Dans des critiques à peine voilées, le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane a réagi pour la première fois à la note qui lui a été adressée par son allié à la majorité, Hamid Chabat, secrétaire général du parti de l'Istiqlal. Benkirane a même qualifié les dernières sorties de Chabat dans les médias de véritable campagne à son encontre. «Je n'ai toujours pas compris pourquoi le nouveau secrétaire général de l'Istiqlal mène cette campagne qui a démarré tout juste après son élection. Je me contente pour le moment d'observer pour comprendre de quoi il s'agit véritablement», a lancé Benkirane devant les militants de son parti, le PJD (Parti de la justice et du développement). Mais le chef de gouvernement a laissé le meilleur pour la fin. Il a, en effet, envoyé des messages codés aux dirigeants de l'Istiqlal qui revendiquent un remaniement ministériel pour continuer dans la majorité. «Est-ce que vous pensez que n'importe qui est capable de nous déloger facilement avec un simple souffle? Je ne pense pas que le peuple marocains soit du même avis que ceux qui nous critiquent», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «Les conditions au sein du gouvernement sont excellentes pour le moment. Si quelqu'un souhaite troubler cette stabilité, il devra assumer ses responsabilités qu'il soit un leader, un secrétaire général ou un parti au sein ou en dehors du gouvernement. Le PJD ne cèdera pas aux pressions ni aux chantages». Sous les applaudissements de son auditoire, Benkirane a dit qu'il «s'en fout» s'il perdait la présidence du gouvernement à cause de ces manœuvres. Chose remarquable, le numéro un du gouvernement a, en effet, fait allusion à «des manifestations montées de toutes pièces et instrumentalisés pour le critiquer» en se demandant comment des femmes «soulaliyyates» originaires de la ville de Ouarzazate étaient venues à Rabat pour manifester contre la présence d'une seule femme au gouvernement. Les propos du secrétaire général du PJD montrent ainsi que la coalition gouvernementale est plus que jamais menacée. Des observateurs disent même que les relations entre le parti de la lampe et le parti de l'Istiqlal ont atteint le chemin du non retour. Par ailleurs, Benkirane a bifurqué sur des sujets tels que la réforme de la Caisse de compensation et celle du système de retraite. Selon le chef de l'Exécutif, la marge de manœuvre est réduite et la réforme est inévitable en 2013, sans donner plus de détails sur la nature de ces réformes susceptibles de sauver les finances publiques et les caisses de retraite d'une faillite annoncée. De plus, il a évoqué le secteur de l'enseignement, menacé par un certain nombre de dysfonctionnements, notamment le recours démesuré aux certificats médicaux par certains enseignants et l'utilisation abusive des grèves par les syndicats. Il a également été question du secteur de la santé publique et le secteur audiovisuel. Enfin, Benkirane n'a pas manqué d'évoquer la question des diplômés chômeurs assurant que l'embauche directe dans la fonction publique ne sera plus jamais possible et qu'il va falloir passer par le concours.