Sans jamais tomber dans l'obséquiosité ni le défaitisme béats, le discours de la pondération devant les signes de la crise ambiante, devait prendre le dessus. Tout en rétorquant avec fermeté à certains propos provocateurs, il va falloir reconnaître la lourdeur de la conjoncture, sans pour autant, verser dans le drame. Il ne faut pas se leurrer, la crise est dans nos murs. Mais, on accuse le coup et maîtrise la situation. Au-delà des indicateurs qui peuvent inciter à l'alarmisme, on agit avec sérénité, car face au flottement des aléas, l'affolement ne sert à rien. Certes, on se trouve, sans doute, en posture de défensive, face aussi bien de la récession financière globale aux retombées inéluctables sur le pays, que les «démolisseurs» politiques qui, à couteaux tirés, n'attendent que pareilles aubaines. Il va sans dire que, outre les clivages politiques, les répercussions économiques et sociales sont à considérer avec beaucoup de pugnacité et de sagesse. La parenthèse des émeutes protestataires des masses populaires n'est pas définitivement close. La cherté de la vie flambe à des cadences infernales. Les prémices de la réapparition d'une nouvelle descente imposante dans les rues ne sont jamais à écarter. Bref, on n'est nullement loin d'un soulèvement tendu des colères. Cette fois-ci, ce n'est pas la révision de la Constitution ni encore la mise en place d'un autre gouvernement qui calmerait les tensions. La confiance ne serait plus là, puisque «usurpée», une fois de plus ! On craindrait fort bien l'impopularité qui commence à se pointer à l'horizon, attisée par les ennemis de la démocratie et les bas présomptueux, lotis en embuscade. Dans ces camps déstabilisateurs, on ne cherche qu'embraser le front social, pour des calculs sectaires. Devant ces dénégations, on déplorera bien le mutisme incompréhensible de nombre d'intellectuels éclairés sensés s'impliquer dans les affaires publiques de la nation, au lieu de se la couler douce. Il semblerait bien que ceux-là qui s'arrangent exclusivement à rehausser leur statut, se cantonnent dans l'insouciance et la passivité. Tout en ignorant qu'ils peuvent toujours riposter aux déficiences de leur pays, les intellectuels ne cherchent jamais à se casser la tête ni avec les gouvernants, source de leurs aises, ni avec les gouvernés déshérités, tracas continuel de la société. Ce comportement servile des intellectuels est plus qu'irritant, dans un pays en pleine transition démocratique, où les marges de libertés se sont copieusement élargies. Nul besoin de rappeler que les grandes révolutions opérées dans les nations en quête de démocratie et de progrès, s'étaient enclenchées, par le truchement des avant-gardistes intellectuels. Ce qui fait aujourd'hui leur force et leur rayonnement, à travers la planète. Il est vrai que c'est le peuple qui revendique, se bat et s'approprie les droits. Mais, l'avant-garde de ces mouvements a constamment été déclenchée sous l'impulsion des idées illuminées des intellectuels. Notre pays a donc besoin de ces coups de pouce des intellectuels, ceux qui mettent l'intérêt du peuple et de la patrie au dessus de toute considération. On ne cessera alors de leur lancer: «Intellectuels du pays, réveillez-vous, la nation a besoin de vous !».