de la diplomatie israélienne, Sylvain Shalom, qui estime que les plus fidèles alliés d'Ariel Sharon risquent de le lâcher pour aller consolider les rangs de l'opposition. « Je désapprouve par principe les initiatives unilatérales et je crains que ce plan ne provoque des élections anticipées s'il est soumis au vote du gouvernement », a-t-il déclaré. Benjamin Netanyahu, qui est à la tête du département des Finances, versera également dans le même sens. Ce dernier est sorti de ses gants en mettant en garde contre la prise du contrôle de la bande de Gaza par « le Hamas radical et l'organisation Al-Qaïda », selon ses propos repris par la presse israélienne. Des déclarations qualifiées de fuite en avant, à plusieurs titres. Dans l'optique d'en saisir les détails avant de l'avaliser, les Etats-Unis ont dépêché sur place une délégation pour faire une radioscopie dudit plan. Washington insiste sur le fait que le plan doit s'inscrire dans le cadre de la Feuille de route avant de l'affirmer ou l'infirmer. Composée de trois émissaires, à savoir le secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, William Burns, l'adjoint au Conseil pour la sécurité nationale Stephen Hadley, et le responsable du dossier Proche-Orient au sein de ce conseil, Elliott Abrams, la délégation américaine s'est, tout d'abord, entretenu avec Ariel Sharon. Ce dernier espère obtenir une aide financière ainsi qu'un soutien américain à la construction du « mur de sécurité », communément appelé « mur de l'Apartheid ». Par la suite, les émissaires américains ont rencontré Sylvan Shalom, ainsi que le ministre des finances Benjamin Netanyahu. Ces derniers ont aussitôt évoqué d'éventuelles contreparties au retrait israélien, contenu dans le plan Sharon. « Le Premier ministre comprend que dans la mesure où il n'y a pas de contrepartie du côté palestinien, il faut qu'il y ait une contrepartie américaine (…) M. Sharon m'a dit qu'il n'y aura aucune initiative sans un accord des Etats-Unis, qui ne doit pas se limiter à un oui, mais doit prévoir une longue liste de contreparties américaines », a souligné Sylvain Shalom.