Secteur du tourisme La destination d'Agadir ballotte entre remous et satisfecit. L'effet de décadence était déjà appréhendé, il y a quelques années, par certains vieux routiers du secteur, au moment où les autres continuaient à éluder la débâcle imminente. Aujourd'hui, on saurait plus mystifier la réalité amère. Le produit de la présumée première station balnéaire du royaume prend l'eau de toutes parts. Alors que de nouvelles structures hôtelières voient le jour et viennent relever la capacité litière, notamment le Sofitel Spa et le Tikida Royal, nombre de complexes hôteliers rendent l'âme et d'autres, en état d'agonie, s'apprêtent à le faire. De surcroît, une multitude de rescapés vivote encore dans la vétusté. Les conflits sociaux entre patronat et prolétariat au sein de ces morts et moribonds, émaillent atrocement ce domaine en perte de vitesse. Le volume capacitaire qu'on espérait étendre davantage, se décimait affreusement, au fil des jours. Seule une poignée parvenait, pour des raisons particulières afférentes à son statut, à maintenir le cap des flux. Le reste, quasiment dans les trois lignes, accuse le coup, depuis déjà des lustres. On a beau donc «gonfler» les taux d'arrivées et de nuitées, commandités par des décideurs à distance, le malaise pesant contredit toute tentative d'occultation. En fait, l'hôtellerie n'est que la partie saillante de l'iceberg. La morosité vient également ébranler le transport touristique dont l'exigüité atteint des seuils hallucinants. Plus que quelques véhicules qui jalonnent ces espaces de vaches maigres. Dans le même sillage, les bazaristes de la ville broient du pain noir, depuis que le touriste est indigent, «séquestré » dans le «all inclusive» (tourisme tout compris). La restauration, quoique peu commode, est pareillement laissée pour compte, dans cette lividité générale. Toutes ces pénuries qui suffoquent cruellement le créneau Agadir, mis à mal par des pratiques marquées de duperie et de démission, n'ont jamais été prises au sérieux, en dépit des voix civiques qui ne cessaient de crier haut et fort la dérive allant droit au mur. A présent, on réclame, non sans insistance, la mise à contribution en force de l'aérien afin d'amener les visiteurs des provenances qu'on avait laissé échapper, en particulier les marchés scandinaves, germaniques et britanniques. Soit ! Mais, pour quel produit, si l'on sait que la plage et le soleil, privés d'animations attractives et loisirs diversifiés, ne suffisaient plus à une clientèle, de plus e plus exigeante et aventurière ? Où viendront-ils loger ces visiteurs, au vu de ces fermetures répétitives et ces délabrements piteux qui asphyxient une bonne partie des hôtels commercialisables ? La station Taghazout, à une quinzaine de kilomètres au nord de la capitale du Souss, a mis une éternité pour se décider à s'ériger en pourvoyeur d'accueil de haut standing. Toutefois, malgré cette éclaircie, il semble bien que des palabres assez vifs entre le département de tutelle et les intervenants locaux se sont déjà déclenchés, pendant la venue du ministre, à l'occasion de la signature du protocole de l'accord relatif à la promotion touristique régionale. Ces dissonances se sont aussi poursuivies, au niveau des parlementaires de la région et du ministère, lors d'une récente rencontre à Rabat pour l'examen des différentes divergences inhérentes à ce dossier. Il est donc clair que la chose touristique à Agadir passera, sans doute, à la vitesse supérieure, au regard de ces prises de conscience de nombre de parties, aussi bien professionnelles, institutionnelles que représentatives. Il importe d'abord à parler vrai, car on avait toujours l'habitude de dissimuler lâchement ses réels maux sous des mots de complaisance. On avait toujours cette manie de prendre les propos des autres qui cracher le mot, pour des «indésirables» voulant «casser » la baraque et perturber le statu quo. On n'avait guère la prédisposition de répartir les tâches selon les capacités des compétences professionnelles pour tel ou tel marché émetteur, de crainte de se faire ridiculiser ou de se faire épingler le poste convoité. On se faisait, enfin, entourer des bras cassés, tout en se dissociant des idées qui pouvaient provenir d'autres chevronnés de qualité incontestable. Le mal qui sévit alors dans une métropole agissante, en termes d'industrie touristique, est plutôt comportemental, en premier lieu. Le jour où on sera armé suffisamment de valeurs d'acception, d'écoute, d'audace et d'autonomie, on arrivera certainement à surmonter des embûches qui font d'Agadir, aujourd'hui, une orpheline errante, abandonnées par les siens.