Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
L'activité agricole tourne au ralenti et plus de la moitié des dotations en eau de barrage épuisée Le spectre de la sécheresse plane sérieusement à l'horizon
Le spectre de la sécheresse plane sérieusement à l'horizon La situation est-elle vraiment alarmante? Assurément le retard de pluie affecte sérieusement le déroulement de la campagne agricole et le moral des agriculteurs aussi. Le déficit en pluviométrie accentue également le taux de sinistralité des parcelles cultivées. On parle déjà d'une perte de la moitié de la céréaliculture. Néanmoins, si les cultures dans les zones irriguées vont bon train, le taux de remplissage des barrages tourne à moins de 60% et la région de Doukala a déjà épuisé plus de la moitié de sa dotation en eau. Autant dire qu'en plus du manque de la pluie, la rationalisation de l'utilisation des eaux des barrages est de mise. Quid des mesures d'urgence que le département de tutelle devrait initier pour sauver la récolte et le cheptel ? Tout le monde attend la clémence du ciel. Hier, une prière rogatoire a eu lieu dans toutes les régions du pays, vendredi. Le retard des pluies devient inquiétant et la sonnette d'alarme est déjà tirée. Même les prévisions météorologiques n'annoncent l'arrivée de la pluie qu'à partir de la semaine prochaine (en principe jeudi prochain). La tendance actuelle est de voir des perturbations qui ne s'accompagnent pas de précipitations, indique Abbas Tanji, chercheur agronome. En l'absence de chiffres officiels communiqués par le ministère de l'Agriculture, les professionnels confirment les que les dommages occasionnés par le retard des pluies sont beaucoup plus importants dans la région située au sud de Rabat. Selon Tanji, toute cette région qualifiée de région agricole pluviale est fortement sinistrée. Il estime la perte à plus de la moitié des superficies cultivées et le rendement des plus faibles. Homme de terrain, Tanji souligne que cette région commence à avoir des cultures stressées (céréaliculture, cultures sucrières, légumineuses et oléagineuses) et desséchées. Et d'ajouter que la SAU (superficie agricole utile) est aujourd'hui quasiment endommagée et même l'arrivée de pluies tardives ne va pas sauver grand-chose. D'après lui, la région de Doukala a déjà consommé la moitié (a peine quatre mois) de sa dotation en eau, ce qui implique des restrictions même dans le périmètre irrigué qui a besoin d'eau 12 mois sur 12. Les effets néfastes du manque de la pluie se répercutent aussi sur le cheptel. Les parcours au sud de Rabat sont dénudés de végétations naturelles et les parcelles sont quasi désertes. Du coup, le taux de mortalité des agneaux, dû notamment à la famine et au manque des herbes vertes nécessaires pour drainer le lait chez la brebis, est en montée inquiétante. Ce n'est pas tout, les prix de l'alimentation du bétail affichent des records et la spéculation bat son plein. Cette situation n'est pas sans impact sur l'offre, la disponibilité et la santé des ovins durant la prochaine fête du mouton, alerte Tanji. Pour lui l'Etat doit prendre des mesures urgentes pour limiter les effets pervers de la sécheresse sur le cheptel. Il s'agit de contrôler les prix des aliments du bétail, de subventionner les prix de l'alimentation, voire même distribuer gratuitement des aliments pour venir en aide aux fellahs sinistrés et sauver près de 10 millions de tête de bétail que représente la région sud de Rabat fortement marquée par la sécheresse du début du cycle ( Au total on compte 20 millions de tête de cheptel à l'échelle nationale). D'autres mesures doivent être prises pour encourager les cultures de printemps qui débutent en février. L'idée est de voir les prix des semences et des engrais révisés à la baisse. Aussi pour minimiser les dégâts, les professionnels proposent l'élargissement du périmètre irrigué avec l'adoption des techniques économiques d'irrigation (le taux de remplissage des barrages qui est de 60% est jugé faible). Si aujourd'hui la crainte d'une mauvaise campagne céréalière se confirme d'un jour à l'autre, les cultures des agrumes souffrent elles aussi d'un excédent de production. Selon les derniers chiffres, le Maroc à produit excessivement d'agrumes soit 2,2 millions de tonnes dont 500.000 tonnes réservées à l'exportation. Le Plan Maroc Vert (PMV) a fait le choix d'encourager les cultures d'exportations au détriment de celles dites de base (céréales, sucre, légumes et oléagineux). N'est-il pas judicieux de rectifier le tir et évaluer le PMV pour donner plus d'importance à ces cultures. Le Marocain n'est-il pas connu pour sa grande consommation de pain !