De nombreux médicaments illicites continuent d'être commercialisés dans notre pays en dépit de leur danger. Le Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM) vient d'émettre une alerte suite à la vente illégale d'un produit nuisible à la santé des citoyens connu sous le nom de «Lkina elkhadra». En janvier 2013, le CAPM a reçu 2 cas d'hémorragie digestive suite à la prise unique d'un comprimé. Ce produit étiqueté comme étant de l'acide acétylesalicylique est vendu dans les épiceries. D'autres produits tels que «derdek», «chaddad lkoua» sont également vendus dans les commerces de quartier. Concernant ces différents produits, le CAPM tient à souligner que «ce sont soit de vrais médicaments achetés par l'épicier en pharmacie et vendus au détail, soit des produits pharmaceutiques n'ayant pas d'AMM (autorisation de mise sur le marché) marocaine et procurés par les épiciers et dans les souks via des circuits illicites ou par contrebande». Ces produits peuvent être dangereux de par leur composition qui n'est soumise à aucune AMM, à aucun contrôle de qualité (cas des produits contrefaits), à aucune date de péremption, ni à des contrôles des conditions de transport et de stockage (cas des produits de contrebande). La vente de ces produits hors circuit conventionnel expose la population aux risques liés au mésusage et à la mauvaise qualité du produit. D'où l'intérêt de sensibiliser les citoyens sur les dangers de l'acquisition de ces produits en dehors des pharmacies autorisées. Pour le CAPM, il est clair que des mesures doivent être prises par les autorités vis-à- vis des épiciers qui s'adonnent à de telles pratiques. Le CAPM rappelle que pour des raisons de sécurité, et en référence à la loi 17-04 portant code du médicament et de la pharmacie, il est exigé que la dispensation du médicament soit assurée par le pharmacien. En effet, le code de la pharmacie interdit de manière très claire la vente et la distribution des médicaments hors circuits autorisés et stipule dans son article 29 que «la dispensation des médicaments et autres produits pharmaceutiques est réservée aux pharmaciens d'officine». Force est de constater que la commercialisation des médicaments par les épiceries donne lieu à de rares saisies et des poursuites judiciaires contre les détaillants. Rappelons que le détaillant, poursuivi pour exercice illégal de pharmacie, risque, conformément aux dispositions de l'article 135 du code de la pharmacie, le paiement d'une amende de 5.000 à 50.000 dirhams et une peine d'emprisonnement allant de 3 mois à 5 ans.