Les réunions de printemps de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) avec le Maroc ont été l'occasion pour revisiter les contours de la coopération et scruter les perspectives d'avenir. Cet avenir reste conditionné par les moyens que doivent mettre en place les institutions de Bretton Woods pour impulser un nouvel élan aux relations économiques entre les pays du Maghreb Arabe. Le Maroc donne entière satisfaction aux institutions financières internationales. Les rencontres de la délégation marocaine, conduite par Zouhair Chorfi, directeur du Trésor et des Finances extérieures au ministère de l'Economie et des Finances, avec la vice-Présidente de la Banque Mondiale en charge de la région MENA, Shamshad Akhtar, et Juan José Daboub, Directeur général à la BM a constitué une occasion propice pour le rappeler. Cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre de la préparation de la réunion du Comité de développement, vise à favoriser l'établissement d'un consensus entre gouvernements sur les questions liés au développement. Les deux parties ont évoqué, ainsi, le nouveau cadre stratégique de partenariat adopté en janvier dernier pour régir les relations bilatérales. Cette nouvelle stratégie soutient trois axes thématiques qui embrassent le renforcement de la croissance, la compétitivité et l'emploi, l'amélioration de l'accès aux services de base. La gouvernance et la territorialité constituent deux thèmes transversaux jugés prioritaires par les deux partenaires. En termes plus concrets, le principal enjeu de cette stratégie concerne l'élargissement de l'accès au crédit des PME. La Banque mondiale œuvre, effectivement, pour la mise en place d'une infrastructure de crédits propice à ce genre de financement. L'élargissement de l'accès au crédit aux ménages est tout autant concerné par cette stratégie. Mais cette action a besoin d'un effort supplémentaire en terme de développement de la bancarisation qui reste faible notamment pour certaines catégories de la population. Néanmoins, la Banque mondiale note qu'une expansion durable de l'accès au crédit des ménages nécessite la mise en place d'un secteur financier restructuré. Les retombées de ce partenariat ne se sont pas faites attendre. Ainsi, en vertu de cette stratégie, le Maroc a bénéficié de cinq prêts de plus de 720 millions de dollars, couvrant aussi bien des programmes de réformes que des projets d'investissement. Par ailleurs, la délégation marocaine n'a pas manqué de soulever les perspectives de la coopération au niveau maghrébin en mettant l'accent sur les moyens que les institutions internationales pourraient mettre en oeuvre pour impulser un nouvel élan aux relations économiques entre les pays de l'Union du Maghreb Arabe. Cette coopération est au point mort en restant assujettie à la bonne volonté d'Alger qui maintient ses frontières fermées depuis plus d'une décennie. Le voisin de l'est se fait une fixation sur le Maroc notamment en créant, finançant et prenant en charge les séparatistes du polisario. Le manque de la coopération inter-maghrebine engendre un manque à gagner de 2% de croissance du PIB pour l'ensemble des pays de la région. La délégation marocaine a, également tenu une réunion de travail avec Patricia Alonso-Gama, adjointe au directeur du Département Moyen Orient et Asie centrale au FMI, qui n'a pas manqué de souligner la maîtrise par le Maroc de ses fondamentaux macroéconomiques. Dans sa récente publication d'avril 2010, le FMI souligne dans ses perspectives de l'économie mondiale, que plusieurs facteurs influent sur la reprise économique de la région Moyen orient et d'Afrique du nord. La mollesse de la reprise en Europe pèse sur la croissance des exportations, les transferts de fonds de l'étranger et les recettes du tourisme dans d'autres parties de la région comme le Maroc et la Tunisie, souligne le rapport. Le FMI conclut que le Maroc et la Tunisie poursuivront une croissance de 3,25 à 4 % en 2010 et de 4,5 à 5 % en 2011, sous réserve que les exportations, le tourisme, les envois de fonds et les investissements directs étrangers maintiennent le cap de la reprise. On en convient que la maîtrise des fondamentaux macroéconomiques par le Maroc donne entière satisfaction aux institutions de Bretton Woods, mais quel est le coût du respect de ces équilibres en terme de développement ? Le débat sur cette question devra revenir au devant de la scène pour la mise en place d'une meilleure stratégie de développement économique et social.