Le phénomène des marchands ambulants continue de prendre des proportions alarmantes dans les différentes zones de Casablanca. C'est un constat. On les appelle «marchands ambulants», mais ils ne sillonnent pas les ruelles. Ils sont «sédentarisés» sur les lieux, désignés par «ferrachas», et exercent tranquillement leurs activités. Il fallait les voir, alignés les uns à côté des autres sur les trottoirs des boulevards, des artères et des souikas, créées informellement dans les quartiers. Chacun respecte l'espace qui lui serait «réservé», «loué». Cet espace varie généralement de deux à quatre m2. Le bâton dans une main, l'autre levée vers le haut, tirant sa pauvre bête qui tire une lourde charrette et criant : «fruits et légumes frais…». Les habitants de plusieurs zones de la ville sont habitués à ce refrain. On dirait que c'est un festival sur les lieux. Ces zones sont complètement transformées en boucan d'enfer. En plus des déchets occasionnés par ces activités notamment en début d'après-midi, les automobilistes ne trouvent plus de place pour garer leurs véhicules et durant les mâtinées, il est carrément impossible d'y passer. Et les autres commerçants sédentaires voient en ces activités informelles une concurrence déloyale. Selon des statistiques de la direction régionale du Haut commissariat au plan (HCP) de Casablanca, le nombre de marchands ambulants dans la région du Grand Casablanca s'élève à 128.572, soit 10 % du total des personnes actives au niveau de la région. Selon les mêmes chiffres, le nombre de marchands ambulants au niveau de la préfecture de Mers Sultan-El Fida est estimé à 13.310, dont 80 % des hommes, soit 10 % du nombre total des marchands ambulants dans la région. La moyenne du capital circulant ne dépasse pas 3.000 dirhams, souligne l'étude, précisant que 45 % des marchands ont un capital circulant inférieur à 1000 dirhams, 22 % moins de 500 dirhams et 18 % ont un capital circulant supérieur à 4.000 dirhams. S'agissant des répercussions et des problèmes engendrés par ce phénomène, la direction régionale met l'accent sur l'occupation quasi permanente du domaine et des voies publics, l'entrave à la fluidité de la circulation, la concurrence déloyale au commerce organisé, l'évasion fiscale et la corruption ainsi que sur la prolifération des produits de contrebande et impropres à la consommation outre des problèmes de sécurité. Pour freiner ce phénomène, des souks pilotes ont été créés pour la sédentarisation de ces infatigables démonstrateurs de l'instinct de survie dans les différentes préfectures de la capitale économique du pays. Mais, en fin de compte, les locaux commerciaux ont été offerts avec des prix «symboliques» à d'autres personnes. B.A Point de mire Fantômes Le nombre officiel des fonctionnaires de la commune urbaine de Casablanca est de 18.000. Mais, seul le tiers de cet effectif exerce au conseil de la ville et les seize arrondissements qui le composent. C'est-à-dire, environ 12000. Ces derniers sont disparus dans la nature, exercent même d'autres activités et ne se rendent à la Commune que pour des affaires administratives qui les concernent. Pratiquement, aucun président d'arrondissement ne sait exactement le nombre de fonctionnaires de son arrondissement. A l'origine de cette situation, des politiques qui étaient suivies dans la ville blanche. Avant l'entrée en vigueur de la formule de l'unité de la ville, Casablanca était composée de 27 communes. En ce temps, les présidents échangeaient les postes entre eux comme bon leur semblait. Les communes étaient gérées comme des propriétés privées. Chacun a fait le plein. Quand ces communes ont été fusionnées en 2003, l'héritage ne pouvait être que lourd. Aujourd'hui, la moitié du budget (56%) est engloutie par la masse salariale des employés. Alors que dans les normes internationales, celle-ci ne devrait pas dépasser les 25%. En 2008 par exemple, 120 milliards de dirhams sur un budget de 200 MMDH étaient partis aux salaires des fonctionnaires de Casablanca, dont environ 12.000 sont des fantômes. La majorité de ces derniers est composée de fils, proches, épouses de responsables et des élus. Certains exercent d'autres activités dans la ville et même à l'extérieur du pays. On y trouve des chauffeurs de taxis (blancs et rouges), des commerçants, des employés dans des entreprises privées, des grossistes au marché de Gros, mais aussi des promoteurs immobiliers, notamment à Sbata. Dans ce lot de fonctionnaires fantômes, force est de constater qu'une minorité concerne des ingénieurs, des techniciens et autres cadres mis au placard. Aucune mission ne leur est confiée. Ils s'apparentent à des fantômes, mais par la faute de l'administration. Car l'affectation du personnel aux services n'obéit à aucune logique, à part celle du président. Aucun service d'urbanisme ou de la Régie dans les seize arrondissements n'est confié à un ingénieur dans le domaine. Ces deux importants services sont généralement gérés par des proches des présidents. Dans certains cas, le poste est «négocié». Incroyable. B.Amenzou Pignon sur rue La