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Le All Inclusive : un mal nécessaire ?
Publié dans GoAgadir le 17 - 12 - 2008


Agadir Tourisme / Handicaps
Le All Inclusive : un mal nécessaire ?
Dans la conjoncture actuelle marquée par la crise financière internationale et la récession économique qui s'annonce dans des pays émetteurs du tourisme, une concertation efficace doit être de mise d'une façon permanente entre l'Administration et les professionnels. C'est aussi le moment opportun pour se remettre en question, revoir et reconnaître les différents défaillances et handicaps de notre tourisme, pour rebondir de bon pied. Gérer une crise c'est également agir et bien se préparer pour l'après crise. Il est certain que les voyages vont diminuer, mais ne vont pas disparaître d'un seul coup.
L'investissement touristique de la part des TO et autres opérateurs est tellement important que l'on va chercher les solutions les plus appropriées pour y remédier. Rappelez-vous les crises précédentes. Rien n'est plus grave lors d'une crise, que la léthargie et l'attente à ne rien faire. L'homme contemporain a tellement pris goût aux voyages qu'il ne peut s'empêcher de voyager, crise ou pas. A Agadir, le sujet qui préoccupe, ces dernières années, le plus de monde dans le secteur du tourisme, avec le manque d'animation, reste actuellement le Tout Compris ( All Inclusive). La conjoncture actuelle préoccupe les professionnels, bien sûr. Le All Inclusive est, par ailleurs devenu structurel dans la destination.
La formule All Inclusive (le Tout Compris) a pris de plus en plus d'ampleur à Agadir et risque de se généraliser plus encore. Cette formule permet au client de payer son séjour, en totalité chez lui et d'être pris en charge totalement une fois à l'hôtel, où il peut séjourner toute semaine ( minimum), sans dépenser le moindre centime, ne cesse de porter des coups durs à l'économie parallèle issue de l'activité touristique. Avant d'analyser le phénomène qui envahit le tout Agadir hôtelier, il est à préciser que le All Inclusive a été inventé dans les Iles du pacifique. Ce sont des îles où l'on ne trouve presque rien en dehors de l'hôtel : pas de cité urbaine, pas de bus, pas de magasins, pas de musées, c'est l'isolement complet, etc… Comme se sont des îles lointaines, le client y va pour recharger sa batterie, pour couper net avec tout ce qui est urbain, à commencer par le stress des transports urbains, celui des nuisances sonores ; de la pollution industrielle, celui du travail et autres. Bref, également ; pour se ressourcer et s'éloigner au maximum de toutes les tracasseries quotidiennes, au moins pour une durée limitée de dix jours et deux semaines.
Le phénomène du All Inclusive a été accentué également grâce à l'avènement des longs courriers chartérisés par les TO producteurs de voyages, à de très bons prix, voire à des tarifs très bas lors des basses saisons. Les TO y trouvent leur compte et commence à adopter, à proposer, voire à imposer le All Inclusive dans leurs établissements, chez leurs partenaires d'abord, puis chez les autres après. Dans les destinations balnéaires se trouvant dans des îles lointaines, désertes ou des zones purement rurales, voire sauvages, loin de tout urbanisme, la formule à bien pris. Le client y trouve son compte, car il voyage seul, en couple ou en famille, loge dans des hôtels et villages de vacances, sans débourser le moindre centime, puisqu'il est pris en charge totalement : hébergement, nourriture ( de 6 heures du matin à minuit), animation et boissons (voire même cigarettes et cigares dans des établissements de haut de gamme), tout est gratuit, puisque déjà payé, avant le départ du voyage.
A Agadir la formule du All Inclusive a été officiellement introduite dans les années 90, par le Club Agador devenu Carrabean Village, avec une capacité de plus de 2000 lits. La formule existait avant, dans certains clubs de vacances, notamment au Club Med, la Kasbah, mais sous la forme de la pension complète (petit déjeuner, déjeuner et dîner avec boisson à table), les autres extras sont payés par le client. La destination balnéaire soussie se trouve commercialisée par les TO européens qui programment aussi les autres destinations avec la formule All Inclusive ( les Iles Canaries, la Tunisie, l'Egypte, la Turquie …). Il se trouve également que le tourisme à Agadir est issu à plus de 90% par les charters qui appartiennent ou sont affrétés par les TO, de France, d'Allemagne, du Royaume Uni, de Scandinavie etc… C'est de là que vient la contrainte des hôteliers de se voir imposer le All Inclusive, chez eux.
