Le phénomène de l'occupation illégale de l'espace public prend des proportions alarmantes dans les différentes zones de la capitale économique du pays. La métropole semble plonger dans l'anarchie. C'est un constat hallucinant. Ce phénomène ne se limite plus aux marchands ambulants qui squattent les chaussées des principaux boulevards de la ville avec des charrettes tirées par des bêtes et autres «ferrachas» qui exposent leurs marchandises sur la voie publique comme bon leur semble; ou encore aux cafetiers qui étalent deux rangées de tables et de chaises sur les trottoirs dans les quartiers populaires et populeux. Mais, le fléau s'étend au centre ville et dénature le paysage dans les quartiers les plus chics de l'agglomération. Le cas du boulevard d'Anfa, qualifié par les médias «d'occupation illégale de l'espace public... catégorie cinq étoiles» et ayant suscité dernièrement toute une polémique, interpelle à plus d'un titre. Le service d'urbanisme au niveau de la préfecture a signalé l'infraction. Le service compétent à l'échelle de la commune urbaine a réagi en adressant une mise en demeure aux contrevenants leur signifiant un rappel à l'ordre. Cependant, des élus, rompus à la roublardise, seraient entrés sur la ligne pour que l'anarchie sévisse toujours sur les lieux. Une triste image de la ville blanche. Et au diable ses façades architecturales. Quant aux piétons, ils se trouvent dans l'obligation de partager la chaussée, à leurs risques et périls, avec les automobilistes, les triporteurs et autres poids lourds qui roulent la ville même aux heures de pointe. En 2002, l'ancien wali du Grand Casablanca, Driss Benhima, avait lancé toute une campagne pour lutter contre ce fléau de l'occupation illégale de l'espace public. L'initiative, qui a apporté ses fruits sur plusieurs axes, était très favorablement accueillie par les habitants de la métropole et ses visiteurs. D'aucuns soulignent que si la même fermeté quant à cette exploitation de l'espace public était maintenue, la plus grande ville du pays ne serait pas arrivée à ce stade actuel de débandade. Mais l'habitude devient une seconde nature, dit-on. Aujourd'hui, des zones où le fléau fait des ravages depuis plus d'une décennie sont devenues des bombes à retardement... sociales. Aller déloger les «ferrachas» du boulevard Mohammed VI et des artères adjacentes qui se transforment en véritables souks informels durant tous les jours de la semaine. C'est mettre l'huile sur le feu, préviennent d'aucuns. A qui incombe la faute ? C'est la question que d'aucuns se posent au moment où les décideurs à l'échelle centrale œuvrent pour assurer à Casablanca une réelle transformation digne des grandes métropoles.