Les Enseignants-chercheurs de l'Université Ibn Zohr d'Agadir, ont conclu à l'insuffisante des termes de référence au sujet de l'étude d'impact sur l'environnement, proposée par l'ONE au sujet de son projet de centrale thermique à base de charbon, au Cap Ghir, à quarante Km d'Agadir. La Wilaya et le Conseil Préfectoral d'Agadir Ida Ou Tanane avaient sollicité l' avis scientifique de l'Université sur les termes de référence, afin de les valider. Les élus locaux, régionaux, et les parlementaires se sont consultés suite à l'avis de l'Université et ont décidé de changer de stratégie. Ils rejettent complètement l'implantation du projet de l'ONE à cause de son incompatibilité avec l'environnement touristique et de bio-diversité dans la zone du Cap Ghir et de Tamri. Ils proposent à l'ONE l'alternative d'installer la centrale à Sidi Ifni, site plus approprié, selon leurs investigations sur leur maîtrise de la donne géographique et économique régionale. Le vrai bras de fer va, sûrement, commencer entre les élus, qui sont unanimes, rejoignant de ce fait la population locale et les opérateurs économiques ainsi que les ONG qui oeuvrent pour la préservation de l'Environnement et l'ONE, au sujet de l'incompatibilité du projet avec la zone touristique qui va de Tamri à Agadir. En prenant une position claire, les élus disent clairement à l'ONE qu'ils ne veulent pas de ce projet chez eux, pour les dégâts qu'il va occasionner à court moyen et long terme sur toute la zone et son développement, allant de la pêche, en passant par le tourisme, le préservation de la faune et de la flore locale. Désormais, les élus ne veulent plus jouer le jeu et attendre la validation des termes de référence sur l'E.I.E (Etude d'Impact sur l'Environnement). Ils veulent gagner définitivement la bataille et proposent à l'ONE d'aller implanter son projet de centrale thermique à Sidi Ifni, ville qui est à la recherche d'un grand projet pour sa restructuration et sa valorisation. Il est à rappeler que le site du Cap Ghir, choisi par l'ONE, ne cesse de semer une vraie zizanie au sein de la population locale, dont les inquiétudes se font sentir de plus en plus, lors des discussions de tous les jours. La centrale thermique est devenue, pratiquement le cauchemar de la population. Le choix de l'ONE n'a jamais été justifié, ni scientifiquement, ni techniquement. Un choix arbitraire qui fut rejeté par tous dès que l'information a bien circulé sur l'implantation du projet au Cap Ghir. Le fait d'ailleurs de choisir entre le site d'Imessouane et celui du Cap Ghir, fait de l'ONE la risée de tous ceux qui connaissent la grande importance des deux sites. La zone est bien connue par les populations locales pour son importance en matière de développement touristique, en matière de pêche artisanale et de bio- diversité. C'est d'ailleurs ce que l'avis de l'Université au sujet de l'analyse des termes de référence, met en valeur, dans ses termes : « - Les côtes situées au sud de la zone proposée par le projet, sont prévues pour héberger des investissements (particulièrement touristiques) ; comptent des sites potentiels d'aquaculture dans la région (deux expériences pilotes ont été réalisées à proximité de cette zone). A ce propos, il est à signaler que les termes de référence doivent tenir compte de la situation mais aussi des projets futurs dans la zone. - La zone concernée par le projet fait partie de la Réserve de la Biosphère de l'Arganeraie. Elle est aussi située au voisinage de Sites d'Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE). En effet, deux SIBE sont identifiés dans le secteur, ainsi qu'une zone A (Zone Centrale) de la Réserve de Biosphère Arganier. Le SIBE du Cap Ghir : haut lieu d la botanique pour le Maroc, avec de nombreuses espèces endémiques, flore riche en éléments macaronésiens, écosystèmes à arganier directement en bordure de mer. Le SIBE de Tamri, avec les dernières colonies d'Ibis Chauve (falaises côtières de nidification, site d'alimentation). - Le milieu marin situé en face de la zone prévue pour le projet fait partie du secteur objet du phénomène d'up-welling (remontée d'eaux profondes) responsable de la richesse de ce milieu. De ce fait, les termes de référence doivent insister sur la qualité et les quantités des rejets (gazeux, liquides et solides) en précisant les contaminants susceptibles d'être rejetés ; sur l'étendue de la dispersion et les courants qui l'influencent. Ceci permettrait d'évaluer l'impact aussi bien sur les ressources halieutiques et leurs écosystèmes que sur les zones touristiques avoisinant (eaux de baignade et sédiment). - Les côtes avoisinant la zone prévue par le projet comptent plusieurs villages de pêcheurs et d'activités de pêche artisanales exercées par la population locale… » En plus claire, vu tous ces éléments aussi solides et convaincants les uns que les autres, et bien d'autres encore, L'ONE n'a plus que la perspective de proposer l'implantation du projet hors du Cap Gr. Il saura ainsi être plus responsable et plus logique évitant une confrontation avec les élus, la population les opérateurs économiques, les ONE, les représentants de la Société Civile, qui tous sont disposés énergiquement pour faire le forcing nécessaire sur l'ONE afin qu'il reviennent sur sa décision d'implanter une centrale thermique à base du charbon, dans une zone d'importance économique, sociologique, écologique, maritime et en environnementale de grande importance. L'ONE saura-t-il prendre la décision sage, nationaliste et responsable qu'il faut, pour éviter une confrontation prochaine plus structurée et plus médiatisée. En tout cas il ne peut se permettre d'ignorer les prises de positions des populations locales et de leurs représentants les premiers concernés par l'implantation du projet. Les prochaines semaines nous le diront. Affaire à suivre …