Si on revient aujourd¹hui sur l¹affaire de l¹implantation de la centrale thermique dans le fameux site écologique de Cap Ghir, à quelque 50 kilomètres d¹Agadir, c¹est que les voix de différentes directions ne cessent de s¹indigner et de s¹époumoner devant ce désastre environnemental. Aussi bien les personnalités représentatives et publiques, le mouvement associatif que les médias et les populations, tout le monde réagit de la manière la plus ferme et la plus catégorique. L¹installation de ce projet industriel à charbon au c¦ur d¹une zone d¹intérêt biologique et écologique, au littoral nord d¹Agadir, en l¹occurrence le SIBE de Tamri, entraînerait, en fait, un déséquilibre fatal au niveau de la réserve de biosphère arganeraie (RBA), au pays d¹accueil touristique (PAT) et à l¹intégration des deux SIBE dans une seule aire protégée. En effet, la création de cette aire protégée a été inscrite en 2004 dans le plan d¹opération du projet «Assistance à la gestion des ressources naturelles» (AGRN), mené en collaboration par le Haut commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification et la coopération technique allemande (GTZ). Dans le cadre de ce projet, un diagnostic préliminaire a été effectué. Il a concerné la présentation des deux SIBE de Tamri et de Cap Ghir, les menaces sur les écosystèmes dans la région, les éléments du contexte socioéconomique et les zones à inclure dans cette aire protégée. Ce diagnostic a également défini les objectifs d¹aménagement et proposé l¹approche de travail et la démarche méthodologique. Le projet de création de l¹aire protégée Tamri/Cap Ghir s¹inscrit donc dans la mise en ¦uvre des orientations régionales dans ce sens, des stratégies nationales, notamment le plan directeur des aires protégées, le programme d¹action nationale de lutte contre la désertification et les engagements internationaux des Nations Unies sur la lutte contre la désertification. Il est à signaler que la création du SIBE de Tamri et de Cap Ghir dans une aire plus large de plus de 14.500 ha se justifie par la richesse faunistique de cette aire qui abrite 45 couples d¹Ibis chauves et 78 individus de Mouflons à manchettes, la richesse floristique dont l¹arganier, le thuya, le caroubier et le letisque en contact direct avec la mer et la présence d¹une zone A de la RBA, en plus de plantes aromatiques, médicinales et mellifères, la présence du patrimoine paysager et culturel, avec une multitude de sites naturels, des monuments religieux, des site historiques classés et des grottes dont l¹une a fait l¹objet de fouilles archéologiques . Les objectifs de l¹aménagement de cette aire sont nombreux, dont notamment la réhabilitation et la gestion rationnelle des ressources de la zone du SIBE, l¹amélioration des valeurs écologiques et paysagères du SIBE, l¹instauration des mécanismes de plaidoyer pour la conservation de ressources du SIBE, l¹implication de la population locale dans la gestion des ressources naturelles et le développement de la zone à travers l¹écotourisme, la pêche, l¹artisanat et l¹agriculture. Les potentialités de cette aire sont énormes, en particulier sa position géographique à proximité des stations balnéaires Agadir, Taghazout et Essaouira, ses attraits touristiques, sa biodiversité comme zone humide à l¹embouchure de l¹oued Tamri, flore micronésienne ,faune marine, la dynamique de ses acteurs, volonté, synergie, concertation, tissu de 18 associations et savoir-faire, les activités économiques, pêche, production d¹huile d¹Argane, apiculture, élevage caprins, bananiers plein champ, grenadier et potiron, artisanat à base de thuya, études et règlements disponibles, SDAULTNA, Plan cadre RBA, études sur les aires protégées (Sibe) et loi sur la protection de l¹environnement. Après toutes ces démarches participatives et ces donnes d¹une grande valeur écologique et socioéconomique, peut-on imaginer un seul instant une quelconque perturbation de cet équilibre que les études scientifiques ne font que confirmer ? Il est vraiment aberrant et insensé de vouloir, sous quelque prétexte que ce soit, compromettre tous ces travaux menés avec amour et civisme par des compétences relevant de plusieurs organismes et instances tant nationaux qu¹étrangers. L¹entrée en lice des élus, des parlementaires, des acteurs associatifs, des médias, des populations... pour s¹opposer énergiquement à la décision de l¹ONE d¹implanter une centrale thermique au milieu de cette aire protégée est, en fait, une bataille écologique afin de préserver nos ressources naturelles et ses retombées positives sur l¹homme et la nature. L¹ONE n¹a qu¹à aller voir ailleurs, il y va de l¹intérêt du pays.