L'effet de la sécheresse ou du manque de la pluie en ce début du cycle agricole commence à peser lourdement sur le moral des agriculteurs. La situation dans les zones bours s'avère inquiétante. Les cultures plantées n'ont pas encore levé, la germination est quasi faible et les cultures fourragères tardent à pousser. L'état des lieux reste toutefois rassurant pour le périmètre irrigué grâce notamment au bon niveau des stocks des barrages. Les précipitations du mois de janvier restent déterminantes, voire même salvatrices. L'espoir de boucler la saison agricole sur un bon rendement commence à se dissiper. Si le nord de Rabat (Kénitra-Tanger) est suffisamment arrosé par la pluie et la campagne agricole se déroule normalement, les champs dans les régions du sud de Rabat (Chaouia, Doukala-Abda...) sont sinistrés par la sécheresse du début de cycle. Pour Abbas Tanji, chercheur agronome, les zones pluviales souffrent beaucoup plus du retard des précipitations. Selon lui, les quantités enregistrées, soit moins de 100 mm depuis le début du mois de décembre, sont jugées trop faibles pour favoriser la germination, la levée des cultures et des végétations fourragères. Les agricultures concentrent toutes leurs attentes sur les pluies du mois de janvier pour sauver les cultures d'automne. On parle déjà d'un manque à gagner de près de 2000 dirhams par hectare dans les zones bours. Ce n'est pas tout, les prix des aliments du bétail sont en nette hausse. Les spéculateurs profitent de la situation pour jouer leur jeu de manière qualifiée d'irresponsable. Le prix de la botte de paille dépasse les 40 dirhams, celui de l'orge, du mais et du son revient à plus de 3 dirhams le kilo. Selon Tanji, le périmètre irrigué ne suscite aucune inquiétude. Les 9 périmètres irrigués soit 1,5 million d'hectares ne présentent aucune carence en eau grâce à la bonne pluviométrie enregistrée l'année dernière. Au total, seuls 13% des superficies céréalières se portent pour le moment bien contre 87% (zones bours) qui souffrent sérieusement du manque et du retard des pluies. Malheureusement les statistiques agricoles officielles du ministère de l'Agriculture sur l'état réel et les sinistres accusées par régions et les pertes de cheptel selon les régions font largement défaut. Le flou touche aussi les mesures que le département de tutelle devrait prendre pour minimiser les dégâts. C'est aussi le cas pour les dispositifs à mettre en place pour contrôler la hausse des prix. La perte occasionnée par l'insuffisance des précipitations sur les cultures printanières doit pousser les agricultures à se rattraper au niveau des cultures de printemps (pois chiche, tournesol, maïs et autres). Pour cela, l'intervention de l'Etat est vivement sollicitée pour revoir à la baisse les prix des intrants (engrais et semences) estime Tanji, qui confirme que compte tenu de cette sécheresse du début du cycle, la production céréalière sera moyenne à faible cette année. Pour conclure sur une note positive, notre interlocuteur rappelle toutefois que les choses se déroulent normalement en cette période de récolte des agrumes et autres cultures fruitières et maraichères notamment dans la région Souss-Massa. Le challenge aujourd'hui est de savoir comment développer la recherche agronomique pour trouver de nouvelles variétés et des techniques adaptées à la situation de la sécheresse qui dévient structurelle.