Tarik Sbaï, président de l'instance pour la protection des biens publics est pour une application stricte de la loi et particulièrement du code pénal en cas de dilapidation avérée des deniers publics. Il critique la faiblesse des organes d'inspections et de contrôles des ministères des Finances et de l'Intérieur. Il affirme que tout doit être mis en œuvre pour que la loi et rien que la loi ait le dernier mot. Quelle lecture faites-vous des poursuites judicaires à l'encontre de plusieurs responsables ? Ce sont des mesures audacieuses. Je pense qu'il s'agit d'une décision politique du Roi Mohammed VI. Evidement, on peut dire que les indicateurs de lutte contre la corruption sont au vert. Notons que ces décisions relèvent également de l'engagement de l'Etat pour l'application des conventions internationales relatives à la lutte contre la corruption. Ces conventions obligent les pays signataires que le comportement des fonctionnaires de l'Etat devrait respecter trois principes : l'intégrité, la rigueur, et l'efficacité. Ainsi, ce qui se passe à El Hoceima n'est que la concrétisation des orientations royales qui sont fermes pour que l'impunité cesse. Je souligne également que plusieurs dossiers de transactions frauduleuses figurent dans les rapports de l'instance nationale pour la protection des biens publics. Récemment, plusieurs élus ont été démis de leurs fonctions suite à des contraventions, pensez-vous que les choses vont s'arrêter là, ou y aurait-il des poursuites ? A mon avis toute personne ayant transgressé la loi, que ce soit un responsable d'un ministère, établissement public, commune devait comparaître devant la justice conformément au code pénal. Nous espérons que les décisions prises à El Hoceima soient également appliquées dans d'autres villes du royaume qui connaissent diverses malversations à tous les échelons. Pourquoi on est arrivé à une telle situation ? Cela est dû en premier lieu à la faiblesse des organes d'inspections et de contrôles des ministères des Finances et de l'Intérieur. A cela s'ajoute les limites du pouvoir judicaire. Cette dernière est à la merci du ministre de la justice considéré comme le chef du parquet. Pour le cas du El Hoceima, on est là devant un ordre royal. Si les autorités compétentes ont assumé leurs prérogatives correctement, on aurait pu éviter de tels dépassements. Cela nous ramène à la question de la crédibilité des organes de contrôle. Aussi, le moment est-il venu de revoir les compétences et les attributions de ces institutions. En plus, il faut donner à la presse la place qu'elle mérite pour contribuer à la lutte contre la corruption. La circulaire éditée en 1999, sous du gouvernement Abderhamane El Youssoufi a été vidée de sens. La dite circulaire oblige tous les établissements, et les services des ministères d'établir des rapports apportant des réponses à tout ce qui se publie dans la presse, en particulier les dossiers de dilapidation des deniers publics. Quelles sont les actions que vous envisagez entamer en tant qu'instance de protection des biens publics ? Nous allons présenter une motion au ministère de la Justice pour enquêter sur toutes les transactions douteuses. Notamment, celles de la construction de l'esplanade de la grande place de la ville d'El Hoceima qui a coûté des milliards. Plus encore, nous allons demander à la justice de convoquer l'ex-gouverneur pour donner des explications en tant qu'ordonnateur de cette dépense. Le gouverneur assume, à notre sens, une responsabilité directe concernant les transactions. En fait, les responsables devraient assurer des contrôles a priori et a postériori. Qu'en-est-il du dossier de la Marocaine des jeux ? C'est le dossier numéro 2, après celui de l'ONDA déposé devant la justice. Maintenant, on peut dire que le rapport établi par la Cour des comptes est en train de donner ses fruits. Soulignons, que le travail qui devrait être fait, c'est d'assurer à toutes les poursuites des garanties pour que la loi puisse dire son dernier mot.