Ces mêmes TO, dont la TUI en tête, suivi de Thomas Cook ont investi dans l'hôtellerie à Agadir et donc ont adopté cette formule dans leurs propres unités respectives. La valse fut inaugurée par le Tikida Dunas ( Village de 800 lits), géré par RIU (filiale de TUI), suivi par Tikida Beach de la même enseigne, puis par Thomas Cook, à travers son village de vacances Iberostar (800 lits également). Le dernier établissement ouvert est le Club Robinson ( qui appartient à TUI) ouvert au mois d'avril dernier, avec une capacité de 800 lits aussi et un taux de remplissage qui dépasse les 80% depuis son ouverture. C'est un produit exclusivement allemand. Heureusement, il n'est pas All Inclusive et pratique la pension complète ( une autre formule mais qui reste aux conséquences semblables au Tout Compris). Ainsi donc ces TO pratiquent la formule magique chez eux (dans leurs propres unités hôtelières) et l'imposent chez leurs partenaires. Résultat, la station balnéaire Agadir est actuellement à quinze établissements hôteliers et non des moindres qui pratiquent du All Inclusive. Tous les villages de vacances le font : Iberostar, Tikida Dunas, Tikida Beach, Le Club Valtur, Les Dunes d'Or, le Club Med, Ramada les Almohades, la Kasbah Club, Tafoukt, Al Moggar Club. Ajoutez-y Beach Club, partenaire de l'allemand LTI, le Kenzi transformé en Club. Bref la contagion est tellement sérieuse qu'elle finira par toucher tout le monde, d'ailleurs d'autres établissements sont entrain de se transformer pour devenir des produits All Inclusive.
Il n'y a que le Sofitel, le Palais des Roses et l'Atlantic Palace, qui échappement sérieusement à ce phénomène. Le premier mal causé par le All inclusive est qu'il a avantagé exclusivement les établissements hôteliers pieds dans l'eau, excluant les autres et les mettant hors compétition. Résultat, les établissements hôteliers en deuxième, troisième et quatrième zone agonisent et connaissent le taux de remplissage le plus bas de la destination et se trouvent en très grande difficulté financière. L'autre mal causé par le phénomène du Tout Compris est vécu, d'une manière dramatique par les restaurants qui ont vu leurs chiffres d'affaires chuté de 90%, à tel point qu'ils sont, dans la plus grande majorité d'entre eux, en faillite totale ( plus de quarante restaurants seraient en vente actuellement selon les intéressés eux-mêmes) et ne voient leur salut que dans la transformation en cabarets ( recette qui apporte certaines bonnes recettes nocturnes, pas la peine de détailler, vous avez bien compris).
Parallèle à cela, toute l'économie locale liée au tourisme et à ses activités, connaît de sérieuses difficultés, notamment chez les bazaristes, les commerces divers, chez les taxis également… Bref, l'activité commerçante dans le Secteur Touristique et Balnéaire, agonise. Le phénomène du All Inclusive est vraiment « tueur », car les clients sont là, tout en n'étant pas là. Ils vivent effectivement dans les hôtels mais ne sortent pas en ville. A titre d'illustration, si on ne prend que les grands villages et club de vacances : Robinson, Iberostar, Tikida Dunas, Valtur, les Dunes, Club Med, la Kasbah, Beach Club, les Almohades, Tafoukt, Al Moggar Club, par exemple, qui connaissent un taux moyen de remplissage supérieur à 60%, on peut y trouver sans exagération, tous les clubs confondus, pas moins de 5000 clients, durant la même semaine ( au moins) dans la même période, sans que l'on voit 5% de ces clients circuler en ville ou ailleurs. C'est une « séquestration » détournée des clients. En ville, d'ailleurs ; les touristes sont de plus en plus comptés sur le bout des doigts.
