Le développement du monde rural, son désenclavement et la lutte contre les disparités sociales relèvent aujourd'hui de l'urgence. L'ampleur des besoins, le déficit en termes d'infrastructures de base (écoles, centres de santé, routes, eau potable), le déficit hydrique... pèsent de tout leur poids sur le monde rural. Ce dernier est considéré depuis longtemps comme un milieu marginalisé aux dépens des zones urbaines. Le budget qui lui était consacré il ya quelques années est jugé insuffisant et en deçà des attentes. Pour l'exercice 2018, le département de tutelle envisage consacrer un budget de 6,85 milliards de dirhams (MMDH) au programme de lutte contre les disparités sociales et territoriales dans le monde rural. L'urgence est de mise. Le développement du monde rural est une priorité majeure au Maroc vu les insuffisances chroniques en termes d'infrastructures de base. La situation est d'autant plus critique que le phénomène de la sécheresse devient récurrent voire structurel ces dernières années. De l'avis d'Abbas Tanji, chercheur agronome, il y a beaucoup à faire dans le milieu rural au Maroc. Des actions prioritaires doivent être engagées, dit-il, pour développer plus d'infrastructures, investir, maintenir la population rurale sur place et minimiser l'exode rural. Et d'ajouter qu'il faut déployer davantage d'efforts dans les zones Bour qui représentent plus de 80% des la surface agricole utile et qui englobe la grande partie des activités agricoles (céréales, agrumes, cheptel, betterave, sucre...). Pour lui, la situation est d'autant critique que la campagne agricole 2017/2018 démarre dans des conditions difficiles. Le niveau d'eau dans les barrages est très bas et le retard des pluies devient inquiétant en cette période du cycle agricole. La nappe phréatique est presque épuisée et les effets du réchauffement climatique commencent à se faire sentir (persistance de la chaleur). Les cultures d'exportation sont en abondance (excès de production). Il faut surveiller la situation de très près. Il est aussi question de surveiller les produits importés et ceux exportés, garantir une meilleure utilisation des produits phytosanitaires et améliorer la qualité sanitaire de nos produits animaux et végétaux. Pour Tanji, il est peut être plus approprié actuellement pour rationaliser l'utilisation de l'eau et des aliments de donner la priorité aux céréales, légumineuses et aux cultures oléagineuses et de sucre. Selon lui, il faudrait cultiver uniquement les zones favorables et les délimiter. Autrement dit, sur les cinq millions d'hectares réservés aux céréales, il serait plus judicieux de cultiver seulement deux millions d'hectares car, estime Tanji, cultiver le blé dans une zone à 200mlm ne serait pas intéressant et le rendement ne serait également pas au rendez-vous. Les zones arides et semi arides et par conséquent, défavorables aux céréales doivent être consacrées en gros à l'élevage. Le secteur agricole reste malgré tous les efforts et les stratégies mises en place (PMV) à la merci de la clémence du ciel et des pluies. Fairouz El Mouden
PLF 2018 : le budget du département agricole passe à 15 milliards Le projet de loi des finances 2018 prévoit une augmentation du budget alloué au département de l'agriculture et de la pêche maritime. Le budget passe ainsi de 12,5 milliards à 15 milliards de dirhams, soit une progression de 20%. Ce budget sera consacré à la mise en place des mesures incitatives engagées dans le cadre du Fonds de développement agricole. Cette révision à la hausse de l'enveloppe accordée au secteur agricole vise d'abord à promouvoir l'investissement privé dans les différentes filières agricoles et à poursuivre le développement solidaire et inclusif visant l'intégration de la petite agriculture familiale. Au programme, figurent également le lancement de 114 nouveaux projets dans les 12 régions du Royaume, la mise en place du marché de gros de Rabat. Dans le cadre du Programme national d'économie d'eau en irrigation, il est prévu d'achever des travaux hydro agricoles sur une superficie de 10.000 hectares.