L'ONE s'est déplacé à Agadir pour rencontrer la presse au sujet du projet de la centrale thermique à base de charbon prévu sur le site de Cap Ghir, à une quarantaine de km d'Agadir et pour remettre aux Autorités, comme convenu, les termes de références Selon l'ONE, le site a été choisi après des travaux de prospection à travers trois sites situés au Nord d'Agadir pour l'implantation d'une centrale thermique. Le choix définitif s'est porté finalement sur le site Cap Ghir qui offre les avantages suivants : - Topographie favorable - Disponibilité de terre-pleins en superficie suffisante - Accès facile ( voisinage de la route nationale N°1) situé à 40 Km d'Agadir. Concernant les études d'impact sur l'environnement au sujet de cette centrale. Déplacement intéressant dans la mesure où on a eu officiellement les documents officiels sur le projet, une discussion très riche et instructive avec des cadres de l'ONE. Le grand problème persiste toujours : pour quoi une centrale à charbon au Cap Ghir ? Le moins que l'on puisse dire est que ces avantages ne sont pas uniquement trouvables qu'au Cap Ghir. C'est d'ailleurs le choix du site qui pose le vrai problème de ce projet de centrale thermique. Sur le principe du besoin d'une production d'électricité qui accompagne le développement économique de la Région, on ne peut qu'être d'accord à 100%. Il ne peut y avoir de développement sans électricité, personne ne peut avancer le contraire. Mais la fin , à elle seul, justifie-t-elle l'emplacement qui se trouve dans une zone dédiée au développement touristique. Zone limitrophe de la station Taghazout, de la station Tama Ounza, de la station Aghroud, trois unités de la SONABA, devant accueillir d'ici 2012 plus de 40 000 lits hôteliers et créer de ce fait, 20 000 emplois directs, au mois. Il est à signaler que l'historique du projet de la centrale thermique remonte à 2001. En effet, depuis 2001, l'ONE a entamé différentes études pour l'implantation d'une centrale thermique dans la région d'Agadir afin de s'assurer de la pertinence du choix du site Cap Ghir aussi bien au niveau technique qu'au niveau environnemental. En 2002 deux sites sont retenus : Cap Ghir et Imessouane, ainsi l'ONE a lancé une étude d'impact sur l'environnement comparative (version ONE) pour choisir le site le plus approprié au niveau technique, économique et environnemental. Les résultats de cette étude posent problème car sur quelles bases scientifiques, écologiques et environnementales peut-on conclure que le site du Cap Ghir ne pose pas problème pour la réalisation d'une centrale thermique à charbon, alors qu'il est en cœur du Schéma Directeur d'Aménagement Urbain du Littoral Touristique Nord d'Agadir( SAULTNA), qui constitue une base qui retrace le patrimoine naturel à protéger dans la zone. En 2005, L'ONE confirme la présentation des résultats de cette étude d'impact qui conclut que le site du Cap Ghir se démarque de celui d'Imessouane. L'ONE se lance dans la réalisation des études topographiques et établissement du plan parcellaire du site Cap Ghir après accord de la Wilaya, précise la fiche technique du projet. Incroyable et à la fois incompréhensible. Comment admettre que les Autorités et les élus étaient d'accord sur le projet de la réalisation d'une centrale thermique à charbon dans un site dont ils sont les premiers à savoir l'importance pour le développement touristique, avec un investissement de capitaux étrangers importants, et avec un grande sensibilité écologique, environnementale concrétisée par la bio-diversité particulière de la faune marine, de la flore dans la zone Tamri/ Cap Ghir ? En effet, les deux sites Tamri et Cap Ghir, étaient identifiés en 1995, comme Sites d'Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) au littoral nord d'Agadir. Vu leur proximité géographique, l'existence dans leur environnement d'une zone A de la Réserve de Biosphère Arganeraie (RBA) du Schéma D'Aménagement Urbain du Littoral Touristique Nord d'Agadir, et du Pays d'Accueil Touristique (PAT) d'Immouzer Ida Outanane, la direction régionale des Eaux et forêts (DRFE) Sud Ouest, notamment le Service Provincial Des Eaux et Forêts avaient retenu l'intégration de ces deux sites en un seul SIBE, soit dans une seule aire protégée. Cette décision sage qui cadre vraiment avec la préservation e t la sauvegarde