L'heure est au pessimisme. Pas grand-chose à attendre de l'actuelle campagne agricole. Tous les indicateurs sont au rouge. La faible pluviométrie, conjuguée à la vague de froid, devaient affecter la plupart des surfaces cultivées. De l'avis du président de la Comader, Ahmed Ouayache, « la situation est inquiétante ». On apprend que 30% des terres cultivées destinées aux céréales ont été abandonnées par leurs propriétaires et livrées au pâturage. Les céréales qui constituent le gros lot de l'agriculture marocaine sont sérieusement affectées, notamment les semis-tardifs, nous a expliqué Abbas Tanji, chercheur agronome. « Contrairement à l'année précédente, cette année, le Maroc a connu une saison, presque sans pluie pendant 100 jours, ainsi que la majorité des superficies consacrées aux céréales semi-tardifs ont été touchées », a-t-il souligné. Même son de cloche chez Kacem El Ghazoui, parlementaire du PPS, qui nous a déclaré que « la situation risque d'empirer dans la région du Gharb, si les conditions climatiques ne s'amélioreront pas dans les prochains jours». « Le moral des agriculteurs est au plus bas, surtout après la vague de froid. Presque toutes les cultures ont été fortement impactées : pommes de terre, agrumes, cannes à sucre, etc.», a-t-il ajouté. Pour lui, le gouvernement doit mettre en place des mécanismes efficaces pour garantir une certaine stabilité pour les agriculteurs. Selon l'Office régional de Mise en valeur du Gharb, (ORMVAG), le « déficit pluviométrique s'est élevé dans la zone de son action, au 20 février dernier, à 44% par rapport à une année normale et à 58% par rapport à la campagne précédente». Ainsi, d'après l'Office, 1.400 hectares de pommes de terre sont décimées dans la région du Gharb. A en croire Abbas Tanji, la totalité des terres destinées à la culture de pommes de terre et situées dans l'axe liant Larache et El Jadida ont été affecté. On risque par ailleurs, une éventuelle flambée des prix dans les prochains jours. S'agissant de la canne à sucre, les pertes sont aussi énormes. Plus de 14.000 hectares ont été touchés dans la région du Gharb. S'agissant de la région de l'Oriental et en particulier dans le périmètre de Moulouya, presque 1.580 hectares cultivés ont été endommagés dont 400 ha consacrés à la fève et 150 ha à la pomme de terre. Quant au cheptel, le scénario des années 80 risque de se reproduire si l'Etat n'intervient pas en urgence, alerte Abbas Tanji. De son côté Kacem El Ghazoui a appelé l'Etat à mettre en place des mesures pour sauver le cheptel, car il s'agit du secteur le plus confronté à la crise. D'une manière générale, les professionnels de l'agriculture, tout en ayant confiance dans le gouvernement actuel et dans sa capacité de dépasser cette crise, «appellent le gouvernement à instaurer une démarche d'écoute voire de partenariat où tous les acteurs soient impliqués», insiste Ahmed Ouayache, président de la Comader.