chose locale sur les ondes de «Casa FM» «Chose locale». C'est le thème débattu en direct chaque mardi à 19 heures sur les ondes de la radio «CasaFM». Il s'agit d'une émission originale et interactive, animée par notre confrère, Khalid Kiraoui. Cette émission permet aux auditeurs de la capitale économique du pays et ses environs de suivre des débats, souvent chauds, sur la gestion des affaires locales de la Métropole. En plus des invités au studio, généralement des élus responsables à la Commune urbaine ou aux différents arrondissements composant le conseil de la ville, le concept permet aux citoyens de soulever directement via le téléphone leurs remarques et leurs questionnements ainsi que leurs attentes quant à la politique de proximité mise en place par les décideurs de la ville blanche. Cafés : plus de 3 millions de clients par jour La capitale économique du pays compte environ 15.000 cafés, selon des sources à la chambre de commerce d'industrie et des services. Ce secteur encore marqué par l'anarchie et propice au blanchiment d'argent emploie plus de 100.000 personnes et accueille plus de trois millions de clients par jour. «Entre deux cafés, on trouve un troisième café», dit le vieil adage qui s'applique parfaitement pour le Grand Casablanca. Disséminés tout au long des boulevards, artères et quartiers de la ville, les nombreux cafés font désormais partie du décor des zones où ils installent leur décor habituel pour recevoir les fidèles clients. Chaque café reçoit au moins deux cent clients par jour et emploie au minimum six personnes. Et chaque espace à ses propres clients. Si des accrocs de la politique, de l'art ou de la culture se rendent dans «leur» café pour discuter de questions les concernant, les courtiers «samsara», les épris du jeu de cartes, les jeux du hasard ou les «vendeurs» de rêve ne sont pas du reste. Ils ont, eux aussi, leurs cafés particuliers aménagés à leurs goûts et parfois en fonction de leurs exigences. Gargotiers dangereux A Bab Marrakech, à côté des places des grands taxis d'El Oulfa et d'El-Jadida, dans certains rues de la ville, ainsi que dans d'autres endroits dans les quartiers populaires, les vendeurs ambulants et sédentaires de saucisses, communément appelées «socettes», s'alignent avec leurs étals sur les trottoirs. Tout ce qu'ils ont comme respect d'hygiène est une blouse blanche maculée et complètement marquée de taches noires. Les soirs, entre 17 et 22 heures, les échoppes dégagent une odorante et alléchante fumée qui induit en erreur les passants, notamment les non-casablancais. Ces saucisses mélangées avec des morceaux d'oignons et de tomates sont rapidement cuites sur des plaques en métal. Ainsi, les clients, ayant l'estomac dans les talons, sont vite servis. «Au suivant, trois ou quatre saucisses», lancent-ils, après chaque commande. Ils créent une ambiance sur les lieux pour faire écouler les produits préparés. Marché de la mort : Ambulanciers indélicats Certains ambulanciers dans la métropole exploitent le malheur des familles en demandant des prix exorbitant, surtout quand il s'agit du transport d'un blessé au service des urgences. D'autres se font payer plusieurs fois pour le transport d'un mort au cimetière pour enterrement. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ce vieil adage s'applique bien pour le comportement de certains ambulanciers dans la capitale économique du pays. Ils n'ont pas d'état d'âme. Lorsqu'une famille fait appel à leurs services pour transporter un malade aux urgences ou un mort au cimetière, ils fixent les prix comme bon leur semble. Le secteur n'obéit à aucune réglementation. Il plonge dans l'anarchie. Flash Flash Flash Flash Flash Flash Flash Flash Flash Flash Flash Derb Omar : Une zone en effervescence Le vieux quartier Derb Omar dans la préfecture des arrondissements de Casablanca-Anfa regorge d'activités commerciales. Les marchands de tissus et autres tapissiers de tous genres en plus des Chinois, travailleurs et discrets, qui ont pris d'assaut cette zone, se livrent à une concurrence acharnée en vue de survivre et préserver leurs clients. Tournée dans la zone. Ces activités commerciales engendrent plusieurs emplois précaires dans la zone, allant des triporteurs aux tireurs de charrettes, qu'on appelle «hommes-chevaux» qui vivent grâce à la force de leurs épaules, des transporteurs par camions et Hondas en passant par les intermédiaires et sans oublier les pickpockets. Tout ce monde y cohabite du lundi jusqu'au samedi. Le dimanche étant le jour de repos pour ces «guerriers». Cette zone, cœur de l'économie marocaine, qui connaît aujourd'hui l'ouverture de centres commerciaux et des kissariats, est ainsi animée au long de toute la journée. Ce qui se répercute négativement sur la circulation dans tous les parages. Derb Omar : Une zone en effervescence Ils sont jeunes, en majorité des licenciés, des accros de lecture ayant durablement fréquenté les échoppes de Labhira de Casablanca. Hier encore, ils secondaient un père, un proche parent ou un voisin. Aujourd'hui, ils sont les maîtres des lieux. Dans