La campagne agricole a perdu plus de la moitié de son cycle et son rendement sera dans le meilleur des cas moyenne. Les pronostics les plus optimistes tablent sur une mauvaise récolte au niveau des céréales, des cultures fourragères et des légumineuses. Les précipitations prévues cette semaine sont loin d'être salvatrices et le mois de janvier risque d'être lui aussi sec. La situation sinistre requiert l'urgence et la rapidité de l'activation du plan anti sécheresse. Il serait inutile d'attendre la fin de ce mois car même avec l'arrivée des pluies, la campagne est quasiment ratée. La sécheresse a frappé de plein fouet la campagne agricole 2015/2016. C'est la dixième année de sécheresse en 25 ans, déclare à AlBayaneAbbèsTanji, chercheur agronome. De son avis, le retard des pluies est vraiment inquiétant et même avec la dizaine de millimètres prévue par la direction de la météo cette semaine, la campagne restera compromise et les précipitations insuffisantes. Pire encore, la moitié du cycle agricole est aujourd'hui perdu et s'il y'aura levée, celle-ci ne servira pas à grand-chose. L'Etat, estime notre interlocuteur, doit agir vite en activant le plan anti sécheresse pour sauver le cheptel et contrôler les prix des aliments du bétail et créer des emplois dans le milieu rural pour éviter l'exode rural vers les villes et les villages. Pour rappel, les prix de l'orge et du son se situent actuellement à plus de 3 dirhams et ceux de la botte de paille à 25 dirhams la botte contre 10 dirhams en période normale. Du coup, les contrôles des prix s'imposent dans cette conjoncture difficile. Le département de la tutelle doit revoir les niveaux d'indemnisation et la généralisation de l'assurance agricole. On propose même la possibilité d'effacement de la dette des petits agriculteurs. Tanji défend dans ce sens la mise en place d'une assurance agricole indexée par situation et non en fonction de la moyenne fixée par commune rurale. L'idée aussi est de revoir le montant de l'indemnisation. Le fellah dépense globalement entre 1000 et 2000 dirhams par hectare. Selon les dernières informations, la Mamda(mutuelle agricole marocaine d'assurance) devrait verser incessamment un montant de 1,2 milliards de dirhams aux agriculteurs au titre de l'indemnisation de la campagne céréalière compromise pour une superficie d'un million d'hectares sur trois millions d'hectares emblavés. Par ailleurs, aujourd'hui, le Maroc a consommé une bonne partie de la production agricole de l'année dernière et a autorisé l'importation du blé pour combler le déficit. Les précipitations annoncées restent carrément insuffisantescompte tenu du nombre d'exploitations sinistrées. Les 300 à 400 000 mille hectares de céréales cultivés dans les zones irriguées ne permettent de produire qu'à peine 10 millions de quintaux par an. Cela étant, il faut encore attendre début février prochain pour évaluer les superficies cultivées qui vont rester jusqu'à la fin du cycle, celles qui seront pâturées ou abandonnées. L'essentiel est d'être à jour, mobiliser le budget et les mesures nécessaires pour faire face à une année agricole très difficile. L'on s'interroge aujourd'hui sur le rôle du Plan Maroc Vert dans des situations de sécheresse pareilles et encore moins sur celui de l'agence de développement agricole et du fameux fonds de développement agricole prévue dans la loi des finances 2016.