Les villes autonomes de Sebta et Melilla ont enregistré les plus faibles résultats scolaires. Pour le ministre espagnol de l'Education, il n'y a qu'une seule raison : le nombre important de Marocains dans ces deux villes. Jose Ignacio Wert s'est attiré les plus vives critiques après avoir exposé le fond de sa pensée. Détails… «Le problème fondamental de l'échec scolaire est qu'environ la moitié des étudiants ne maitrisent pas la langue castillane». déclarait mardi, le ministre espagnole de l'Education nationale, Jose Ignacio Wert, en réponse à une question posée par le Parti nationaliste basque, rapporte EFE. Il y'a une «avalanche de population, essentiellement marocaine, qui arrive justement à bénéficier de cette éducation obligatoire et gratuite qui leur est fourni», a-t-il poursuivi. Vives critiques Les propos du ministre de l'Education ont choqué plus d'un. Le secrétaire espagnol de l'Education et de l'Université de JSME (Melilla Jeunesse socialiste), Pedro Bueno, a fait connaitre son point de vue. Il considère que le ministre et ses conseillers «n'ont aucune idée de la réalité de la vie» dans la ville de Melilla. «Quelqu'un devrait dire à M.Wert que, tout d'abord, un Marocain n'a pas de droit de jouir de l'éducation publique en Espagne à moins que sa situation ne soit régularisée ou en cours de régularisation et, deuxièmement que la population immigrante marocaine à Melilla est de 8,7%, un chiffre similaire à celui du Pays basque qui a une population marocaine de 8,5%», explique M Bueno. Sur cette base, il estime que «justifier l'échec scolaire par ce chiffre, c'est ignorer la réalité de Melilla». «C'est une chose qu'il y ait des Marocains à Melilla et ç'en est une autre qu'il existe un nombre important de jeunes de religion musulmane et d'origine berbère qui, étant Espagnols, jouissent de l'éducation publique dans notre ville», a-t-il déclaré. La Fédération syndicale de l'éducation accuse le ministre de favoriser la division sociale. D'après la Fédération, les causes de l'échec scolaire à Sebta et Melilla sont liées aux salles de classe surpeuplées, le manque de nouvelles écoles, ainsi qu'au manque d'enseignants. La Fédération espagnole de l'Enseignement, quant à elle, pense qu'il est inadmissible pour le ministre de tenir «des affirmations aussi malheureuses» sans aucune connaissance de la gestion des villes de Sebta et Melilla. Mohamed Ali et Juan Luis Arostegui, porte-paroles de la coalition Caballas (le premier groupe de l'opposition dans l'Assemblée de Sebta) se disent «scandalisés» par les déclarations du ministre et exigent de lui une «rectification immédiate». Ils considèrent que M.Wert fait une confusion entre «les musulmans espagnols et Marocains». «Le ministre déforme la réalité et sape la dignité de toute la communauté de Sebta en général et arabo-musulmane en particulier», s'est indigné Mohamed Ali. Les habitants de la ville aussi se disent exaspérés et considèrent que les déclarations du ministre renforcent «le soupçon permanent sur leurs appartenances religieuses. Les musulmans arabophones de Sebta ne veulent plus avoir à se défendre de l'ignorance et de l'intérêt partisan de certains», ont-ils déclaré. Les politiques aussi sont contre Sur son profil tweeter, le député national de Sebta, Francisco Marquez, ne comprend pas le ministre. «M.Wert a tort. N'a-t-il pas eu le temps de répondre à la réalité éducative de Sebta?», s'interroge-t-il. Pour Johan José Imbroda, président de Melilla, il ne s'agirait ni plus, ni moins, du résultat d'une politique développée au cours des huit dernières années par le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero. En tout cas, il espère rencontrer Jose Ignacio Wert la semaine prochaine pour discuter du domaine de l'éducation à Melilla. Relativiser ? Le gouvernement de Sebta relativise. Mabel Deu, ministre de l'Education de la ville autonome considère que son confrère n'aurait pas été «droit» dans ses propos. Il appelle la communauté à se réjouir de la décision ministérielle d'accorder une attention particulière à l'éducation dans les villes de Sebta et Melilla. Alors que parallèlement, si le bilan est mitigé, le ministère devrait se poser les bonnes questions, étant donné que les deux villes sont aussi sous sa responsabilité.