Les entreprises marocaines sont appelées à développer le réflexe d'anticipation de la demande du marché international pour gagner le challenge de la globalisation, a indiqué jeudi à Casablanca le ministre du Commerce Extérieur, M. Mustapha Mechahouri. L'anticipation de la tendance et le changement du comportement du marché international est l'un des moyens les plus efficaces permettant aux entreprises marocaines de tirer profit des accords de libre échange conclus par le Royaume avec un certain nombre de pays occidentaux et arabo-musulmans, a souligné M. Mechahouri dans une allocution prononcée à l'occasion de la 22e Edition du "Carrefour du manager", organisée les 24 et 25 mai par l'ISCAE sous le thème "Internationalisation des entreprises marocaines: stratégie risquée ou pari gagnant?". Le ministre n'a pas manqué de relever une certaine antinomie qui réside dans le fait que ce sont les entreprises des pays signataires qui sont en train de "pénétrer notre marché". Cela, a-t-il dit, dénote un certain manque d'anticipation marketing. Pour lui, l'externalisation est l'une des armes que devrait avoir l'entreprise marocaine pour gagner la bataille acharnée de la compétition ouvertement lancée par le démantèlement des barrières douanières, un phénomène inhérent au nouvel ordre économique mondial. Les entreprises sont également appelées à répondre à une équation à trois variables, qualité, prix et diversité des produits destinés à l'exportation, a soutenu le ministre, estimant que de telles mesures permettront aux entreprises marocaines de reprendre du poil de la bête face aux produits en provenance du géant économique chinois. M. Mechahouri a rappelé à cet égard que le Gouvernement avait pris toute une batterie de mesures destinées à accompagner les entreprises exportatrices en signant des contrats-programmes avec les associations professionnelles, dans le cadre du Plan Emergence. D'autres mesures incitatives ont été prises en ce sens, notamment la réduction des tarifs douaniers en faveur de certaines catégories de listes d'importation en vue de combler l'écart qui sépare les produits marocains de ceux des pays signataires des accords de libre échange, a-t-il enfin assuré. Intervenant pour sa part, Mme Mouna Charkaoui, professeur de droit à l'université Mohammed V de Rabat, a expliqué qu'un certain nombre d'entreprises marocaines peuvent devenir des firmes multinationales et accéder à l'internationalisation. Mme Charkaoui a puisé ses arguments dans de récentes études faites par l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) qui confirment que plusieurs entreprises des pays émergents ont pu acquérir le statut des firmes multinationales, condition préalable à l'internationalisation. Pour cette universitaire, des entreprises marocaines ont atteint la taille critique pour s'internationaliser. Il leur suffit donc de savoir combiner certains avantages offerts par la mondialisation. La réussite de l'internationalisation des entreprises marocaines est tributaire de la disponibilité de deux éléments vitaux, à savoir le niveau d'accumulation des capitaux par des entreprises candidates à cette compétition à haut vol et la haute formation et le savoir-faire des ressources humaines, a commenté un autre professeur à l'Institut Supérieur de Commerce et d'Administration des entreprises (ISCAE). Organisé chaque année depuis 1985, le Carrefour du Manager est devenu au fil des ans une tradition à l'ISCAE instituant un espace de rencontre entre le manager d'aujourd'hui et celui de demain, entre l'entreprise et le lauréat.