C'est tout de même grave, car ces clients sont sur place : ils sont dans les hôtels autour de la piscine, ou dans la plage, mais pas ailleurs. En tout cas, en ville, ou au souk, on peut les compter sans exagération, tellement ils sont peu nombreux. Combien même ils font une excursion hors d'Agadir, c'est bien encadré : tout est bien organisé par le TO, qui a sa propre agence de voyages, son transport touristique, ses guides, ses préférences en bazars, restaurants, leurs golfs et animation diverse, etc… Bref, la boucle est tellement bouclée par les TO, qui sont devenus des producteurs de voyages de A à Z et dictent leur loi dans le pays d'accueil, que les hôteliers encaissent, en attendant Godo. Comme ces TO principalement les grands sont devenus tellement géants (cas de TUI et Thomas Cook) qu'ils dominent le marché, dans plusieurs pays européens émetteurs de touristes où ils font la pluie et le beau temps, ils sont devenus les maîtres incontestés du tourisme. Comme la destination Agadir, et celle du Maroc, ne pèsent pas lourd dans leur chiffre d'affaires, comme ils sont sollicités par tout le monde, ils font la loi, tout simplement. Aux hôteliers et autres professionnels d'admettre, d'accepter et de courber l'échine. Il n'y a de pire abus dans le commerce que celui imposé par le monopole. Dans le cas du tourisme actuellement, c'est le bicéphalisme en tour operating de TUI / Thomas Cook, qui mène la danse touristique à sa guise. Incroyable, mais malheureusement vrai.
Devant l'appétit grandissant de ces deux TO, avec tous les rachats des petits et moyens TO en finalisation et en vue, le tourisme est parti dans la mauvaise direction. Ces TO produisent les voyages avec le concept qui les arrangent et qui leur rapporte le plus. Ils sont propriétaires de milliers d'agences de voyages à travers l'Europe ( client principal du produit touristique marocain), possèdent leurs propres compagnies aériennes, leurs propres hôtels et villages de vacances, leurs propres agences réceptives locales, avec bus et tout le transport touristique qui s'en suit, possèdent leurs propres bateaux de croisières, leurs golfs, centres de remise en forme, vendent à travers tous les circuits possibles et imaginables ( centres commerciaux, internet, banques …), bref ils dominent le circuit de la production, de la commercialisation et de la réalisation, complètement. Avec la mondialisation et la globalisation, cela ne fait que s'accentuer encore. Les pays à vocation touristique, notamment de petite taille, comme est le cas pour le Maroc, sont bien coincés. Le tourisme fait parti des priorités économiques mais se trouve en otage entre les mains des décideurs étrangers, que sont les grands TO. La concurrence ardue entre destinations de même taille, présentant des atouts touristiques similaires, notamment dans le balnéaire, complique encore la donne à l'avantage des TO. La guerre des tarifs bas son plein à tel point qu'on trouve des tarifs surréalistes, sur internet : une semaine tout compris dans un trois étoiles à Agadir à 2000 DH, par exemple. 3000 DH dans un quatre étoiles.
Le All inclusive, n'est que la partie visible de cet immense iceberg, bien ficelé et bien géré par les TO, sans aucun état d'âme. La hantise des financiers qui gèrent les grands TO est de faire du chiffre, remplir les avions d'abord, les hôtels ensuite et si une destination n'est plus rentable, ils l'effacent de la programmation du jour eu lendemain. Pour le cas de la destination balnéaire Agadir, cela pose un vrai problème de développement, non seulement pour secteur lui-même, mais pour tout l'environnement touristique qui gravite autour avec ses incidences économiques, sociales, tout particulièrement. Remplir les hôtels, oui. Mais à quel prix ? Quelles retombées économiques sur les autres activités parallèles ? Que gagne effectivement la destination avec l'application généralisée du All Inclusive. IL va falloir que les professionnels, les Autorités et les responsables de tutelle du secteur, tous ensemble, se penchent sérieusement sur le sujet.
Y-a-il une solution au phénomène au All Inclusive ? Bien sûr que oui. Elle est avant tout d'ordre de pure volonté de politique économique décidée par les départements centraux compétents, sur la base d ‘une bonne concertation avec la profession. Nous y reviendrons.
Mohamed RIAL
A suivre : quelles solutions pour le All Inclusive ?


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