de l'environnement. C'est ainsi que la création de cette aire protégée est inscrite en 2004 dans le plan opération du projet « Assistance à la Gestion des Ressources Naturelles » (AGRN), mené en collaboration entre le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lute contre la désertification et la coopération technique allemande (GTZ). En vue de tous ces éléments solides en faveur de la protection et de la sauvegarde de la biosphère et de l'environnement du site Cap Ghir, comment peut comprendre que l'étude faite par l'ONE puisse retenir un tel projet dans un tel site aussi sensible, dans les effets sur l'environnement, malgré toutes les prouesses technologiques, sont certaines voire néfastes à moyen et long terme sur les zones de pêche, sur l'arganeraie, sur la faune et la flore locale et sur le développement touristique du Littoral Nord d'Agadir, décidé depuis trente ans et qui vient d'être concrétisée dernièrement par le lancement des travaux pour la réalisation de la nouvelle station balnéaire Taghazout ( 18 000 lits avec un coût de 20 milliards de DH). Le projet de la centrale thermique du Cap Ghir, n'est pas un petit projet industriel. Il s'agit de la production de 20% de l'électricité nationale avec une puissance de 1 320 MW. Ce n'est pas rien. Et à base de charbon. Or le charbon n'est ni une ressource propre encore moins une ressource renouvelable. En plus la centrale va être accompagnée d'une infrastructure portuaire ( un terminal charbonnier pour recevoir des bateaux de 100 000 tonnes de charbon), de stockage et de transport de charbon, de cendres et de résidus qui constituent une vraie menace sur l'environnement. L'ONE a beau vouloir être rassurant mais le charbon, c'est le charbon. Malgré la technologie avancée de combustion et de séparation, désulfurisation et autre, le projet veut s'implanter dans une zone de bio-sphère très sensible avec des espèces endémiques, des espèces rares et protégées. Il est certain que les besoins en énergie pour la zone sont énormes et imports. Il est certain que la zone du Grand Sud Marocain allant d'Agadir à Dakhla a besoin de produire de l'électricité pour assurer et accompagner le développement économique et social du pays, mais pas n'importe où ; n'importe comment et ps sur la base d'une énergie polluante . Aucun pays qui oeuvre pour le protection de son environnement ( principalement dans le cadre mondial actuel de lutte contre les effets de réchauffement de la terre) qui oeuvre pour la préservation de sa flore, sa flaure, qui œuvre pour un vrai développement durable et pour une économie propre pour ses populations locales ; qui oeuvre également pour son développement touristique loin des nuisances potentiels et rééls de la pollution, ne peut se permettre de donner son aval pour la réalisation d'une telle centrale thermique, dans un tel site et à base de charbon. Par méconnaissance des vrais enjeux écologiques et économiques du développement durable et par manques des informations nécessaires au sujet de la centrale, les Autorités et les Elus, en 2001, avaient accompagné l'idée du projet de la centrale. Il est grand temps de faire le point, d'une manière responsable dans le sens le plus noble du terme. L'étude d'impact sur l'environnement envisagée par l'ONE et qui sera commandité par le contractant ( la société adjudicatrice du projet), ne résoudra pas grand chose dans la mesure où les termes de références parlent de l'accompagnement du projet, donc de l'après réalisation. Or nous sommes dans une réflexion dont le fondement est la mise en cause du site lui-même, qui pose problème à travers une centrale à base de charbon, par rapport aux éléments cités concernant l'environnement et le développement touristique. L'ONE part déjà du principe que le site est retenu définitivement or tout le monde n'est pas d'accord la dessus, principalement les représentants de la Société Civiles, les opérateurs touristiques, les ONG qui oeuvrent dans la protection de l'environnement et les représentants de la population. Au fil des semaines de mécontentement augmente et la stratégie de contrecarrer l'installation du projet au Cap Ghir, dans sa version actuel, par une sensibilisation générale et une prise de position unanime se précise. La lutte n'a pas encore commencé, mais les moyens de luttes se rassemblent…