leurs échoppes de fortune prises d'assaut par une foule de grandes et de petites silhouettes, ces bouquinistes nouvelle génération étalent leurs précieuses marchandises en piles ou en rayonnage pour les passionnés de lecture ou ceux en quête de perles rares à bon prix. Des prix à partir de 5 dirhams le livre. Ces jeunes bouquinistes n'ont sûrement pas le souci de présenter des nouveautés. Ils semblent au contraire avoir une affection particulière pour des œuvres plus classiques ou anciennes qui ont marqué une époque : Des manuels scolaires et des ouvrages généralement de seconde main qui trouvent facilement preneur. Qui plus est, la variété est impressionnante : publications anciennes et modernes, dictionnaires, essais, manuels scolaires, livres de science, d'histoire, de philosophie, de droit, de géographie, de théologie, romans, ouvrages d'art, informatique, toutes les écoles littéraires. Auteurs anciens et modernes, écrivains illustres et inconnus. Casablanca : Deuxième ville en matière d'infrastructure hôtelière La ville a un nom mythique, une position stratégique au niveau du Maroc et à l'international, une histoire riche, un patrimoine Arabo-Andalous original. De même, elle a une atmosphère particulière liée à son énergie, sa chaleur, son melting-pot, une ville à l'avant-garde du Maroc en matière de tendances, d'expérience sociales, une ville sûre, en comparaison avec d'autres métropoles internationales, un port au centre ville et une corniche exceptionnelle, la mosquée de Casablanca: un moment du 20éme siècle. Une ville aux multiples facettes avec de nombreux atouts à valoriser pour devenir une grande métropole touristique d'envergure internationale. Casablanca est la deuxième ville en matière d'infrastructure hôtelière. Elle dispose de 45 unités hôtelières classées et 51 non classées. La capacité litière est de l'ordre de 84 443 lits. Les hôtels de grand luxe de la ville offrent près de 4165 lits soit 64% de la capacité totale des hôtels homologués dans la région. Sortir dans la ville L'ancienne Médina de Casablanca tranche avec le reste de la ville. Entre ses remparts, on a l'impression d'être des siècles en arrière. Tous ceux qui visitent la métropole préfèrent faire un tour dans les souks de la Médina. Entourée de remparts du XVI ème siècle, l'ancienne Médina de Casablanca est une suite de ruelles enchevêtrées les unes dans les autres. Un parcours impressionnant entre des bâtisses souvent usées par le temps et des boutiques aux couleurs chaudes et aux multiples produits, sans parler des marchands ambulants. Les visiteurs y retrouvent toutes les marques (en copie, bien entendu) et tous les nouveaux modèles en même temps qu'ils sortent dans les marchés des grandes villes européennes. Les fabricants ont leurs réseaux d'information. Les quartiers sont spécialisés et l'on peut apercevoir un lieu où il n'y a que des bijoutiers, un autre uniquement des chaussures, etc... Quelques petites places de marchés proposent des fruits et légumes ultra frais et des poissons pêchés le jour même. Pour tout découvrir, une seule solution : se perdre dans les ruelles étroites... Il n'y a aucun plan de ce dédale, et les noms des rues n'indiquent pas où l'on est exactement. Pour les visiteurs, nationaux ou étrangers, quelques endroits sont à voir absolument : La Skala : elle se trouve juste en face du port de pêche. C'est un bastion qui date du XVIII ème siècle d'où sortent des canons. Les visiteurs pourraient y accéder pour voir l'océan d'un point de vue unique. La Koubba de Sidi Bou Smara : petite place située à l'ouest de l'ancienne Médina, analogue à un petit square, avec un figuier qui ne semble plus avoir d'âge, immense, noueux ; les enfants des quartiers limitrophes y jouent souvent au ballon. La place de la comédie. On se croirait en Provence. Entourée de petits immeubles d'époque, les visiteurs s'y reposent à l'ombre des arbres pour rejoindre le port directement en descendant par la petite rue pavée. Le tombeau de Sidi Kairouani : C'est là que sont enterrés le premier fondateur de la ville et sa fille qui se noya alors qu'elle venait rejoindre son père. Bab El Mersa. C'est une voûte en pierre permettant à l'époque aux consuls de rejoindre leurs bureaux. En effet, au XIX éme siècle, la plupart des consulats se trouvaient derrière cette entrée de l'ancienne Médina. En tout cas, la Médina de Casablanca tranche avec le reste de la ville, plutôt moderne et occidental. Entre ces remparts, on a l'impression d'être des siècles en arrière et il est inconcevable de visiter la métropole sans faire un tour dans les souks de l'ancienne Médina. A chaque jour suffit sa peine... Quel serait le sujet abordé par Mohamed Sajid, maire de Casablanca, Said Hasbane, président d'Al Fida et Chafik Benkirane, président du Conseil de la Région, lors de cette entrevue ? Par la force des évènements, il semblerait que les trois présidents-élus évoqueraient le dossier de la cour des comptes, le «guichet unique» d'Al Fida ou la question des rumeurs véhiculées ces derniers temps autour de la mairie… (Ph Akil Macao)