Frappé de plain fouet par la crise financière qui a sévi partout dans le monde, particulièrement dans les pays traditionnellement épris de voyages, le secteur touristique traverse des périodes aléatoires dont le bout de tunnel tarde à se pointer. A Agadir, première station balnéaire du royaume, renfermant, à elle seule, presque le tiers de la capacité d'accueil nationale, est en passe d'accuser des reculs inquiétants dans nombre de structures d'hébergement. Hormis des établissements hôteliers qui, pratiquement, ne sont plus maîtres d'eux-mêmes puisqu'ils sont objets d'asservissement, à la merci de leurs tours opérateurs aux approches monopolistes, le reste trouve toutes les peines du monde pour vivoter. Certains “moribonds” s'en prennent, malheureusement, à leur personnel qu'ils licencient froidement par dizaines. D'autres s'adonnent à toutes sortes de pratiques sans pudeur pour joindre les deux bouts. Force est de constater que même les «tout compris» qui ne cessent de porter préjudice à l'un des piliers économiques phares du pays, se plient l'échine devant le diktat de leurs hégémonistes, en tolérant à bras ouverts une clientèle des plus médiocres, infestant les hôtels de haut standing à des tarifications dérisoires. Quel apport pourrait-on tirer des «SDF» européens ou encore des «Sans Pyjamas» asiatiques qui viennent proliférer dans nos «all inclusive» pour quelques sous prépayés ? Au-delà de l'aspect pécuniaire, quelle plus value culturelle et civilisationnelle devrait-on tirer de la part des rejetons d'outre mer ? Ne sommes-nous pas en train de dévaloriser notre produit touristique de haute qualité pédagogique où les valeurs humaines sont au dessus de toute autre considération ? La «siba» que ce «libéralisme» aveugle émaille de dérapages meurtriers au sein de nos fleurons hôteliers, commandité de main de maître par les TO à distance, fait périlleusement chavirer l'embarcation Azur de notre tourisme national. Ce laisser-aller fantaisiste dont font preuve les dragons de l'industrie du tourisme international absorbant les petites créatures du domaine, ne fait qu'hypothéquer une vision nationale concertée et performante, mettant en relief le potentiel naturel, climatique, infrastructurel spécifique et volontariste de toute une nation en pleine effervescence développementale. Ne serait-il pas plus judicieux de renforcer, pour de bon, le tourisme intérieur dont les adeptes, moyenne et petite bourse, sont empreints de voyage et d'aventure ? Il est vraiment scandaleux et condamnable qu'un touriste marocain dans son propre pays paie une chambre pension complète dans un hôtel quatre étoiles à presque mille dirhams et même plus, alors que, juste à côté de lui, dans le même hôtel, un touriste étranger en «tout inclus» n'a déboursé que moins de deux cents dirhams, tous frais confondus ? Pire encore, notre compatriote, bon vivant de nature, dépense sans compter et se fait aussi bon payeur à l'égard des taximen, des bazaristes, des restaurateurs,…, en dépit des contraintes boursières, tandis que le visiteur étranger, arnaqué jusqu'aux dents par cette désastreuse formule «all inclusive», ne sort pratiquement pas un rond troué, même pas de quoi glisser aux serveurs, très mal au point par cette asphyxie alarmante. L'Etat a donc tout intérêt de confronter, avec sérieux et courage, cet ogre du «tout compris» et préserver notre produit national de cette calamité dramatique qui submerge nos hôtels. Car en terme de stratégie touristique nationale, c'est bien l'Etat qui décide, après mûre et inclusive concertation avec les professionnels du métier, et non pas les barons des tours opérateurs qui exercent une mainmise révoltante.