Ruralisation de la ville La ville de Casablanca, capitale économique du pays, se ruralise. C'est un fait. Le phénomène est en train de prendre des proportions alarmantes. Des charrettes tirées par des bêtes partagent la chaussée avec les automobilistes, en plein centre-ville, avec tout ce que cela représente comme danger sur la vie des êtres humains et de ces animaux mis à leur service. L'arrivée des triporteurs made in china ou ailleurs a complété le reste. Il faut voir ce spectacle désolant dans les quartiers commerciaux ou les zones d'activités économiques formelles et surtout informelles. Dans les quartiers commerciaux de Derb Omar, Derb Ghallef, Kissariat Hay Mohammadi, Souk Dallas à Hay Hassani, Attacharouk, Lokréâ, Derb Soltane et dans les zones périphériques de la métropole, le constat est hallucinant. A ce tableau noir, s'ajoute le fléau des mendiants qui harcèlent les passants à longueur de la journée devant les grandes surfaces de vente et aux ronds-points dans les différentes zones de cette ville mouvementée. Autre phénomène : les enfants de la rue. Ces derniers avec des regards chargés de souffrance et de détresse font partie du paysage dans certaines zones, notamment dans les parages du marché central ou le parc de la Ligue arabe. Leur nombre va malheureusement crescendo en dépit des programmes de sensibilisation lancés, des mesures coercitives appliquées et des politiques de lutte contre la pauvreté mises en place. Dans un autre registre, les marchands ambulants ont pratiquement transformé certains boulevards principaux et plusieurs artères adjacentes en marchés informels (souikas). La métropole détient aussi le record en matière d'habitat anarchique et insalubre, en plus des violations du code de l'urbanisme. Autre point de discorde : le secteur du transport urbain en commun. Ce secteur plonge également dans l'anarchie totale. Environ 15.000 taxis, grands et petits, sillonnent la ville sans aucun respect du code de la route. Ces chauffards, avec ceux des bus, sont en train de rouler la ville blanche au lieu de rouler correctement. Il faut dire que c'est une métropole de tous les paradoxes. Le bonheur des uns côtoie le malheur des autres. De grands projets structurés et structurants sont lancés dans les différentes zones de la ville et en même temps des phénomènes sociaux se répandent, la précarité et l'exclusion sociale continuent de sévir et l'oisiveté et les agressions font florès. C'est dire que la ville est gérée sans vision globale et intégrée. Casablanca a besoin d'un mode de gestion qui prendra en compte ses paradoxes. Un mode de gestion doté d'une vision globale et cohérente, reposant sur la pérennité et la cohérence de l'action.